Mais il semble que le nom d'Octaue que l'on luy a donné ne luy conuient pas trop bien, dautant que la raison double peut aussi bien estre diuisee en dix ou en plusieurs sons comme en huit, & qu'en effet elle est diuisee en 25 chordes ou sons dans le genre Enharmonique, & en 16 dans le Chromatique, comme nous dirons apres : mais l'on respondra peut-estre qu'elle n'a que huit sons au genre Diatonic qui est le naturel & le premier de tous les genres. Ce qui ne demeurera pas sans replique, dautant que ce genre doit auoir neuf sons pour estre parfait.
Quant au Clauier, (qui contient toutes les marches, dont les principales ou diatoniques sont marquees de leurs propres lettres) i'ay osté l'ais de dessus, qui se pose sur la ligne V X, afin que l'on veist le bout des petites pointes de fer qui attachent les marches, dont les Chromatiques ou les Feintes sont beaucoup plus etroites. Or chaque Octaue de l'Epinette a 13. notes, comme l'on void aux 13. qui sont grauees sur l'ais Q R, lequel se leue pour fermer le clauier, & qui appartiennent à la premiere octaue marquee par C sol vt fa : ce qui est si aysé à entendre qu'il n'est pas besoin de nous y arrester : car il suffit d'auoir des yeux pour voir les 12 demy tons esquels cette octaue est diuisée par le moyen des dieses, qui sont entre les notes diatoniques, & qui representent les feintes du clauier.
Cette diminution est signifiee par la lettre d, qui enseïgne que toutes les notes, sur lesquelles il se rencontre, doiuent estre affoiblies & diminuees. Quant aux Octaues qui paroissent entre les quintes, elles sont tousiours iustes. Or les cinq regles d'enhaut contiennent l'accord des marches diatoniques, comme celles d'en bas contiennent l'accord des feintes, c'est à dire des marches Chromatiques. Apres que l'on a accordé la premiere quinte de F à C, l'on accorde le C d'en bas à l'octaue, & de ce C on monte à la quinte en G, duquel on passe au G d'enhaut ; & puis on accorde le D de dessus à la quinte auec le mesme G.
Le coffre, ou l'assemblage du Clauecin est E F G H B D K, & C A I est le lieu sur lequel sont les marches, dont les branches esgales à la branche h k, sont cachées par la piece de deuant, sur laquelle i'ay mis l'estendüe du clauier par les lettres ordinaires de la main harmonique C D E F, &c. qui signifient C fa vt, D sol re, &c. & qui appartiennent aux 29. marches principales, ou Diatoniques, qui sont marquées des nombres 1, 2, 3, &c. Quant aux feintes qui sont entre les grandes marches, & qui seruent pour faire les demy tons, ou les degrez chromatiques, il y en a vingt, dont la premiere est la feinte de c, [p112] c'est pourquoy il est marqué d'vn c auec vne diese, ce qui arriue semblablement aux feintes qui suiuent par exemple à celle de D, de F, &c.
Mais il faut remarquer que i'ay vsé de trois sortes de notes, afin qu'elles monstrent la distinction de chaque degré, & que l'on voye dans vn moment à quel genre chaque note appartient : car toutes celles qui valent vne mesure, & que l'on appelle semibreues, ou blanches sans queuë, appartiennent au genre Diatonic, dont elles constituent les 8. sons.
Ie viens au couuercle E G F D [du manichordion], sur lequel l'on void vne Octaue grauee, laquelle est remplie de tous les degrez Diatoniques, Chromatiques, & Enharmoniques que l'on peut s'imaginer, ou qui peuuent seruir à perfectionner & augmenter l'harmonie, & les gentillesses des instrumens : car chaque ton y est diuisé en quatre dieses, & chaque demy ton en deux.
Il est certain que l'on peut faire vne aussi grande diuersité de Clauiers, comme il y a de differens Systemes, mais ie veux icy me restreindre à la Practique, & monstrer premierement toutes les Consonances iustes qui se peuuent rencontrer sur les clauiers ordinaires, en quoy ils sont imparfaits, & quelles Consonances leur manquent : c'est pourquoy ie fais premierement voir la premiere Octaue du clauier de l'Epinette en sa propre grandeur, d'où l'on iugera facilement quelle est la grandeur de son clauier, qui contient 4. Octaues semblables à celle-cy, laquelle a treze marches, dont les cinq d'enhaut s'appellent Feintes, à raison qu'elles sont entre les degrez Diatoniques, dont la premiere commence par C qui est marqué de 3600.
Il est bien aysé de marquer toutes les Dissonances, puis qu'elles se trouuent en tous les endroits que ie n'ay pas mis. Mais puis qu'il y a tant de touches ou de lettres qui n'ont pas toutes les Consonances, & que la Quarte ou la Quinte, ou l'vne des Tierces & des Sextes manquent si souuent, il est euident que ce Clauier n'est pas assez parfait, & qu'il y faut encore adiouster de nouuelles touches, si l'on veut pratiquer le genre Diatonic en sa perfection : comme il arriuera si l'on vse du Clauier, ou de l'Octaue qui a dix-neuf marches, dont i'ay expliqué l'vsage dans les discours que i'ay fait des trois genres de Musique : c'est pourquoy ie n'en parle pas icy, & l'on peut voir ce que i'en dis dans le Liure des Orgues.
Ie remarqueray seulement que le Clauier ne doit pas estre estimé parfaict iusques à ce que chacune des touches principales, ou chaque lettre Diatonique fasse toutes les Consonances iustes tant en bas qu'en haut. Mais ie le reserue pour le traité des Orgues, d'où l'on le peut icy transporter, si l'on desire auoir vne parfaite Epinette.
Quant à la maniere d'apprendre à toucher l'Epinette, il faut premierement comprendre l'estenduë du clauier, & accoustumer les deux mains à toucher toutes sortes de marches pour faire toutes sortes de sons aussi viste que l'on en peut auoir l'imagination. Et puis il faut apprendre à toucher les accords des deux mains, & à les faire promptement tant contre les marches Diatoniques & naturelles, qui sont ordinairement blanches, que contre les feintes ou Chromatiques qui sont noires. En troisiesme lieu, il faut s'accoustumer aux tremblemens, & à toutes sortes de martelemens, de coulemens, & d'adoucissemens, & à diminuer toutes sortes de suiets & de parties, tantost à 8 crochuës, & à 16, à 32, & à 64 pour la mesure binaire ; & puis à 12, 24, & 48 pour la mesure ternaire. L'on peut encore vser d'autres sortes de mesures, par exemple de la sesquialtere, & de la sesquitierce comme faisoient les anciens ; surquoy il faut remarquer que l'on se trompe, lors que l'on croit que la mesure binaire est en raison double, & la ternaire en raison triple ou sesquialtere, car la binaire est en [p164] raison d'esgalité comme l'vnisson, & la sesquialtere des Practiciens en raison double comme l'Octaue, de sorte que l'on n'vse maintenant que de ces deux especes de mesure.
Le second rang de chordes qui font les demy-tons paroist icy, & est attaché au 2. rang des boutons, de sorte que l'on a 57 chordes dans cette Harpe : mais les 29 du 3. rang, qui sont à l'vnisson des 27 du premier, ne sont pas marquées, d'autant qu'elles sont du costé de la table qui est caché ; de sorte que cette Harpe, que l'on appelle triple, auroit 86 chordes, n'estoient les demy-tons qui se rencontrent dans le Diatonic, qui diminuent le nombre des chordes du second rang, car puis que chaque Octaue a deux demy-tons, & qu'il y a quatre Octaues sur la Harpe, il s'ensuit qu'il faut oster huict chordes du second rang, & par consequent qu'il ne faut que 78 chordes pour monter la Harpe à trois rangs en perfection. L'on pourroit encore adiouster vn 4. rang de chordes à l'vnisson du second, ou à l'Octaue du premier, pour augmenter l'harmonie, mais l'embarras des chordes seroit si grand que les doigts ne pourroient fournir à vne telle multitude, si l'on n'vsoit d'vn ou deux clauiers, comme on fait sur les Clauecins, qui ont trois ou quatre rangs de chordes differentes, que l'on varie en six ou sept manieres pour auoir plusieurs ieux differents, comme i'ay dit cy-dessus. Ceux qui ont ouy Flesle qui touche la Harpe en perfection, ne sçauent s'ils la doiuent preferer au Luth, sur lequel elle a cette prerogatiue, que toutes ses chordes se touchent à vuide, & que son accord peut approcher de plus pres de la iustesse que celuy du Luth ; car quant à l'imperfection que l'on experimente dans le son de ses chordes, qui ne s'esteignant pas assez viste fait souuent des dissonances auec les autres chordes que l'on touche, il est aysé de le faire cesser comme celuy des chordes de l'Epinette, par le moyen des doigts dont on touche les chordes.
Il faut encore remarquer que le Violon est capable de tous les genres & de toutes les especes de Musique, & que l'on peut ioüer l'Enharmonic, & chaque espece de Diatonic, & de Chromatic dessus, parce qu'il n'est borné d'aucunes touches, & qu'il contient toutes les interualles imaginables, qui sont en puissance sur son manche, lequel est semblable à la premiere matiere capable de toutes sortes de formes & de figures, n'y ayant nul point sur la touche [p181] du Violon qui ne fasse vn son particulier : d'où il faut conclure qu'elle contient vne infinité de sons differens, comme la chorde, ou la ligne contient vne infinité de points, & consequemment qu'elle peut estre appellée Harmonie vniuerselle. Or ie veux icy expliquer la maniere d'en ioüer en perfection, afin de ioindre la Pratique à la Theorie, & que ceux qui desirent toucher cet instrument sans l'ayde d'aucun Maistre, puissent faire tout ce qu'il leur plaira dessus ses quatre chordes.
La 3. chorde qui suit la 4, fait le D la re sol à vuide, mais si l'on trouue vn fa par transposition en ce D la re sol, il faut poser le 4. doigt sur la 4. chorde fort pres du lieu où le 3. fait C sol vt fa, au lieu de faire ledit fa sur la 3. à vuide. Or le premier doigt posé sur la 3. chorde fait E mi la, & en le retirant vers le sillet il fait le fa en E mi la par accident entre D la re sol, & E mi la. Le second doigt la fait monter iusques à F vt fa, c'est à dire d'vn demy-ton ; & si on l'auance vers le cheualet, il fait la diese de F. Le troisiesme doigt fait ledit G re sol, que l'on [p182] appelle la Clef, de sorte que nous auons desia fait monter le Violon d'vne Octaue entiere, en faisant tous les tons de la Diatonique, & tous les demytons de la Chromatique, afin que l'on puisse ioüer toutes sortes de Musique tant par nature, que par ♭ mol, & par ♮ quarre. Or si l'on auance ce mesme doigt vers le cheualet, on fera la Diese de G re sol, c'est à dire qu'on la fera monter d'vn demy-ton plus haut que G re sol. Par exemple, s'il y a vn fa en A mi la re, qui se trouue à vuide sur la seconde chorde, il faut mettre le 4. doigt sur la 3, ou auancer la diese du G re sol au lieu du fa d'A mi la re. La seconde chorde touchée à vuide fait A mi la re, & le premier doigt estant posé dessus, fait le ♮ mi, & en le retirant vn peu il fait le B fa. Le second doigt fait le C sol vt fa, & en l'auançant il fait la Diese de C sol vt fa, qui est plus haute d'vn demy-ton que ledit C sol vt fa. Le troisiesme doigt fait D la re sol ; & le 4. doigt, qui se trouue sur la 2. chorde, fait le fa en E mi la par accident, sans qu'il soit besoin de sonner la chanterelle, qui fait le mi dudit E mi la à vuide. Mais le premier doigt posé sur ladite chanterelle fait F vt fa, & en l'auançant vers le cheualet il fait la diese de F vt fa. Le second doigt fait le G re sol, qui est à la Quinziesme de celuy de la 4. chorde à vuide, & en l'auançant il fait la diese qui est entre G & A. Le troisiesme fait l'A mi la re, le quatriesme doigt fait le ♮ mi, estant auancé & esloigné du troisiesme doigt, & en le raprochant il fait le B fa. Si on l'auance plus pres du cheualet que le lieu du ♮ mi, il fait le C sol vt fa, & puis le D la re sol ; de maniere que le Violon à l'estenduë d'vne Dix-neufiesme.
Or ce manche est si aysé à comprendre qu'il faut seulement poser les doigts vne ou deux fois sur les sept touches de chaque chorde, & ioindre l'oreille, &, si l'on peut, la voix aux sons qu'elles feront pour ne les pouuoir oublier ; par exemple la chanterelle fera huit sons, dont le premier sera à vuide en la touchant du seul archet, le second son se fera en posant le premier doigt de la main gauche sur la seconde touche marquée par B, car les sept chordes trauersantes marquées dessouz par les sept nombres 1, 2, 3, &c. bornent la longueur des chordes, quelles accourcissent peu à peu de demy-ton en demy-ton, comme l'on void dans les figures precedentes, & dans ces lignes qui en representent le manche. Il faut suiure de la mesme sorte sur les touches C, D, E, F, G & H, qui fait la Quinte auec la chanterelle à vuide, de la vient qu'elle fait l'Octaue auec la seconde à vuide, & que l'on peut accorder toutes les chordes de la Viole par Octaues, puis que l'H de la plus deliée fait l'Octaue auec celle qui suit, lors qu'elle est touchée à vuide : excepté la troisiesme, à raison que son accord auec la 4. toutes deux à l'ouuert n'est que d'vn demy-ton. Mais si l'on veut accorder la Viole par Vnissons, il faut toucher l'F des plus grosses, & celles qui suiuent vers la chanterelle à vuide. Quant aux dieses qui sont sur quelques touches, elles signifient les demy-tons, & representent les feintes de l'Epinette & de l'Orgue : ce que i'ay voulu adiouster en faueur de ceux qui ayment le concert des Violes. Or si l'on veut apprendre aux enfans à chanter tous les demy-tons de la Viole, l'on peut vser de l'echelle que i'ay expliquée dans la pratique de la Musique, comme ie monstre en l'accommodant icy à l'estenduë du Dessus, & de la Basse de la Viole, ausquelles sert le manche precedent, sur lequel l'Octaue est diuisée en treize sons, c'est pourquoy il faut vser de treize syllabes [p204] ou voix differentes ; ce que ie fais en commençant par le D re, qui marque le premier son de la sixiesme chorde à vuide. [Echelle Harmonique composee des degrez Diatoniques & Chromatiques. D re - x - E mi - F fa - x - G sol - x - A la - B fa - ♮ ni - C sol].
Or il est certain que l'on peut adiouster le ieu des Fifres à l'Orgue, afin de l'enrichir d'vne nouuelle grace, mais il n'est pas possible de suppleer les gentillesses de la bouche, de la langue, & des levres auec les soufflets ordinaires de l'Orgue : i'ay dit Ordinaires, parce que l'on y peut adiouster des ressorts qui seruiront pour donner quelque nouuelle vigueur, ou douceur aux sons. Mais ie parleray plus amplement des Orgues dans vn liure particulier ; cependant les ioüeurs de Fifre & de Fleutes pourront inuenter des moyens pour faire qu'vn seul homme puisse ioüer tout seul de plusieurs instrumens tout à la fois, comme l'on pratique dans la Sicile & ailleurs, où l'on embouche deux ou trois Flustes en mesme temps, qui sont faites de cannes, & dont les sons ont de certains charmes particuliers qui imitent ceux de la voix. Si l'on auoit trauaillé aussi curieusement à perfectionner cet espece d'instrumens comme l'on a fait aux Orgues, l'on auroit peut-estre rencontré la maniere de ioüer quatre ou cinq parties d'vn mesme vent de la bouche : & si l'on vouloit prendre la peine de les percer tellement, que le genre Diatonic estant d'vn costé, comme il est en effet, le Chromatic & l'Enharmonic fussent des deux autres costez, l'on executeroit aysément tout ce que les Grecs ont sceu, auec vn petit morceau de bois : mais ie laisse cette recherche aux Facteurs, aussi bien que la recherche du Diapason necessaire pour les percer iustement, quoy que les precedens monstrent les endroits des trous Diatoniques assez exactement pour en faire d'autres à l'imitation.
Il ny a que le Triton, & la quinte petite ou imparfaite, que l’vsage a laissé en pratique, non par raison puis qu'ils sont de la qualité de ces irrationnaux : mais estans en l’ordre du Monochorde, & de l’eschelle diatonique composés de ses cordes naturelles, la pratique les a tolerés, & comme laissé glisser dans le contre-point, dont l’vn estoit autre-fois suiuy immediatement de l’Exacorde mineur par mouuement contraire, & l’autre du Diton ou tierce majeure : mais maintenant l'vsage les reçoit sans cette estroite obseruance a raison de la consequente.
Il ne me semble pas hors de propos de dire quelque chose du Diatessaron ou quarte, pour l'instruction des jeunes curieux, puis que c'est vn point du temps, & qui peut mettre en doute ceux qui ne sont point versés aux nombres. Je diray donc que cette consonnance à esté grandement estimée dans la musique des anciens, aussi nul ne peut douter quelle ne soit par l’ordre numeraire troisiesme consonnance simple, seconde superparticuliere, en raison s'esquitierce, contenant entre ses extremités les trois interualles mineurs de nostre Diatonique, dont peuuent estre formées toutes les consonnances en la diuision duquel Diatessaron mesme, Pitagore & Ptolomée ont estably & constitué les gonds de la sçience (bien que de diuerse opinion en la construction de leur Monochorde,) parce qu’en cette consonnance se fait la distinction des genres, & que l’antiquité a constitué toute sa Musique par Tetracordes qui sont la mesme quarte. D'auantage elle est par le mesme ordre des nombres au milieu des consonnances simples, en ayant deux dessus soy, & deux dessous.
La Diatonique eslevant sa voix plus vehementement et en plus choisissable proporcion, d'autant qu'elle convient plus à la naturelle prononciacion est demeuree jusques à notre tems et est encores familierement usitee : mais non pas la Chromatique, ni l'Enharmonique : desquelles celle ne se laisse traiter qu'avec tant exquis et dificile artifice, qu'elle semble estre reservee pour les doctes : et cete requiert une tant diligente et laborieuse perspicacité, qu'à peine ha elle esté pratiquee par les plus excellens professeurs de Musique [...]
[différentes espèces de Musique :] L'une est Diatonique, et se poursuit continuellement en un demi ton petit, et deus tons entiers suyvans : la seconde est nommee Chromatique (comme on diroit coloree) et s'eslieve par deus demiz tons inegaus en ses deus premiers intervalles, et au troisieme par un Presquediton ou Demiditon qui sinifie trois demiz tons inegaus : la derniere [...] est Enharmonique (vous pourriez dire de parfette Harmonie) composee en ses deus premiers intervalles, de la moitié d'un demi ton petit, nommee Diese, ou Diachisme ; et au dernier intervalle de son Tetracorde, d'un Diton, c'estadire deus tons.
Mais pour retourner à la diference des intervalles composez, il faut noter que cete diference n'est commune à toutes les Especes de Musique : car en la Diatonique, Presquediton est composé, et non pas en la Chromatique ; le ton est composé en la Chromatique, et non pas en la Diatonique ; En l'Enharmonique, Diton est simple, et non pas en la Diatonique, ni en la Chromatique : d'ou il faut noter que le plus grand intervalle simple, est Diton : et le moindre composé est, Demi ton petit.
Ainsi connoissez vous une autre diference entre les intervalles pour la diversité des Especes de Musique, les uns estans Diatoniques, les autres Chromatiques et les autres Enharmoniques : et ce sufira pour entendre ce mot, si j'ajoute que tout Diasteme peut estre nommé intervalle, et non pas au rebours : car Diasteme est une distance composee de deus ou plusieurs intervalles, et faut que le Diasteme contienne pour le moins entre ses deus extremitez deus intervalles de toute espece que ce soit.
Todas vezes que pues que en vno destos quatro sobredichos Tonos [2,4,5,8], en el demediar del Versete acontece ser la postrera palabra de vna syllaba (llamada diccion monosyllaba) como es en vna destas, tu, te, me, spe, sunt, & siempre la demediacion se quedara suspensa en el penultimo punto, que es el Sol, digo sin baxar al Fa.
Unas rayas usa el ca[n]to llano, y se llaman virgulas. El officio destas es diuidir las partes. Siempre entre diction y diction se pone una, [f126ra] no teniendo consyderacion que sea de pocas, o muchas sylabas. Esta virgula toma co[n]munmente dos espacios: y es muy delgada. Ay otras virgulas grandes, que se pone[n] en fin del ca[n]to: las quales toma[n] todas cinco reglas.
En / la mediacion de los modos vnos son diferentes, y / otros semejantes. Hazen los modos en vna de dos / maneras la mediacion. Vnos la hazen en el punto / penultimo: los quales son primero, segundo, quin / to, sexto y octauo. Entre estos cinco modos vnos / suben al dicho punto, como son segundo, quinto, y / octauo: otros abaxan, que son primero, y sexto. En / todos estos modos subiran o abaxaran en la me / diacion en la sylaba antes de la postrera. Esto entie[n] / do, si la diction fuere de mas de vna sylaba, y si la / dicha sylaba fuere longa, o sobre ella se hiziere el / acento. Porque si la diction fuere de vna sylaba: / sobre ella subiran, aunque no abaxaran. Y si la pe / nultima fuere breue: sobre la antepenultima subi / ran o abaxara[n]. […] Toda diction de vna sylaba que fuere vltima en la / mediacion: sobre ella subiran. En estos dos casos / en el mesmo signo dexaremos, que subimos: y no / [fvjv] abaxaremos al signo del qual salimos para subir. Esta regla en canto concertado de fauordon, o con / trapunto padece exception: porque bolueran con / punto ligado al proprio signo de ado[n]de salieron. / En los otros dos modos que abaxan en la media / cion: por ninguna causa quedara el vltimo punto / baxo: sino, que siempre boluera a su proprio signo. / por donde los psalmos sera[n] cantando. Los otros / tres modos (que son tercero, quarto y septimo) / ay gran dificultad de ponerlos en regla en la me / diacion. Tienen estos tres modos por mediación quatro puntos. Unas vezes han menester quatro / sylabas, y otras vezes mas, y otras menos. Todas / las vezes que la ultima diction fuere griega, he / brea, o de vna sylaba, que tuuiere el acento en la / vltima: con tres sylabas se complira la mediacio[n] / en estos modos. El quarto modo terna quatro sy / labas, si la penultima fuere longa: y si fuere breue, / cinco. Esta mesma regla se guarde en el tercero, y / septimo modos: excepto que por guardar el accen / to algu[n]as vezes son menester seys. En el final (que / es la sequencia) todos tienen seys puntos. A lo / menos para cada vno son menester seys silabas: / y segu[n] vienen breues, se van augmentando hasta / nueue. Para estos finales y para todo lo dicho doy / una regla general. De tal manera auemos de can / tar: que guardemos el acento. En las mediacio / nes y finales de los psalmos nunca se suba sobre sy / laba breue, o vltima: porque sera hazerla longa.
Aduiertan però que a uezes en los Madrigales y obras à lo humano para imitar puntualmente el sentido de la palabra, se diuide la dicción con pausa de Semibreve, de minima ò de otra menor; la qual division (siendo hecha con juyzio haze la obra mas graciosa [Ejemplos de Palestrina, Oracio Vecchi, Juan Nariz Qualquiera pecho duro)
Todas vezes que pues que en vno destos quatro sobredichos Tonos [2,4,5,8], en el demediar del Versete acontece ser la postrera palabra de vna syllaba (llamada diccion monosyllaba) como es en vna destas, tu, te, me, spe, sunt, & siempre la demediacion se quedara suspensa en el penultimo punto, que es el Sol, digo sin baxar al Fa.
Acento. El tono que hemos de dar a cada dicción, levantando la voz, o baxándola; y éste da vida y gracia a las palabras, que sin él ofenderían nuestras orejas y serían m al entendidas y muchas vewes mudarían de sentido […]-Ay tres diferencias de acento: acuto, grave y circunflexo. Los hebreos tienen muchos con los que llaman músicos.
Signos son vnas dicciones, en cuyas silabas se contienen las vozes de cada propiedad ; y admitida la de Natura, para complemento de Bemol y Bequadrado, con solas seys vozes para cantar en ellas, fue necessairo multiplicarlas en los signos. Para el canto llano se inuentaron veinte signos, y se colocaron en las yemas, y coyunturas de la mano izquierda desde la yema del dedo polex hasta la vña del index [...] Los Musicos de canto de organo para dilatar los tiples, y baxos llenaron de vozes todos los signos, y reduzie[n]dolos à siete, los multiplicaron tres vozes por la mano, y hizieron 21.
El Cantor en qualquier Antiphona, Introito, Verso, &c..cante siempre solo, sin echar compas la primera diccion, y si fuere monosylaba, ò muy breue; primera, y segunda. En acabandolas comience à echar compas para proseguir el canto con entonacion segura, y guardarse su modulacion.
Qualquier canto que clausula hiziere en alamire juntame[n]te acabando con ella la diction: tal canto se cantara por y no por bmol; aun que luego baxe a ffaut.
Virgula es una raya que atrauiessa todas las reglas/ o parte dellas: y es en dos difirencias. la una quando atrauiessa todas las reglas: y aquesta siempre se pone en }fin del canto: y se pone doblada., y talmbien se pone en los comienços de los graduales, all[elui]ias e offrendassz en fin de la primera palabra o dicion : y eszto es por señal que aquello ha de començar el cantor solo fasta aquell virgula: e de alli adelante todo el choro.La otra differencia [de virgula] es quando atrauiessa dos o tres reglas no mas: y aquesta siempre se pone en fin de cada dicion.
[EJEMPLO]
Accentus es son e modificaçion de la boz en el canto. Faze se deprimiendo o alçando o modificando. Et assi son tres las speçies del açento e tienen tres señales. Et el agudo se señala con vna virgula ençima torçida en la parte diestra de la diction en esta manera Andreas. Graue desciende de arriba en la parte diestra desta manera dominus. Et circumflexo se faze del agudo e del graue desta manera.
[...] por esto y por ruegos de algu[n]os amigos me determine de poner e[n] reglas breues ciertas y claras, el modo de acce[n]tuar y ca[n]tar las dichas canturias, para q[ue] todos en este arçobipado de Seuilla, se conforme[n] con el buen vso, y costu[m]bre que en esta sancta yglesia se tiene : es de tanta necessidad el accento, que si todo lo que se canta, y lee, no va, adornado con accento, ofende al oydo, y quedan casi muertas las dictiones.
Accento es cierta ley, o regla para tener las sillabas luengas y correr las breues, de qualquiera dicion : assi subiendo, como descindidento, o es regla y melodia de la habla.
Accento graue es abaxar la silaba final, vnas vezes por quinta q[ue] se llama acce[n]to graue [sic] : el qual se hara en fin de cada clausula, antes de la letra capital (no feneciendo en interrogante, ni en diction de vna silaba, ni en no[m]bre propio) y otras vezes se abaxa por tercera, q[ue] se llama Acce[n]o menor, que se hara de la diction que esta antes de la Coma (:) principalmente siguiendose interrogante, no siendo nombre propio o diction de vna silaba [...]
Acce[n]to agudo es, co[n] el q[ua]l la sillaba, o sillabas son eleuadas hazia arriba boluie[n]do a do[n]de saliero[n], q[ue] se llama acce[n]to agudo : esta manera de acce[n]to se hara para come[n]çar maytines : y para la bendicion episcopal [...] Hazerse ha este accento agudo, de la dicion q[ue] esta antes de la Coma y si despues de la co[f38r]ma se siguiere interrogante la tal diction se pronunciara con Accento medio y no agudo.
[...] ay otra manera de acce[n]to agudo q[ue] es boluerse, no a donde salio, sino vn pu[n]to mas baxo que se llama acce[n]to moderado : este acce[n]to se hara de la dictio[n] q[ue] estuuiere antes del Colu[m] (.) cabe la letra capital [f38v] siendo la tal diction de vna silaba, o no[m]bre propio, que se pronunciara con este accento moderado [...]
Reflexion es descendir tres puntos : y tornarse luego a donde salio, harase al p[ri]ncipio de la clausula, despues de vna dictio[n] o de dos de pocas sillabas que estuuieren antres de la Coma (:) [...] La reflexion diffiere del accento medio, en que despues de auer descendido, la tercera se torna a donde salio: y el accento medio, assi mismo se torna adonde salio.Pero otras vezes se torna, no adonde salio, sino vn punto mas baxo, y es quando se le sigue interrogante.
L'on peut se servir des Sons de chaque instrument de Musique, & des differens mouuemens que l'on leur donne pour discourir de toutes sortes de suiets, & pour enseigner & apprendre les sciences. Cette proposition est excellente, car elle enseigne la maniere de discourir de toutes choses en ioüant des instrumens, encore que celuy qui les touche, ou qui en oyt ioüer soit muet, car l'on peut discourir auec vn autre en ioüant de l'Orgue, de la Trompette, de la Viole, de la Fleute, du Luth & des autres instrumens, sans que nul puisse entendre le discours, que celuy qui sçait le secret, ce qui se peut pratiquer en plusieurs manieres. En premier lieu si le ioüeur d'instrumens, & l'auditeur se seruent d'vne tablature qui contienne toutes les lettres de l'alphabet : car chaque Son exprimera chaque lettre ; par exemple, les trois notes, ou les trois voix qui se treuuent dans G, re, sol, vt, pourront seruir pour ces trois lettres R, S, V, &c. & l'auditeur ayant son Luth, ou sa tablature deuant les yeux verra clairement les dictions que formera le ioüeur auec les Sons de son instrument, auquel il pourra respondre en ioüant d'vn autre instrument.
C'est pourquoy il arriue souuent que les airs ne peuuent estre si bien retenus quand ils sont chantez sans sujet, que quand ils ont vne lettre, ou vn sujet, parce que les syllabes des dictions nous font ressouuenir des sons qu'il faut éleuer, ou baisser & des temps qu'il faut faire longs ou briefs. A quoy l'on peut ajoûter que les refreins & les reperises des airs se font plus sensiblement & plus agreablement reconnoistre sur vne lettre, laquelle sert beaucoup pour les faire estimer & agreer.
Surquoy il est bon d'auertir les Maistres de Chœur qui composent les motets, & les autres pieces de Musique, dont la lettre est latine, que tout ce qu'ils feront chanter aura beaucoup plus de grace s'ils obseruent les syllabes longues & briefues, d'autant qu'ils rencontreront quasi toutes sortes de vers sans les chercher, dont Ephestion & les autres ont vsé : quoy qu'ils ne soient pas tellement obligez à faire toutes les longues & les brefues, qu'ils ne s'en puissent dispenser, comme ils font en allongeant la premiere syllabe briefue de chaque diction, en imitant la prononciation de la Prose, par exemple, on allonge la premiere syllabe de Dominus, & de Deus, &c.. Or ceux qui entendent le Latin receuront vn singulier plaisir à la lecture des six liures que sainct Augustin a fait de la Musique, & verront l'estat qu'il fait des mouuemens Rythmiques, comme il les trouue, & les remarque en toutes les choses du monde, & comme il esleue l'esprit à Dieu par leur moyen ; c'est ce que ie desire semblablement que facent ceux qui liront ces liures des Chants, afin qu'il n'y ayt nulle recreation, d'où l'on ne tire du secours pour porter la volonté à son deuoir, qui consiste particulierement à adorer les Decrets eternels de la Diuine maiesté. Ceux qui voudront apprendre les regles particulieres qui seruent à faire des airs, & des chants propres pour esleuer l'esprit à Dieu, les trouueront dans les liures de la Composition & de l'art, ou de la Methode de bien chanter. F I N.
Car l'on void les interualles, qui sont entre chaque note, ou diction, & consequemment les touches, qui font les Consonances, ou les Dissonances dans leur iustesse : ce que i'explique encore dans la table qui suit, & qui commence par le C sol vt fa d'en bas. [C sol vt fa, Semiton mineur, ♮ mi, demiton moyen, B fa, demiton maieur, A mi la re, demiton mineur, x a, diese, x g, demiton mineur, G re sol vt, demiton moyen, x g, diese, x f, demiton mineur, F vt fa, demiton maieur, E mi la, demiton mineur, x e, diese, x d, demiton mineur, D la re sol, demiton moyen, x d, diese, x c, demiton mineur, C sol vt fa].
Quant à l'archet [de la Viole], ie l'ay desia expliqué dans le traité du Violon, mais cettuy cy est trop long, car sa longueur ne doit pas estre plus grande que depuis le cheualet iusques à la teste du manche, quoy qu'il importe fort peu qu'il soit plus long ou plus court ; pourueu qu'il soit propre à toucher les chordes comme il faut pour en tirer l'harmonie & les charmes, dont la Viole est capable lors qu'elle est touchée d'vne sçauante main. Quant aux notes qui sont à costé, elles monstrent l'accord de la Viole touchée à vuide, lequel a premierement deux Quartes, & puis vne Tierce maieure, & finalement deux autres Quartes ; de sorte que la Tierce est enfermée par quatre Quartes, ce qui fait paroistre le prix que l'on fait de cette Consonance, & la necessité de son vsage ; car encore que l'on puisse accorder la Viole en plusieurs autres manieres, neantmoins l'vsage & la pratique monstrent que cet accord est le meilleur, ou le plus commode & le plus aysé de tous. Les nombres qui sont à costé des cheuilles & que ie repete icy, monstrent les termes radicaux de cet accord, c'est à dire les moindres nombres, dont il peut estre exprimé sans vser de fractions : i'adiouste encore les dictions & les lettres de la Gamme ordinaire, afin que tous puissent entendre cet accord, qui a l'estenduë d'vne Quinziesme, comme l'on void de D à D, ou de 320 à 88. Or il faut remarquer que les chordes vont tousiours en augmentant de grosseur depuis la chanterelle BH iusques à la sixiesme BD (encore que ces grosseurs ne soient pas obseruées dans cette figure) & que l'on tient ordinairement l'archet vis à vis de B, quoy que cela soit indifferent. [D la re sol - Quarte - G re sol vt - Quarte - C sol vt fa - Tierce - E mi la - Quarte - A mi la re - Quarte - D la re sol].
Ie ne veux pas obmettre la methode dont on vse pour apprendre aux enfans à toucher la Viole, & à cognoistre son manche apres auoir remarqué qu'elle a six chordes & sept touches, & que l'on accorde le Dessus, la Taille & la Basse les vnes comme les autres, ce qui se fait à vuide & à l'ouuert en cette maniere. L'on monte la chanterelle à la Quarte de la seconde, & la seconde à la Quarte de la 3, comme la 4 à la Quarte de la 5, & la 5 à la Quarte de la sixiesme qui sert de Bourdon, mais on met la 3 à la Tierce maieure de la 4 : & si l'on touche le c du manche, elle se trouue à la Quarte, comme les autres à la Quinte. Quant à la Haute-contre, son accord est seulement different de celuy des autres parties, en ce que la 3 & 4 chorde font la Quarte à l'ouuert, & que la 4 & la 5 font la Tierce maieure à vuide, ou la Quinte, lors qu'on touche le d de la 4. Or l'on a coustume d'accorder les quatre parties de la Viole considerées ensemble, sur l'A mi la re, qui se prend sur la seconde chorde tant du Dessus que de la Basse, sur laquelle l'on regle ordinairement toutes les Violes, parce qu'elle sert de fondement à toute la Musique : mais l'a la mi re [p203] du Dessus est à l'Octaue de celuy de la Basse. Cecy estant posé, i'explique le manche de la Viole, dont les six chordes sont representées par les six lignes qui vont de droit à gauche, dont chacune respond aux notes ou syllabes des six dictions qui sont au commencement vis à vis de chaque chorde, lors qu'elle est touchée à vuide : ce qui est signifié par A, d'autant que dans la tablature des lettres on marque le son de chaque chorde à vuide par la lettre a, comme nous auons dit dans le second Liure en traitant du Luth, auquel on peut appliquer ce que nous disons icy du manche de la Viole, parce que son manche & son accord ordinaire sont entierement semblables à celuy de la Viole, comme i'ay desia dit ailleurs. [Manche de la Viole. - D la re sol - b, mol - e, mi la - f, fa vt - g, re sol - a, mi la re - b, fa - ♮ mi - c, sol vt fa].
Regla como se deve ordenar el contrapunto llano. Deuemos saber que son doze especias de contrapunto. Conuiene a saber.Unisonus.Tercera. Quinta. Sexta. Octaua.Dezena. Dozena. Trezena. Quinta dizetena.dizenouena.Veytena [sic]. Destas [p156] doze consonancias las quatro son simples las ocho conpuestas porque segund pitagoras pone el uno invento mas de quatro.que son vnisonus.Tercera.Quinta. Sexta . Asi lo reza el boecio en el primero libro en el dezeno capitulo de las proporciones las otras son conpuestas en la forma que se sigue. del Unisonus. La octaua. De la tercera la dezena. De la quinta. La dozena. De la sexta la trezena [...] Destas doze consonancias.son perfectas las seys. Y las seys inperfectas. Las perfectas son unisonus.Quinta.octaua.Dozena. Quinzena. Dezinovena. Las [p157] seys imperfectas son.Tercera.sexta. Dezena.Trezena dizesetena.Veintena.
Despues de entender y saber el contrapuncto lla / no que se demuestra de vn sonido a otro ygual / mente con el canto llano de todos los modos: se / ha de ente[n]der y saber contrapuncto diminuto: el / q[ua]l es de mistio[n] de figuras diminutas y semibreues: y esto en / tres maneras. La primera co[n]struyendo el canto llano de / semibreues: el contrapu[n]cto a vn semibreue puede dar dos / sonidos o tres o quatro o mas: los quales se daran con se / mibreues sincopados: y con minimas sueltas: o tenie[n]do al / gun punto que haga sincopa: y con semiminimas: formando / interuallos de consonancias: y disonancias: las quales se / forman vnas entre otras subiendo o descendiendo derecha / me[n]te el co[n]trapu[n]cto: y en clausulas. y es de saber q[ue] las diso / na[n]cias segunda. quarta mayor. septima. nouena. onzena. ca / torzena. deziochena. veintena: se han de formar despues de / dado el golpe del compas. y en las clausulas despues del / golpe: y en el golpe de otro por q[ua]l es de saber q[ue] dos figu / ras antes del final ha de ser septima: fenesciendo sobre el / canto llano en octaua: o segu[n]da fenesciendo e[n] vnison[us].
Es de notar, que assi como en qualquier consonancia el tenor no puede estar quarta del co[n]trabaxo, por qua[n]to es falso fundamento, assi ta[m]poco ninguna de las otras vozes q[ue] son contraalto y tiple puede estar onzena, ni deziochena del co[n]trabaxo, excepto en clausula o en acometimiento dellas […].
Regla como se deve ordenar el contrapunto llano. Deuemos saber que son doze especias de contrapunto. Conuiene a saber.Unisonus.Tercera. Quinta. Sexta. Octaua.Dezena. Dozena. Trezena. Quinta dizetena.dizenouena.Veytena [sic]. Destas [p156] doze consonancias las quatro son simples las ocho conpuestas porque segund pitagoras pone el uno invento mas de quatro.que son vnisonus.Tercera.Quinta. Sexta . Asi lo reza el boecio en el primero libro en el dezeno capitulo de las proporciones las otras son conpuestas en la forma que se sigue. del Unisonus. La octaua. De la tercera la dezena. De la quinta. La dozena. De la sexta la trezena [...] Destas doze consonancias.son perfectas las seys. Y las seys inperfectas. Las perfectas son unisonus.Quinta.octaua.Dozena. Quinzena. Dezinovena. Las [p157] seys imperfectas son.Tercera.sexta. Dezena.Trezena dizesetena.Veintena.
Para orden y formacion de interuallos / necessarios en co[n]trapu[n]cto principaleme[n] / te sobre el canto llano o abaxo del des / pues de vnisonus que es dar dos soni / dos juntamente en vn signo: es de con / siderar que a un sonido graue se puede / dar otro agudo: que formen consonan / cia perfecta o imperfecta. Por lo qual es de saber que de / gamaut vnisonus simple bfa primera diuision o bmi es / tercera consonancia imperfecta y dsolre quinta: conso / nancia perfecta. Y elami sexta: consonancia imperfecta. / Las quales consonancias son interuallos simples: de los / quales se componen otros en mas alto. Assi como gsol / reut agudo vnisonus compuesto: el qual es octaua: conso / nancia perfecta: compuesta de vnisonus simple y bfa o / bmi dezena: consona[n]cia imperfecta: compuesta de tercera. / y dlasolre dozena: consonancia perfecta: compuesta de / quinta perfecta. Y elami trezena: consonancia imperfec / ta: compuesta de sexta. Las quales consonancias son in / teruallos compuestos: de los quales se componen otros / en mas alto: Assi como gsolreut sobre agudo vnisonus de / compuesto: el qual es quinzena: consonancia perfecta: / compuesta de octaua perfecta y bfa o bmi dezisetena: / consonancia imperfecta: compuesta de dezena y dlasol / dezinouena: consonancia perfecta: compuesta de dozena / perfecta y ela veintena: consonancia imperfecta: compu / esta de trezena. Las quales consonancias son interuallos / decompuestos: de los quales se componen otros en mas / alto: que seran interuallos sobre decompuestos. Assi co / mo gsolreut acutissimo vnisonus sobre de compuesto: el / [fol 13v] qual es veinte dosena [sic]: consonancia perfecta: compuesta de / quinzena perfecta. y assi en infinito. Y assi mesmo de are / vnisonus simple: cfaut es terçera y elami quinta y ffaut / sexta y alamire octaua: vnisonus co[m]puesto. y asi de sus se / mejantes: como auemos dicho de gamaut: hasta acabar / toda la mano. y assi mesmo de bfa primera diuision o de / bmi vnisonus simples: dsolre es tercera y ffaut quinta: / de bfa consonancia: y de bmi disonancia y gsolreut / sexta y bfa de bfa octaua y bmi de bmi octaua: / vnisonus compuestos. y assi de sus semejantes: como / auemos dicho de gamaut y assi mesmo de cfaut vniso / nus simple: elami es tercera y gsolreut quinta y a / lamire sexta y csolfaut octaua: vnisonus compuesto. y / assi de sus semejantes: como auemos dicho de gamaut. / y assi mesmo de dsolre: y de todos los otros signos: por / simples y compuestos y de compuestos: hasta acabar to / da la mano. y todo aquello que se hiziere sobre el canto / llano para el extremo alto se hara en baxo del para el ex / tremo baxo.
En la primera conclusion de contra / puncto la formacion de interual / los es a vna boz del canto llano dar / otra de contrapuncto: o dos o tres / o quatro o mas: segun orden y for / macion que en los exemplos se de / muestra: assi como a vna voz del / canto llano dar otra ygual en el pro / pio sonido: que es vnisonus: o dar tercera o quinta o sex / ta: las quales son simples porque no tiene[n] similitud. y es / tas: dandose en mas alto forman con el canto llano octa / ua y dezena y dozena y trezena: las quales son compues / tas semejantes a las simples: y dandose en mas alto for / man con el canto llano quinzena y dezisetena y dezi no / uena y veyntena: las quales son de compuestas: seme / jantes a las simples: y a las compuestas. Y dandose e[n] / mas alto seran sobre decompuestas: semejantes a todas / las sobredichas. y son las vnas consonancias perfectas: / y las otras imperfectas: para que se distinga el contra / puncto del canto llano. Y assignanse en la mano por to / dos los signos para mas recto y abundante contrapunc / to: y para mas presta la memoria y el ojo sobre el canto / llano: assi para el extremo alto: como pa[ra] el extremo baxo.
Todas las vezes que yo vuiere de dar vnisonus, o alguna de sus compuestas: no verne de tercera mayor, que es perfecta: sino de la menor que se dize imperfecta. Mas cercana esta la tercera menor de vnisonus, que la mayor. Luego si en el canto estuuiere puntada vna tercera mayor, viniendo a vnisonus: no la hare cantando, o tañendo. Comunmente quan [fxxxv] do viene esta tercera mayor y ha de ser menor se remedia en la boz baxa poniendo el tal punto en la tecla negra, que esta arriba del signo donde esta puntado. Este mesmo juycio sea auido, viniendo a octaua de dezena, y a qu[in]zena de diez y septena.
Algunas vezes acontece que las obras fenescen en dezena o en su compuesta, que es dezisetena, quando qualquiera destas dos consonancies se dieren desde Desolre, o elami, o alamire, para arriba, o desde qualquiera de sus octauas necessariamente el Tiple a de fenescer en tecla negra sostenida.
Porque las dos Musicas mundana y humana son naturales, cuyos discursos pertenecen à los especulativos Philosophos, y no à los praticos Musicos, las dexaremos à parte, y diremos solamente de la tercera Musica, q[ue] es la instrumental. Haueys visto pues en el Cap. 2 passado, que esta música instrumental otra cosa no es, que vna harmonia causada con ayuda de instrumentos. Y porque ay instrumentos artificiales, y otra naturales; y vna harmonia que se perficiona con instrumentos artificiales, y otra con naturales; à la primera llamaron los Philosophos Musica Organica; y à la segunda, Musica harmonica. La Musica instrumental Organica, es la que pertenece à instrumentos artificiales ò es vna sciencia que perficiona la Musica con instrumento, con mano, y con ayre; diziendo Celio: Musica Organica est, quae ad instrumenta artificialia expectat: vel est peritia concentum, pulsu, manu, statu perficiens. Pero à differencia, porque la que se perfecciona con instrumentos de ayre, como es la flauta, dulçayna, corneta, sacabuche, cherremías y Organo, &c. propriamente se llama Musica instrumental organica: à differencia de la que se perfecciona con instrumentos de toque, como es la vihuela, quitarra, laud, y harpa, &c. que se llama propiamente Musica instrumental rithmica: aunque Zarlino à la vna y á la otra llama indifferentement llama Musica artificiada; que suena, hecha con arte. Mas la Musica instrumental harmonica, es la que pertenesce à instrumentos naturales, ya son estos: pulmon, garganta, paladar, lengua, quatro dientes (que son los grandes que están en el medio) y dos labios.[...Cita de Roseto...]. Y assi el Cantor que estuuiere falto ò defectuoso en vno de aquestos instrumentos, jamas podrá cantar claro, y con satisfaccion del oído. Y esta Musica es de dos maneras, inspectiua y actiua; que por otro nombre se dizen theorica y pratica.
Il est tres-aisé de prouuer ceste Proposition, car si l'on suit les sons de l'Instrument, ou du systeme parfait, & particulierement ceux de l'Orgue, qui contient les trois genres de Musique, l'on chantera tous les interualles de la Chromatique & de l'Enarmonique ; & lors que l'on aura accoustumé la voix à ces interualles, elles les chantera aussi aisément que ceux de la Diatonique. Il faut dire la mesme chose des interualles qui sont dans les especes des trois genres ; car il n'y a point d'interualles ausquels la voix humaine ne puisse s'accommoder, pourueu qu'ils ne passent pas sa portée & son estenduë. Et si les Practiciens prennent la peine d'instruire quelques enfans auec l'Orgue diuisé en ces interualles, ils auront le contentement de faire chanter l'Enharmonique. L'on peut aussi contraindre les Chantres de faire lesdits interualles, pourueu qu'ils veüillent chanter ce qu'ils sçauent ; car si l'on prend le mesme chant plus haut ou plus bas qu'eux d'vne diese Enharmonique, l'on entendra tousiours ceste diese.
Et finalement s'il [le praticien] passe du demi-ton mineur au majeur, il fera la diese Enharmonique : Or l'on peut encore prouuer que la voix est capable de tous ces interualles par l'experience que l'on fait dans les chants des Eglises, & dans les Concerts, dans lesquels les voix montent ou descendent peu à peu, comme l'on apperçoit à la fin, où elles se trouuent souuent plus hautes, ou plus basses d'vn demi-ton, auquel elles ne sont pas arriuées tout d'vn coup, mais insensiblement ; de sorte que si elles ont baissé à chaque mesure, l'on peut dire qu'elles ont diuisé le demi-ton, ou l'interualle, par lequel elles sont descenduës ou montees par autant de parties qu'il y a de mesures.
Ie laisse plusieurs autres choses, dont la consideration est remarquable, par exemple pourquoy la quinziesme & la vingt-quatriesme partie d'vn mouuement est plus propre pour les chants tristes, que la huictiesme, ou [p175] neufiesme partie, car l'on n'adiouste qu'vne quinziesme partie de mouuement pour faire le demiton maieur, & vne 24. pour faire le mineur, qui sont propres pour representer la tristesse ; au lieu que l'on adiouste 1/8 pour le ton maieur, & 1/9 pour le ton mineur dont l'on vse pour les Chants gays. Or il faut remarquer que le Chant est d'autant plus triste qu'il a dauantage de demitons qui se suiuent, & consequemment que la Chromatique est propre pour chanter les airs tristes, & la Diatonique pour chanter les gays ; & qu'il est tres-difficile de sçauoir si le demiton mineur est plus triste que le demiton maieur, & de combien il est plus propre pour exprimer la tristesse : ce que l'on peut semblablement dire de la diese Enharmonique.
PROPOSITION XIII [XI]. Expliquer les nouueaux instrumens à chordes, & l'accord de la Lyre dont on vse en Italie. Il est certain que l'on peut tousiours adiouster de nouuelles inuentions aux instrumens, & que les siecles à venir en pourront auoir qui ne sont pas encore tombez en l'imagination des Facteurs : par exemple, on peut faire des Clauecins qui auront tous les tons diuisez en quatre parties, pour faire les dieses Enharmoniques par tout, suiuant le Systeme que i'explique dans le liure des Genres : de sorte que le mesme clauier seruira pour autant de tuyaux d'Orgue, qui feront vne Fluste douce, & qui accompagneront chaque chorde. Et l'on m'a escrit de Rome que le sieur Iean Baptiste de Bonis de Cortone, ville de Toscane, en fait d'excellens, qui ont toutes les touches brisées ou [p216] coupées, & que l'on accorde auec vne admirable facilité en toutes sortes de manieres que l'on peut s'imaginer. L'on m'a aussi aduerty que la Harpe à trois rangs a esté inuentée il y a trente ou quarante ans par le sieur Luc Anthoine Eustache Gentil-homme Neapolitain, & Chambrier du Pape Paul V : & que le sieur Horace Michi a mis cet instrument à sa perfection, dont il ioüe tres-excellemment […]
Et l'on peut dire que ce qui sort d'air par ces trous, & que ce qui reste du corps du Flageollet depuis le quatriesme trou iusques à B, fait baisser le ton d'vne Quarte. D'ailleurs, si la distance des trous suiuoient la proportion de leurs tons, il faudroit que le quatriesme trou fust seulement plus esloigné d'vne huictiesme partie de la lumiere que le 5, & neantmoins il est esloigné d'vne quatriesme partie dauantage, quoy qu'il ne fasse descendre le Flageollet que d'vn ton. Il faut dire la mesme chose du troisiesme trou au regard du quatriesme. Quant au 3, 2 & 1, ils sont vn peu mieux reglez. Or il faut aduoüer que la seule experience peut donner le Diapason des Flageollets, puis que l'on ne void nulle raison pour laquelle le cinquiesme trou doiue estre plus esloigné du 4, & le 4 du 5 pour faire leurs 2 tons, que le 3 trou du 2, & le second du premier : quoy que ie ne doute nullement qu'il n'y ayt quelque raison de cette differente distance de trous, soit qu'on la prenne de la part du vent, qui est differemment inspiré, ou de la fabrique du Flageollet & des autres instrumens, ausquels il arriue la mesme chose : mais ie laisse cette recherche à ceux qui voudront & qui pourront passer plus auant, d'autant qu'il suffit d'auoir remarqué la iuste distance, & la vraye disposition des trous dans les deux figures precedentes, pour seruir de modelle à ceux qui voudront faire des Flageollets de toutes sortes de grandeurs, esquels il faut à peu pres obseruer la mesme proportion. C'est pourquoy ie viens à la maniere d'en sonner, qui consiste particulierement à pousser le vent comme il faut, & à boucher & ouurir les trous suiuant la tablature. Ie dis donc premierement qu'il faut tellement boucher les trous, que le vent n'en puisse sortir, afin de faire les tons iustes, & qu'il les faut seulement boucher à demy, lors que l'on veut faire les feintes, ou les demy-tons qui appartiennent à la Chromatique, car l'on peut faire vingt-huict demy-tons tout de suitte sur le Flageollet pour sonner toutes sortes de pieces chromatiques ; & s'il se rencontre des hommes [p235] qui puissent tellement boucher les trous qui fassent des quarts de ton pour les dieses Enharmoniques, ils pourront vser de ce genre sur cet instrument. Mais apres que l'on sçait faire tous les tons, il faut s'accoustumer à la vistesse & à la mesure, afin de faire toutes sortes de passages & de diminutions, & d'vser de toutes les douceurs & les mignardises, dont le Flageollet est capable ; ce qui ne se peut faire sans la vistesse des doigts, qui doiuent boucher & deboucher six ou huict fois les mesmes trous dans le temps d'vne mesure pour imiter les diminutions de la gorge, de la Viole, des Luths & des autres instrumens.
[…] el genero / diatonico procedia por tres interualos, vno de se / mitono menor, y los dos de tono: para entender q[ue] / los tonos auian de ser incompuestos. Los que este / texto glosan: dicen, que los dos tonos tienen dos / interualos: luego son incompuestos. Si se com / pusieran de semitonos, quatro interualos tuuie / ran: y si de dieses, fueran nueue: y si de commas, / fueran (segun la computacio[n] vulgar) diez y ocho. / Diciendo pues este genero proceder por tres in / terualos vno de semitono y los dos de tonos: que / da aueriguado que los tonos ha[n] de ser incompu / estos.
Et combien que les clefs [...], en leur constitution ordinaire, soient disposées et distinguées par lignes [p11] & espaces esgales, si est-ce que les voix y conduites sont differentes & inesgales : par-ce que du mi au fa, il n'y a que demy ton, encor que l'espace soit esgal à celuy du re au mi, où il y a vn ton. Qui est cause, que des sept clefs susdictes, encores qu'elles contiennent sept voix differentes [...] il n'en reuient toutesfois, pour la matiere du diapason, que cinq tons, & deux demy tons petits, lesquels ne peuuent accomplir vn ton, ayant moins d'vn comma. Car le ton est diuisé en deux demy tons, l'vn petit, et l'autre grand. Le petit demy ton s'appelle diese, ou diacisme : le grand demy ton s'appelle apotome, & ce en quoy le grand excede le petit s'appelle coma.
Il est tres-aisé de prouuer ceste Proposition, car si l'on suit les sons de l'Instrument, ou du systeme parfait, & particulierement ceux de l'Orgue, qui contient les trois genres de Musique, l'on chantera tous les interualles de la Chromatique & de l'Enarmonique ; & lors que l'on aura accoustumé la voix à ces interualles, elles les chantera aussi aisément que ceux de la Diatonique. Il faut dire la mesme chose des interualles qui sont dans les especes des trois genres ; car il n'y a point d'interualles ausquels la voix humaine ne puisse s'accommoder, pourueu qu'ils ne passent pas sa portée & son estenduë. Et si les Practiciens prennent la peine d'instruire quelques enfans auec l'Orgue diuisé en ces interualles, ils auront le contentement de faire chanter l'Enharmonique. L'on peut aussi contraindre les Chantres de faire lesdits interualles, pourueu qu'ils veüillent chanter ce qu'ils sçauent ; car si l'on prend le mesme chant plus haut ou plus bas qu'eux d'vne diese Enharmonique, l'on entendra tousiours ceste diese.
Et finalement s'il [le praticien] passe du demi-ton mineur au majeur, il fera la diese Enharmonique : Or l'on peut encore prouuer que la voix est capable de tous ces interualles par l'experience que l'on fait dans les chants des Eglises, & dans les Concerts, dans lesquels les voix montent ou descendent peu à peu, comme l'on apperçoit à la fin, où elles se trouuent souuent plus hautes, ou plus basses d'vn demi-ton, auquel elles ne sont pas arriuées tout d'vn coup, mais insensiblement ; de sorte que si elles ont baissé à chaque mesure, l'on peut dire qu'elles ont diuisé le demi-ton, ou l'interualle, par lequel elles sont descenduës ou montees par autant de parties qu'il y a de mesures.
Or ceux qui apprendront la Musique en ceste maniere [en utilisant l'orgue pour apprendre à chanter], feront les interualles plus iustes que ceux qui ont appris des Maistres, pourueu que le clauier & les tuyaux soient disposez comme ceux que i'ay expliquez au traité de l'Orgue, dans lequel les tons & les demitons majeurs & mineurs, les dieses, & toutes les consonances sont dans leur iustesse & dans leur perfection ; & consequemment celuy qui aura appris à chanter sans Maistre enseignera mieux à entonner iuste que nul autre. Mais il ne pourra pas donner la grace aux chants & aux passages qui dépendent des roulemens de gorge, & des autres delicatesses & tremblemens dont on vse maintenant pour porter la voix du graue à l'aigu, & de l'aigu au graue ; c'est pourquoy s'il veut perfectionner sa voix, il a besoin de Maistre, à raison que les Instrumens ne peuuent enseigner de certains charmes que l'on inuente tous les iours pour embellir les chants, & pour enrichir les Concerts. Il y a vne autre maniere d'apprendre qui est plus Philosophique, mais elle est plus difficile, car elle consiste à faire trembler l'air qui sort de l'ouuerture du larynx autant de fois que la chorde qui fait le son que l'on veut imiter, & que l'on fait sans le sçauoir lors que l'on chante à l'vnisson d'vn autre son, & lors que l'on le fera par science l'on chantera plus raisonnablement.
Quatriesmement, i'ay dit naturels, ou artificiels [dans le titre de cette proposition], dautant que nous appellons les interualles naturels, qui sont faits par tout le monde, c'est à dire aussi bien par le Berger qui est au bois, ou à la campagne, comme par les Musiciens, tels que sont les interualles de la Diatonique : mais les artificiels ont esté inuentez par les Musiciens pour embellir leur art, & pour enrichir leurs chants, comme sont le demiton mineur, la diese, &c. qui ne se pratiquent point hors de la Musique, si ce n'est par hazard.
Il faut donc considerer la nature des airs tristes, qui consiste en plusieurs choses : car la voix des airs tristes represente la langueur & la tristesse, par sa continuation, par sa foiblesse & par ses tremblemens : & les demitons & dieses representent les pleurs & les gemissemens à raison de leurs petits interualles qui signifient la foiblesse : car les petits interualles qui se font en montant ou descendant, sont semblables aux enfans, aux vieillards & à ceux qui reuiennent d'vne longue maladie, qui ne peuuent cheminer à grand pas, & qui font peu de chemin en beaucoup de temps ; par exemple lors que l'on fait le demiton maieur en montant, l'on fait vn mouuement qui ne monte que de la quinziesme partie de la voix precedente, & quand l'on monte d'vn demiton mineur, l'on n'aduance son chemin que d'vne vingt-quatriesme partie du son qui precede.
Ie laisse plusieurs autres choses, dont la consideration est remarquable, par exemple pourquoy la quinziesme & la vingt-quatriesme partie d'vn mouuement est plus propre pour les chants tristes, que la huictiesme, ou [p175] neufiesme partie, car l'on n'adiouste qu'vne quinziesme partie de mouuement pour faire le demiton maieur, & vne 24. pour faire le mineur, qui sont propres pour representer la tristesse ; au lieu que l'on adiouste 1/8 pour le ton maieur, & 1/9 pour le ton mineur dont l'on vse pour les Chants gays. Or il faut remarquer que le Chant est d'autant plus triste qu'il a dauantage de demitons qui se suiuent, & consequemment que la Chromatique est propre pour chanter les airs tristes, & la Diatonique pour chanter les gays ; & qu'il est tres-difficile de sçauoir si le demiton mineur est plus triste que le demiton maieur, & de combien il est plus propre pour exprimer la tristesse : ce que l'on peut semblablement dire de la diese Enharmonique.
Quant aux Dissonances qui se rencontrent dans la mesme figure, elles sont contenuës dans l'autre table qui suit, dans laquelle les petites lettres Italiennes signifient les degrez Chromatiques, quoy qu'elles soient sans les caracteres des dieses. ♮ à D, G à ♮, C à E de 32 à 27 Tierce mineure diminuée d'vn comma. D à G, f à ♮ 27 à 20 Quarte diminuée d'vn comma. ♮ à f, e à f, F à g 75 à 64 Tierce mineure diminuée d'vne diese. e à G 81 à 64 Tierce maieure trop grande d'vn comma. B à G, D à ♮, d à C 27 à 16 Sexte maieure trop grande d'vn comma. e à B, 405 à 256 Sexte maieure diminuée d'vn limma. e à c, B à g 225 à 128 Septiesme mineure diminuée d'vne diese. F à e, G à F, g à f, ♮ à A, C à B, E à D, 15 à 9 Septiesme mineure diminuée d'vn comma. g à F, f à e, c à B, 128 à 75 Sexte maieure trop grande d'vne diese. ♮ à f, G à D, 40 à 27 Quinte diminuée d'vn comma. G à e, 128 à 81 Sexte mineure diminuée d'vn comma. f à B, c à F, g à c, 32 à 25 Tierce maieure trop grande d'vne diese. C à f, G à c, 25 à 18 Quarte trop grande d'vn demiton mineur. c à e, g à B, 256 à 225 Ton mineur trop grand d'vne diese. c à G, f à C, 36 à 25 Quinte diminuée d'vn demiton mineur. c à g, 675 à 512 Tierce maieure augmentée d'vn demiton moyen. E à B, g à D, A à e, ♮ à F, 64 à 45 Quinte diminuée d'vn demiton moyen. g à e, 1024 à 675 Sexte mineure diminuée d'vn demiton moyen. ♮ à e, 512 à 405 Quarte diminuée d'vn demiton moyen. B à f, C à g, F à c, 25 à 16 Sexte mineure diminuée d'vne diese. B à E, e à A, F à ♮, D à g, 45 à 32 Quarte augmentée d'vn demiton moyen. Or il n'est pas necessaire d'expliquer les raisons des demitons & de la diese, puis que i'en parle tres-amplement dans la seconde Proposition du liure des Dissonances.
Quant au Clauier, (qui contient toutes les marches, dont les principales ou diatoniques sont marquees de leurs propres lettres) i'ay osté l'ais de dessus, qui se pose sur la ligne V X, afin que l'on veist le bout des petites pointes de fer qui attachent les marches, dont les Chromatiques ou les Feintes sont beaucoup plus etroites. Or chaque Octaue de l'Epinette a 13. notes, comme l'on void aux 13. qui sont grauees sur l'ais Q R, lequel se leue pour fermer le clauier, & qui appartiennent à la premiere octaue marquee par C sol vt fa : ce qui est si aysé à entendre qu'il n'est pas besoin de nous y arrester : car il suffit d'auoir des yeux pour voir les 12 demy tons esquels cette octaue est diuisée par le moyen des dieses, qui sont entre les notes diatoniques, & qui representent les feintes du clauier.
Le coffre, ou l'assemblage du Clauecin est E F G H B D K, & C A I est le lieu sur lequel sont les marches, dont les branches esgales à la branche h k, sont cachées par la piece de deuant, sur laquelle i'ay mis l'estendüe du clauier par les lettres ordinaires de la main harmonique C D E F, &c. qui signifient C fa vt, D sol re, &c. & qui appartiennent aux 29. marches principales, ou Diatoniques, qui sont marquées des nombres 1, 2, 3, &c. Quant aux feintes qui sont entre les grandes marches, & qui seruent pour faire les demy tons, ou les degrez chromatiques, il y en a vingt, dont la premiere est la feinte de c, [p112] c'est pourquoy il est marqué d'vn c auec vne diese, ce qui arriue semblablement aux feintes qui suiuent par exemple à celle de D, de F, &c.
Par exemple le premier VT RE [gravé sur le couvercle E G F D du manichordion], qui est de C sol en D sol, comprend cinq notes, dont la premiere est esloignée de la seconde d'vne seule diese, c'est pourquoy i'ay marqué cette diese d'vne simple croix, comme la 3. note d'vne double croix, à raison qu'elle est esloignée de la premiere note de deux dieses. Semblablement vne triple croix precede la 4. note, par ce qu'elle en est esloignée de trois dieses ; de sorte qu'il ne reste plus qu'vne diese de la 4. à la 5. note pour acheuer le ton.
Ie viens au couuercle E G F D [du manichordion], sur lequel l'on void vne Octaue grauee, laquelle est remplie de tous les degrez Diatoniques, Chromatiques, & Enharmoniques que l'on peut s'imaginer, ou qui peuuent seruir à perfectionner & augmenter l'harmonie, & les gentillesses des instrumens : car chaque ton y est diuisé en quatre dieses, & chaque demy ton en deux.
Car l'on void les interualles, qui sont entre chaque note, ou diction, & consequemment les touches, qui font les Consonances, ou les Dissonances dans leur iustesse : ce que i'explique encore dans la table qui suit, & qui commence par le C sol vt fa d'en bas. [C sol vt fa, Semiton mineur, ♮ mi, demiton moyen, B fa, demiton maieur, A mi la re, demiton mineur, x a, diese, x g, demiton mineur, G re sol vt, demiton moyen, x g, diese, x f, demiton mineur, F vt fa, demiton maieur, E mi la, demiton mineur, x e, diese, x d, demiton mineur, D la re sol, demiton moyen, x d, diese, x c, demiton mineur, C sol vt fa].
Or chaque Octaue a 19 chordes, notes, ou caracteres, d'autant qu'on ne peut marquer la Musique à plusieurs parties sans se seruir de ce nombre dans chaque Octaue, comme i'ay prouué dans vn autre lieu. Quant à l'vsage de cette table, il est si aysé, qu'il n'est quasi pas besoin de l'expliquer, car le premier nombre de la premiere colomne, à sçauoir 6, signifie que le son le plus graue de tous les instrumens, à sçauoir le son du tuyau d'Orgue de 32 pieds, se fait par les 6 retours de la chorde, qui bat 12 fois l'air dans l'espace d'vn battement de coeur ; & les autres nombres qui suiuent, tant dans cette Octaue, que dans les 7 autres, representent tousiours le nombre des retours de chaque chorde, qui respond à chaque note, ou lettre de l'Octaue, qui est marquée à la marge : par exemple, le premier ou le moindre nombre de la 8 Octaue signifie que la plus basse chorde de la 8 Octaue fait 768. retours dans l'espace d'vn battement de poux, c'est à dire dans le temps d'vne seconde minute : & le 2 nombre de la mesme colomne, à sçauoir 800, signifie que la chorde qui a ce son, fait 800 retours dans le mesme temps. [Tablature du nombre des tremblemens que font les chordes - demy-ton mai. - demy-ton min. - comma - diese]
Mais puis que les espreuues des estains ne peuuent estre comparées auec les chordes des autres metaux, il faut les comparer ensemble. Ie dis donc que l'estain de glace & le commun font la Quinte diminuée, l'estain de glace & le sonant font la Tierce maieure iuste, & l'estain de glace & le fin la Tierce maieure diminuée : l'estain commun fait la Tierce mineure diminuée auec le sonant, & auec l'estain fin la Tierce mineure iuste ; en fin l'estain sonant faict le semiton mineur diminué, c'est à dire la diese à peu pres, & plus d'vn comma auec l'estain d'Angleterre ou de Cornüaille, c'est à dire le fin estain. Or ie mets icy les sons de ces estains par les notes ordinaires en faueur des Practiciens, afin qu'ils n'ayent nulle peine à comprendre ce discours.
PROPOSITION II. Expliquer la maniere de ioüer du Violon, & de mettre chaque doigt sur les endroits de la touche pour ioüer toutes sortes de pieces de Musique tant par B mol que par ♮ quarre. Pvis que le Violon n'a que quatre chordes, dont l'accord à vuide est ordinairement de Quinte en Quinte, comme i'ay monstré dans le discours precedent, si l'on fait tous les sons qui se peuuent tirer de ses chordes, on le touchera parfaitement. Mais afin d'aller par ordre, & d'euiter l'obscurité & la confusion, ie monstre premierement comme il faut poser le premier doigt que l'on appelle l'index, c'est à dire celuy qui est le plus proche du pouce, sur la 4. chorde, & puis comme il faut poser le 2, & le 3, & ce que fait chaque doigt. Or ie commence par la quatriesme chorde, parce qu'elle est la plus basse, afin de suiure la methode dont on vse en France, encore qu'il soit aussi aysé de commencer par la premiere que l'on appelle la chanterelle. Ie dis donc premierement que la 4. chorde fait le G re sol vt à vuide, c'est à dire sans l'ayde de la main gauche, qui sert seulement pour toucher le manche, & pour accourcir les chordes, comme la droite sert pour tenir l'archet, & pour en toucher les chordes en mille differentes manieres, comme ie diray apres. Mais on fait monter cette 4. chorde à l'A mi la re, c'est à dire vn ton plus haut, en posant le premier doigt dessus, suiuant les interualles du Monochorde que i'ay expliqué dans la cinquiesme Proposition. Et si l'on retire vn peu le mesme doigt vers le sillet, elle monte seulement d'vn demy-ton pour faire la feinte, ou le fa feint qui est entre A mi la re & G re sol vt : ce qu'il faut remarquer vne fois pour toutes, parce que chaque doigt peut faire le demy-ton & faire monter ou baisser chaque chorde de cet interualle en tous les endroits où l'on veut, selon qu'il est necessaire pour faire les accidents qui se rencontrent dans les differentes compositions. Le second doigt, qui est celuy du milieu, fait le ♮ mi sur la mesme chorde, en l'auançant vers le cheualet ; & le B fa en le retirant vers le sillet. Et le troisiesme doigt auancé vers le cheualet fait C sol vt fa, & si on l'auance encore vn peu, il fait monter la mesme chorde d'vn demy-ton, & fait la diese de C sol fa vt, au lieu du quatriesme doigt.
La 3. chorde qui suit la 4, fait le D la re sol à vuide, mais si l'on trouue vn fa par transposition en ce D la re sol, il faut poser le 4. doigt sur la 4. chorde fort pres du lieu où le 3. fait C sol vt fa, au lieu de faire ledit fa sur la 3. à vuide. Or le premier doigt posé sur la 3. chorde fait E mi la, & en le retirant vers le sillet il fait le fa en E mi la par accident entre D la re sol, & E mi la. Le second doigt la fait monter iusques à F vt fa, c'est à dire d'vn demy-ton ; & si on l'auance vers le cheualet, il fait la diese de F. Le troisiesme doigt fait ledit G re sol, que l'on [p182] appelle la Clef, de sorte que nous auons desia fait monter le Violon d'vne Octaue entiere, en faisant tous les tons de la Diatonique, & tous les demytons de la Chromatique, afin que l'on puisse ioüer toutes sortes de Musique tant par nature, que par ♭ mol, & par ♮ quarre. Or si l'on auance ce mesme doigt vers le cheualet, on fera la Diese de G re sol, c'est à dire qu'on la fera monter d'vn demy-ton plus haut que G re sol. Par exemple, s'il y a vn fa en A mi la re, qui se trouue à vuide sur la seconde chorde, il faut mettre le 4. doigt sur la 3, ou auancer la diese du G re sol au lieu du fa d'A mi la re. La seconde chorde touchée à vuide fait A mi la re, & le premier doigt estant posé dessus, fait le ♮ mi, & en le retirant vn peu il fait le B fa. Le second doigt fait le C sol vt fa, & en l'auançant il fait la Diese de C sol vt fa, qui est plus haute d'vn demy-ton que ledit C sol vt fa. Le troisiesme doigt fait D la re sol ; & le 4. doigt, qui se trouue sur la 2. chorde, fait le fa en E mi la par accident, sans qu'il soit besoin de sonner la chanterelle, qui fait le mi dudit E mi la à vuide. Mais le premier doigt posé sur ladite chanterelle fait F vt fa, & en l'auançant vers le cheualet il fait la diese de F vt fa. Le second doigt fait le G re sol, qui est à la Quinziesme de celuy de la 4. chorde à vuide, & en l'auançant il fait la diese qui est entre G & A. Le troisiesme fait l'A mi la re, le quatriesme doigt fait le ♮ mi, estant auancé & esloigné du troisiesme doigt, & en le raprochant il fait le B fa. Si on l'auance plus pres du cheualet que le lieu du ♮ mi, il fait le C sol vt fa, & puis le D la re sol ; de maniere que le Violon à l'estenduë d'vne Dix-neufiesme.
Or l'on peut remarquer plusieurs particularitez dans la Fantaisie precedente ; premierement qu'elle contient l'estenduë de tous les Violons, & qu'elle fait cognoistre leur nature & leur genie. Et puis que chaque diese ne sert que pour la note à laquelle on l'applique, soit qu'on la voye deuant, dessus, ou dessouz, excepté à la fin de la premiere partie du Dessus, où la diese sert aussi pour les notes qui suiuent. En troisiesme lieu, que les vingt-quatre Violons du Roy appellent la Quinte, ou la Cinquiesme partie, celle que les Musiciens ordinaires appellent Haute-contre, & qu'ils appellent Taille ce que nous appellons Haute-contre ; de sorte que nostre Haute-contre est leur Taille, c'est pourquoy i'obserue leur ordre dans l'exemple du liure Latin. La cinquiesme partie des notes precedentes est la plus proche du Dessus quant à l'aigu : c'est pourquoy elle deuroit estre entre le Dessus & la Haute contre, & consequemment elle se doit ioüer par le moindre Violon des trois qui sont à l'vnisson : de là vient que les Violons appellent cette partie Haute-contre, la Haute-contre Taille, & la Taille Cinquiesme partie. En quatriesme lieu i'ay mis la diminution des trente premieres mesures du Dessus, afin que l'on voye la maniere dont les Violons ont coustume de diminuer toutes sortes de chansons.
A quoy i'adjouste que l'on transpose aysément chaque ton en douze manieres, par le moyen des dieses & des fa feints, ou ♭ mols qu'ils appellent accidents, comme l'on void dans l'exemple du premier mode qui commence en C sol vt fa, [p190] dans lequel ce mode commence tousiours vn demy-ton de plus haut en plus haut iusques au douziesme demy-ton de l'Octaue : ce que l'on pratique semblablement dans les onze autres modes ; par exemple dans le troisiesme qui suit, & qui commence en D re sol, de sorte que l'on fait 144. varietez des douze modes sur le Violon : ce que l'on peut semblablement faire sur le Luth, sur la Viole, & sur tous les autres instrumens à manches, & mesme sur les Epinettes, & sur l'Orgue dont le clauier est diuisé en douze demy-tons esgaux, suiuant la methode que i'en ay donnée dans le traité du Luth. Or puis que l'on peut prendre l'VT, le RE, le MI, &c. sur chaque chorde du Violon, soit qu'on la touche à vuide, ou qu'on l'accourcisse d'vne, de deux, ou de trois touches, &c. il est certain que la touche ou le manche du Violon est capable de representer tous les modes, quoy qu'il n'ayt que quatre chordes, c'est pourquoy il faut corriger ce que i'ay dit au contraire dans la troisiesme Proposition de ce liure, quoy qu'il se puisse expliquer au sens de quelques ioüeurs de Violon, dont i'ay suiuy l'idée. Mais puis que i'ay entrepris de parler nettement & intelligiblement, il faut oster tous les embarras du discours. Il faut aussi corriger ce qui est dit que D sol re est le plagal du mode C sol vt fa, car son mode collateral ou plagal descend vne Quarte plus bas en G re sol vt ; mais i'ay traité fort amplement des modes dans vn autre liure, auquel ie desire que l'on se tienne. Voyons maintenant ce qui appartient aux Violes.
PROPOSITION VIII. Expliquer la figure, la fabrique, l'accord & l'vsage de la Viole. Les parties de la Viole sont semblables à celle du Violon, comme l'on void dans cette figure qui ne differe quasi des precedentes, qu'en ce qu'elle a des touches qui bornent sa capacité, & qui d'infinie qu'elle estoit la determine à sept ou huict demy-tons esgaux qui se font sur son manche, par le moyen de huict touches, dont chacune est marquée d'vne lettre : car ceux qui ne sçauent pas la Musique par notes, la marquent par lettres, comme nous auons dit dans le second liure en parlant de la tablature du Luth, & des autres instrumens. Mais auant que de donner la figure de la Viole, dont [p191] on vse maintenant, ie donne la figure de celle dont on se seruoit deuant, laquelle n'auoit que cinq chordes, dont le nom se void sur la touche du manche pres du sillet, à sçauoir Chanterelle, Seconde, Tierce, Quarte & Bourdon. Et puis l'on void l'accord par lettres auec la clef de G re sol sur la seconde chorde, auec E, A, D, G & C, qui signifient que l'accord de ces cinq chordes à l'ouuert vont d'E mi la à A mi la re, & de A mi à D la re, de D re à G re, & de G re à C sol, c'est à dire de quarte en quarte. Il y a des notes, des dieses, & des ♭ vis à vis desdites lettres, afin de signifier que l'on peut chanter auec la Viole tant par ♮ quarre que par ♭ mol. En troisiesme lieu l'on void la clef de F vt fa sur la 5. chorde, pour faire la Basse, & consequemment le B est sur la 4, l'E sur la 3, l'A sur la 2, & le D sur la chanterelle, puis que les chordes montent tousjours de Quarte en Quarte. Ie laisse la clef de nature qui suit au 4. lieu sur la 4. chorde, & tout ce qui reste sur le manche iusques à la table, afin de parler des Violes à six chordes dont on vse maintenant. [CHANTEREL - SECONDE - TIERCE - QVARTE - BORDON - CLEF HAVTTE - CLEF MOYENE - CLEF BASE
PROPOSITION IX. Expliquer la capacité des Violes dans les Concerts, la diuision & la science de leurs manches, & les pieces de Musique qui se peuuent ioüer dessus, & la maniere de les accorder pour en faire des Concerts. Encore que les Violes soient capables de toutes sortes de Musique, & que les exemples que i'ay donné pour le concert des Violons leur puissent seruir, neantmoins elles demandent des pieces plus tristes & plus graues, & dont la mesure soit plus longue & plus tardiue ; de là vient qu'elles sont plus propres pour accompagner les voix. Or l'on peut ioüer toutes sortes de pieces non seulement à cinq parties, comme l'on fait ordinairement sur les Violons, mais à six, à sept, à douze, & à tout autant de parties que l'on veut ; ce qui peut semblablement estre executé par tous les autres instrumens, qui ont assez d'estenduë. Mais il suffit de mettre icy le commencement d'vne Composition à six parties, laquelle a deux Dessus, deux Basses, vne Taille & vne Haute-contre. Or il faut remarquer que les Anglois ioüent ordinairement leurs pieces vn ton plus bas que les François, afin d'en rendre l'harmonie plus douce & plus charmante, & consequemment que leur sixiesme chorde à vuide fait le C sol au lieu que la nostre fait le D re sol, comme l'on void aux notes qui sont à costé de la Viole ; d'où il s'ensuit qu'ils marquent plusieurs ♭ mols & dieses, dont [p199] nous n'vsons pas ordinairement. Quant à la diuision du manche de la Viole, elle n'est pas differente de celle du manche du Luth ; c'est pourquoy i'adiouste seulement icy vne nouuelle maniere pour le diuiser, laquelle depend des onze moyennes proportionnelles, dont i'ay donné l'inuention dans la quatorze & quinziesme Proposition du premier liure, & dans la septiesme du second liure. Mais il faut premierement supposer que la chorde entiere, ou la longueur de la Viole depuis le sillet iusques au cheualet soit diuisée en 200000. parties esgales, dont ayant osté 11230. parties, l'on aura le nombre 188770. pour le lieu de la premiere touche d'enhaut, & ainsi des autres nombres qui sont vis à vis des lettres de chaque touche iusques au dernier 100000, qui donne la derniere touche n, laquelle fait l'Octaue en haut auec la chorde entiere exprimée par l'a. [Ligne Harmonique.]
Or ce manche est si aysé à comprendre qu'il faut seulement poser les doigts vne ou deux fois sur les sept touches de chaque chorde, & ioindre l'oreille, &, si l'on peut, la voix aux sons qu'elles feront pour ne les pouuoir oublier ; par exemple la chanterelle fera huit sons, dont le premier sera à vuide en la touchant du seul archet, le second son se fera en posant le premier doigt de la main gauche sur la seconde touche marquée par B, car les sept chordes trauersantes marquées dessouz par les sept nombres 1, 2, 3, &c. bornent la longueur des chordes, quelles accourcissent peu à peu de demy-ton en demy-ton, comme l'on void dans les figures precedentes, & dans ces lignes qui en representent le manche. Il faut suiure de la mesme sorte sur les touches C, D, E, F, G & H, qui fait la Quinte auec la chanterelle à vuide, de la vient qu'elle fait l'Octaue auec la seconde à vuide, & que l'on peut accorder toutes les chordes de la Viole par Octaues, puis que l'H de la plus deliée fait l'Octaue auec celle qui suit, lors qu'elle est touchée à vuide : excepté la troisiesme, à raison que son accord auec la 4. toutes deux à l'ouuert n'est que d'vn demy-ton. Mais si l'on veut accorder la Viole par Vnissons, il faut toucher l'F des plus grosses, & celles qui suiuent vers la chanterelle à vuide. Quant aux dieses qui sont sur quelques touches, elles signifient les demy-tons, & representent les feintes de l'Epinette & de l'Orgue : ce que i'ay voulu adiouster en faueur de ceux qui ayment le concert des Violes. Or si l'on veut apprendre aux enfans à chanter tous les demy-tons de la Viole, l'on peut vser de l'echelle que i'ay expliquée dans la pratique de la Musique, comme ie monstre en l'accommodant icy à l'estenduë du Dessus, & de la Basse de la Viole, ausquelles sert le manche precedent, sur lequel l'Octaue est diuisée en treize sons, c'est pourquoy il faut vser de treize syllabes [p204] ou voix differentes ; ce que ie fais en commençant par le D re, qui marque le premier son de la sixiesme chorde à vuide. [Echelle Harmonique composee des degrez Diatoniques & Chromatiques. D re - x - E mi - F fa - x - G sol - x - A la - B fa - ♮ ni - C sol].
PROPOSITION XIII [XI]. Expliquer les nouueaux instrumens à chordes, & l'accord de la Lyre dont on vse en Italie. Il est certain que l'on peut tousiours adiouster de nouuelles inuentions aux instrumens, & que les siecles à venir en pourront auoir qui ne sont pas encore tombez en l'imagination des Facteurs : par exemple, on peut faire des Clauecins qui auront tous les tons diuisez en quatre parties, pour faire les dieses Enharmoniques par tout, suiuant le Systeme que i'explique dans le liure des Genres : de sorte que le mesme clauier seruira pour autant de tuyaux d'Orgue, qui feront vne Fluste douce, & qui accompagneront chaque chorde. Et l'on m'a escrit de Rome que le sieur Iean Baptiste de Bonis de Cortone, ville de Toscane, en fait d'excellens, qui ont toutes les touches brisées ou [p216] coupées, & que l'on accorde auec vne admirable facilité en toutes sortes de manieres que l'on peut s'imaginer. L'on m'a aussi aduerty que la Harpe à trois rangs a esté inuentée il y a trente ou quarante ans par le sieur Luc Anthoine Eustache Gentil-homme Neapolitain, & Chambrier du Pape Paul V : & que le sieur Horace Michi a mis cet instrument à sa perfection, dont il ioüe tres-excellemment […]
Il faut seulement remarquer que le Diapason des Flageollets ne suit pas celuy des chordes, ny celuy des tuyaux d'Orgues, comme ie monstreray apres, car il suffit d'expliquer icy son estenduë & sa tablature, que le Vacher, qui est le plus excellent Facteur de Flageollets que nous ayons, marque en cette maniere. Par où l'on void que l'on peut vser des notes de la Musique pour marquer les tons, l'estenduë, & les chansons du Flageollet, d'autant qu'elles seruent de tablature vniuerselle pour toutes sortes d'instrumens, comme i'ay monstré dans le liure precedent. [p233] Or les deux premieres lignes contiennent la tablature du Flageollet par ♮ quarre, & les deux dernieres par ♭ mol : mais les quinze dernieres notes, & les quinze rangs des autres caracteres qui leur respondent, suffisent pour expliquer ladite tablature, & l'estenduë de cet instrument, qui consiste dans vne Quinziesme, qui est contenuë par les quinze notes, encore que i'aye mis les dix precedentes, afin d'obseruer la pratique de ceux qui enseignent à ioüer du Flageollet, qui commencent par le G re sol en touchant seulement les trois derniers trous six, cinq & quatre, & en laissant les trois autres ouuerts trois, deux & vn ; & qui mettent les deux dieses que l'on void à la premiere ligne des notes, pour signifier qu'elles se chantent par ♮ quarre, encore qu'elles soient superfluës pour ceux qui entendent la pratique des notes, dans laquelle la seule absence du ♭ mol signifie le ♮ quarre. Mais cette tablature est si aysée, à raison que toutes les regles qui ont des zero, ou qui n'ont point de petites lignes perpendiculaires, signifient que l'on doit ouurir les trous qui respondent à ces lignes, qu'il n'est pas besoin de l'expliquer. Ie donneray seulement vn exemple pour en monstrer la pratique. Si l'on veut faire le ton plus graue, ou le plus bas du Flageollet, qui est marqué par la derniere note, & par le dernier rang des petites lignes, ce rang enseigne qu'il faut boucher les six trous, qui sont representez par les six regles, & qu'il faut boucher le trou de la pate à demy : ce qui est signifié par la ligne qui trauerse le dernier zero : ce que l'on entendra encore mieux par le discours qui suit, d'autant qu'il enseigne la maniere de sonner du Flageollet.
Et l'on peut dire que ce qui sort d'air par ces trous, & que ce qui reste du corps du Flageollet depuis le quatriesme trou iusques à B, fait baisser le ton d'vne Quarte. D'ailleurs, si la distance des trous suiuoient la proportion de leurs tons, il faudroit que le quatriesme trou fust seulement plus esloigné d'vne huictiesme partie de la lumiere que le 5, & neantmoins il est esloigné d'vne quatriesme partie dauantage, quoy qu'il ne fasse descendre le Flageollet que d'vn ton. Il faut dire la mesme chose du troisiesme trou au regard du quatriesme. Quant au 3, 2 & 1, ils sont vn peu mieux reglez. Or il faut aduoüer que la seule experience peut donner le Diapason des Flageollets, puis que l'on ne void nulle raison pour laquelle le cinquiesme trou doiue estre plus esloigné du 4, & le 4 du 5 pour faire leurs 2 tons, que le 3 trou du 2, & le second du premier : quoy que ie ne doute nullement qu'il n'y ayt quelque raison de cette differente distance de trous, soit qu'on la prenne de la part du vent, qui est differemment inspiré, ou de la fabrique du Flageollet & des autres instrumens, ausquels il arriue la mesme chose : mais ie laisse cette recherche à ceux qui voudront & qui pourront passer plus auant, d'autant qu'il suffit d'auoir remarqué la iuste distance, & la vraye disposition des trous dans les deux figures precedentes, pour seruir de modelle à ceux qui voudront faire des Flageollets de toutes sortes de grandeurs, esquels il faut à peu pres obseruer la mesme proportion. C'est pourquoy ie viens à la maniere d'en sonner, qui consiste particulierement à pousser le vent comme il faut, & à boucher & ouurir les trous suiuant la tablature. Ie dis donc premierement qu'il faut tellement boucher les trous, que le vent n'en puisse sortir, afin de faire les tons iustes, & qu'il les faut seulement boucher à demy, lors que l'on veut faire les feintes, ou les demy-tons qui appartiennent à la Chromatique, car l'on peut faire vingt-huict demy-tons tout de suitte sur le Flageollet pour sonner toutes sortes de pieces chromatiques ; & s'il se rencontre des hommes [p235] qui puissent tellement boucher les trous qui fassent des quarts de ton pour les dieses Enharmoniques, ils pourront vser de ce genre sur cet instrument. Mais apres que l'on sçait faire tous les tons, il faut s'accoustumer à la vistesse & à la mesure, afin de faire toutes sortes de passages & de diminutions, & d'vser de toutes les douceurs & les mignardises, dont le Flageollet est capable ; ce qui ne se peut faire sans la vistesse des doigts, qui doiuent boucher & deboucher six ou huict fois les mesmes trous dans le temps d'vne mesure pour imiter les diminutions de la gorge, de la Viole, des Luths & des autres instrumens.
Or d'autant que l’Orgue produit sans difficulté toute sorte d’interualle tant naturels qu’accidentels, j’en ay employé en quelques endroits d’extraordinaires, (bons & suportables pourtant,) afin de donner a cét instrument ce qui est de sa competence, de propres, & hors du commun & mesme apliqué des diezes en des lieux ou je les obmettrois si c’estoit pour les voix, a cause des raisons cy dessus données.
[différentes espèces de Musique :] L'une est Diatonique, et se poursuit continuellement en un demi ton petit, et deus tons entiers suyvans : la seconde est nommee Chromatique (comme on diroit coloree) et s'eslieve par deus demiz tons inegaus en ses deus premiers intervalles, et au troisieme par un Presquediton ou Demiditon qui sinifie trois demiz tons inegaus : la derniere [...] est Enharmonique (vous pourriez dire de parfette Harmonie) composee en ses deus premiers intervalles, de la moitié d'un demi ton petit, nommee Diese, ou Diachisme ; et au dernier intervalle de son Tetracorde, d'un Diton, c'estadire deus tons.
Mirando a lo que hazen los señalados tañedores, y los tres generos de musica: halle infaliblemente, que tienen compuesto un nuevo genero del diatonico y chromatico: el qual se puede llamar semichromatico. A poca costa podemos prouar este no ser alguno de los tres generos anntiguos. No es genero diatonico: porque usa de teclas negras. No es chromatico: porque usa de algunas distancias del diatonico, como son un tono en post de otro, y no usa com[m]u[m]me[n]te del semitono mayor. No es enarmonico: porque no usa de la division del semitono para hazer los diesis. Es genero compuesto del diatonico y chromatico: y aßi lo puse semichromatico, quasi chromatico i[m]perfecto.
[…] no me conformo con la opinion de cierto moderno que dixo: que quando se tañian accidentales, no se procedia cromatica, o enarmonicamente, porque no se formaua los interualos de estos generos, como que los generos fuessen hordenados para solo esse fin, el qual si fuesse impertinente (como pruevo en el libro de versos que lo es el de el enarmonico, en la formacion de sus diesis tan contrarios en naturaleza) dariamos [sic] que no ay genero enarmonico en la musica, cosa contra la comun opinion de tan graues varones en ella, y si processo sinifica transito, o passo, y este se haze por signos de estos generos, quales son todos los bemoles, y sustenidos, como diremos que no se procede cromatice; l. enarmonice, passando, procediendo, y caminando por signos de los dichos generos? digo que se procede. Salva pace &c.
Proçedia el [género] Enharmonico por dos diesis, que cada vno era la mitad del semitono mayor (aunque algunos quieren, que no fuessen sino del semitono mayor) y de un ditono incompuesto, que es la terçera mayor de, vt mi, fa la, &c. por que conpuesto es qua[n]do gradatim se canta, vt re, mi, o fa, sol, la, &c. todos los autores concuerdan, que este genero se dejò por su grande dificultad, y inposible, auerigaçion, que a penas con grande trabajo, y estudio puede el sentido acostrumbrarse a entonarle.
Cada tono simple [sic] tiene cinco dieses desta manera. que el semitono mayor tiene tres: y el menor dos. assi que el tono toma del semitono mayor tres dieses: y del menor dos de que se compone.
En la primera conclusion de musica men / surable dezimos auer ocho figuras: no / porque no puedan ser mas en diminuci / on y en duplacion: mas porque no ay ne / cessidad de figuras mas diminutas: ni d[e] / mas mayores. De las quales dichas fi / guras el breue es la primera figura que / se figuro: el qual es en diapente consonancia. s. en sexqual / tera proporcion: que es de 3 a 2 del qual resultan las figu / ras mayores doblando: y las menores diminuyendo: y del / toman nombre de binario y de ternario: por los numeros / que el contiene de la dicha proporcion: y por el todas ellas / son mensuradas: por lo qual y por lo sobredicho es lla / mado tie[m]po. y doblando el numero de dos assi: hazese fi / gura quadrangular como es el figurado. y asignandole vir / gula hazese figura mayor: que es la semilonga: en diapason / consonancia. s. en dupla proporcion: porque co[n]tiene dos ve / zes al breue. y asinandole [sic] de cuerpo cumplido dos quadra / dos hazese figura mayor: que es la longa: en bisdiapason / consonancia. s. en quadrupla proporcion: porque contiene / quatro vezes al breue: y es dupla a la semilonga. Las qua / les figuras mayores por regla y assignacion contiene[n] en si / diuersos tiempos: que demuestran moderados sonidos en / vna linea o espacio. Por lo qual y por lo sobredicho dellas / son llamadas modo. y del dicho breue partido en dos tria[n] / gulos que demuestran el vno diatessaron a la parte graue: / y el otro tono a la parte aguda: se haze del vno figura me / nor: que es el semibreue en diatessaron consonancia. s. en / sexquitercia proporcion. y assi como en las figuras mayo / [fol 24] res por las proporciones en que consisten de consona[n]cias / se profiere perfecion: assi en el semibreue avnque figura / triangular por la proporcion en que consiste de consonan / cia se le profiere perfecion. La qual haze a todas las o / tras figuras ser en mayor cantidad de compases: por lo / qual y por lo del sobredicho es llamado prolacion: si no imperfecta: / o perfecta. / porque hablar de mayor y menor es en modo. / s. en la longa y semilonga: por los cuerpos que contienen / y proporciones en q[ue] consisten. y al segundo triangulo asi / gnandole virgula haze figura menor: que es la minima / en proporcion de tono disonancia. Y assignandole de cu / erpo lleno y virgula se haze figura menor: que es la semi / minima: en proporcion de semitono menor: hasta la qual / todas las figuras segun sus proporciones son cantables. / Y assignandole virgula retornada se haze figura diminu / ta: que es la corchea: en proporcion de diesis. Y con con do / blado retornamiento de virgula se haze semicorchea: en / proporcion de semi diesis. Las quales segun sus propor / ciones son incantables.
Todos los tres generos a[n]tiguos tenian vnos mesmos intervalos:pero e[n] vnos era compuestos, y en otros incompuestos. El genero diatonico vsaua semitonos y tonos, el chromatico de vn semitono menor, de otro mayor y de tres semitonos […] El genero chromatico tenia estos tres semitonos de salto, que no los podia hazer sino en solo vn movimiento ; y el diatonico tiene libertad de hazerlos en vno, que es tercera menor re fa, o mi sol: o en dos que son vn tono y vn semitono […] El genero enarmonico tenia vn diesis y otro diesis y vn ditono inco[m]puesto […] diesis en este caso es la mitad del semitono menor en co[m]pas de artihmetica.
Estos dos semitonos, o partes principales del tono, tienen muchos nombres. Una parte se dize semitono menor, semitono diatonico y algunas vezes diesis, y algunos le llaman semitono ca[n]table. La otra parte se llama apothome, semitono mayor, y de algunos semitono incantable.
Sospecha vio / lenta tengo que el genero enarmonico se hallo en / la vihuela por ser instrumento perfecto y apareja / do para hallar el dicho genero. El modo como se / deuio de hallar, fue haziendo redobles, en vn mes / mo traste afloxando vn poco el dedo. Hombres ay / que teniendo bozes delicadas hazen de garganta: / los quales en esto se desuian del pu[n]to que esta pun / tado tan poco, que no allega a ser semitono: y sue / na bien. Mejor se podia esto hazer en la vihuela. / Si teniendo el dedo en vn traste para forma vn / punto, en el qual quisiesen hazer redoble, de la mi / tad de vn semitono, que es vn diesis: afloxen vn po / co el dedo, que tienen puesto en el traste: y hazer lo / han. Bie[n] se, que para hazer este redoble hazia ba / xo, o apreta[n]do mas el dedo en la cuerda, q[ue] sera ha / zia arriba: todos no ternan suficiencia, o destreza.
Todos los tres gene / ros antiguos [diatónico, cromático, enarmónico] tenian vnos mesmos interualos: pe / ro en vnos eran compuestos y en otros incompu / estos. El genero diatonico vsaba semitonos y to / nos, el chromatico de vn semitono menor, de otro / mayor, y de tres semitonos. Todos estos tres in / terualos del genero chromatico estauan en el dia / tonico: y de otra manera y con otras condiciones. / [f68] El diatonico ya tiene el semitono menor por si solo / y el mayor encerrado en [e]l tono, y los tres semitonos / en las terceras menores. El genero chromatico te / nia estos tres semitonos d[e] salto, q[ue] no los podia ha / zer sino en solo vn mouimie[n]to: y el diatonico tiene / libertad d[e] hazerlos en vno, q[ue] es tercera menor. re / fa. o mi. sol: o en dos q[ue] son vn tono y vn semitono. / Porq[ue] el chromatico no los podia hazer sino en vn / mouimiento: les llamo Boecio tres semitonos in / compuestos, q[ue] no se componian de muchos moui / mientos, o distancias. El genero enarmonico te / nia vn diesis y otro diesis y vn ditono inco[m]puesto. / Tambie[n] estos interualos esta[n] en [e]l gen[e]ro diatonico / d[e] otra manera y con otras q[ua]lidades. diesis no es / otra cosa sino la mitad d[e]l semitono menor e[n] co[m]pas / d[e] arithmetica. El gene[e]ro diatonico tiene semitonos / menores: luego tiene las co[n]sona[n]cias inclusas en e / llos. En los semitonos esta[n] inclusos los diesis, como / partes d[e] los semitonos: luego el genero diatonico / tiene los diesis q[ue] vsa el genero enarmonico. Y el di / tono inco[m]puesto d[e]l enarmonico ta[m]bie[n] lo trae el dia / tonico.
El genero enarmoni / co procedia por tres interualos distintos de los ya / dichos: los quales son vn diesis, y otro diesis, y vn / ditono incompuesto. En España no ay instrumen / to donde podamos dar exemplo: porque diesis es / la mitad del semitono menor en compas de Arith / metica, segun se tiene en practica d[e]sde Boecio aca.
[...] sepan que auezes suelen componer fuera de los Signos ordinarios; à la qual obra assi ordenada llaman, Musica ficta ò finta, que es fingida en vocablo Castellano. Diremos pues que la la Musica finta es aquella, que procede fuera de sus verdaderos Thetracordos, y es vna alteracion de Diathessarones. Se dize Musica finta porque se forma fuera de sus cuerdas naturales, y fuera de sus tra[n]sportaciones; mas formase en las extraordinarias y del todo apartadas de la guia de las letras del Introductorio de Guido monje [...] Otra manera de Musica finta ay, y es aquella que procede por Semitonos, ò digamos por vozes sostenidas; es à sauer, señaladas con el diesis diatonico, en esta forma. [EJEMPLO] De esta manera de Musica, tenemos el exemplo de vna fantasia del famoso Organista Anibal de Padua, que anda impressa en el primer libro de sus Ricercarios ò Tientos. Se reduze à su verdadera escritura subiendola vna Tercera, y quitandole los Sostenidos. Esta Musica mas pertenece à los Tañedores de tecla, que a los Composidores y Cantores [...] Aduiertan que en los exemplos de arriba [cita, además de la autoridad de Gaffurius, ejemplos de Mouton, Loyset Pieton, Phelipe de Monte entre otros] se procede por el Genero Diatonico: digo assi para que sepan, que por Musica ficta, tambien se puede proceder en el Cromatico: y esta Musica finta, es el cantar por Conjunta de los Cantollanistas [...] De aqui se puede venir en luz que mucha differencia ay entre Musica finta ò ficta, y Musica Cromatica.
Y porque vsando el termino de Semitono en la demostracion deste intervalo, no viene à declarar, que aya otro Semitono en la Musica; por esto, este es llamado mayor à differencia de otro menor, compuesto de dos Diesis enharmonicos, ò de quatro Comas ; que se halla en agudo subiendo, entre las dos bes b [signo[: ò al contrario assi [signo] b abaxando. Ejemplo, y en cualquier otro Signo ò posición. [EJEMPLO]
Este Semitono no tiene lugar en el Genero Diatonico, que es el que cantamos comunmente, y por esta causa algunos practicos le llamaron Semitono incantable, no porque à la verdad no se pueda cantar, si no porque el dicho Genero no lo vsa; siendo despues cantable y vsado en el Chromático.