La Passemezze est vn chant à l'Italienne propre à dancer : elle seruoit le temps passé d'entree aux basses dances : or elle se dance en faisant quelques tours par la sale auec certains pas posez, & puis en la trauersant par le milieu, comme le mot le porte ; ou bien elle a ce nom du pas & demy dont elle se mesure : son exemple est du premier mode en son propre ton, & se rapporte au pied Choreobachique ∪ ∪ ∪ ∪ − − : sa mesure est binaire.
La Pauanne vient d'Espagne, & est ainsi nommee parce que ceux qui la dancent font des roües l'vn deuant l'autre à la façon des Paons, & auec telle grauité que la cappe & l'espee ne nuisent de rien, & qu'elles semblent estre necessaires pour mieux contrefaire la roüe des Paons, d'où cette dance a pris son nom : elle marche sur le mesme pied que la precedente, & a 16 mesures & 14 couplets : son exemple est du 4 mode.
L'Allemande est vne dance d'Allemagne, qui est mesuree comme la Pauanne, mais elle n'a pas esté si vsitee en France que les precedentes : on peut l'appeller [p165] Vaudeuille, ou Gauote, & a sa mesure binaire. Son exemple est du second Mode : on se contente auiourd'huy de la iouër sur les instrumens sans la dancer, non plus que la Passemezze, si ce n'est aux Balets : son Exemple est du second Mode.
La Sarabande a esté inuentée par les Sarrazins, ou Mores, dont elle a pris son nom ; car on tient que la Comedienne nommée Sarabande la dança la premiere en France : quelques-vns croyent qu'elle vient du mot Espagnol Sarao, lequel entr'autres significations veut dire Bal en Espagnol, ou de Banda qui signifie assemblée, comme si plusieurs se deuoient assembler pour cette sorte de dance : ce que les Mores obseruoient peut-estre, encore que les François & les Espagnols ne la dancent qu'à deux. Son mouuement est Hegemeolien ∪ ∪ ∪ − ∪. Elle se dance au son de la Guiterre, ou des Castaignettes, & ce par plusieurs couplets sans nombre : ses pas sont composez de tirades, ou de glissades : son Exemple est de l'onziesme Mode transposé vn ton plus bas : sa mesure est Hemiolia, & suit le battement du Mareschal.
La Courante est la plus frequente de toutes les dances pratiquées en France, & se dance seulement par deux personnes à la fois, qu'elle fait courir souz vn air mesuré par le pied Iambique ∪ −, de sorte que toute cette dance n'est qu'vne course sautelante d'allées & de venuës depuis le commencement iusques à la fin. Elle est composée de deux pas en vne mesure, à sçauoir d'vn pas de chaque pied : or le pas a trois mouuemens, à sçauoir le plier, le leuer, & le poser. Son mouuement est appellé sesquialtere ou triple, & son Exemple est du quatriesme Mode en son propre ton. L'on peut neantmoins luy donner telle mesure que l'on voudra.
La Gaillarde est vne dance qui a pris son nom de la gaillardise dont on vse en la dançant, & de la liberté qui permet d'aller de biais, de trauers, & de long par tous les endroits de la sale, tantost terre à terre, & tantost en cabriole, ce qui se fait entre chas & en sauts ronds. Quelques-vns disent qu'elle vient de Rome, de là vient qu'ils l'appellent Romanesque : sa mesure est ternaire, & suit le mouuement du tambour Italien, ou le pied Pyrrichianapeste ∪ ∪ ∪ ∪ −. Elle a ordinairement trois pas & cinq mesures. Son Exemple est du dixiesme Mode. Mais parce que le discours ne suffit pas pour donner la parfaite intelligence de ces especes de dances, si l'on n'en void la Pratique, i'en mets icy des Exemples ; quoy qu'il faille remarquer que l'on peut accommoder d'autres mouuemens que les precedens aux Exemples qui suiuent.
Le troisiesme se nomme Bransle à mener, ou de Poitou, sa mesure est sesquialtere, ou hemiolia. Il a neuf pas, six mesures & dix-huict mouuemens : sa mesure est Peonique. Or chacun meine le Bransle à son tour, & le premier qui le meine quitte la main gauche & fait la reuerence à la personne qu'il tient de la main droite ; & apres auoir baisé la main, il la reprend & meine le Bransle, qui coule fort viste, & ayant fait vn ou deux tours par la sale, il quitte la personne qu'il tenoit par la main, afin d'aller chercher la queuë du Bransle, & de donner la main gauche à la personne qu'il trouue au bout ; & si tost que chacun a mené quelqu'vn à son tour, on se remet en rond pour dancer les [p168] autres Bransles. Quelques-vns rapportent le mouuement de cette dance au battement du Mareschal : son Exemple est encore du septiesme Mode.
Le sixiesme [Bransle] s'appelle la Gauote, c'est à dire la dance aux chansons : sa mesure est binaire assez graue, & se peut rapporter au mouuement Choreobacchique ∪ ∪ ∪ ∪ − −, il a huict pas, quatre mesures, & seize mouuemens ; son Exemple est aussi de l'onziesme Mode transposé vn ton plus bas. Il fait la conclusion des Bransles, & apres auoir esté dancé vne fois, ou deux en rond, celuy qui a commencé le Bransle à mener, fait la reuerence à sa Dame, deuant laquelle il dance seulement huict pas, & l'ayant prise souz le bras droit, il luy fait faire vn tour, & puis vn autre du bras gauche auec chacun huict pas, & luy ayant fait la reuerence il la remet en sa place, & reprend la sienne ; & apres que chacun a fait la mesme chose à son tour, on fait la reuerence generale, & chaque homme remene sa femme au lieu où il l'auoit prise pour dancer : or il faut remarquer que l'on peut faire vne infinité de Bransles souz chacune de ces especes, & que l'on en peut adiouster tant d'autres que l'on voudra : par exemple les Passe-pieds de Bretagne […]
PROPOSITION XXV. Expliquer les dances & les mouuemens des Balets ordinaires ; & particulierement la Canarie, la Bocanne, la Courante à la Reyne, la Bohemienne, & la Moresque.
Encore que les mouuemens qui seruent aux Airs & aux dances, appartiennent à la Rythmique dont nous n'auons pas encore parlé, neantmoins il a esté necessaire d'en traiter icy, afin de faire comprendre les differentes especes des Airs, & des chants dont vsent les François : mais il est si aysé d'entendre tout ce qui concerne ces mouuemens, qu'il n'est pas necessaire d'en faire vn liure particulier, puis que les plus excellens pieds metriques, qui ont donné le nom, & la naissance à la Rythmique des Grecs, sont pratiquez dans les airs de Balet, dans les chansons à dancer, & dans toutes les autres [p178] actions qui seruent aux recreations publiques ou particulieres, comme l'on aduoüera quand on aura reduit les pieds qui suiuent aux airs que l'on recite, ou que l'on iouë sur les Violons, sur le Luth, sur la Guiterre, & sur les autres instrumens. Or ces pieds, peuuent estre appellez mouuemens, afin de s'accommoder à la maniere de parler de nos Practiciens, & compositeurs d'airs ; c'est pourquoy ie me seruiray desormais de ce terme, pour ioindre la Theorie à la Pratique, apres auoir donné l'exemple d'vn balet qui a seize mouuemens differens, qui sont exprimez par les nombres qui suiuent chaque clef ; car 2 signifie que le mouuement est deux fois plus viste que le precedent, & 3, 4, &c. qu'il est quatre fois plus viste : quoy que cette difference de vitesse ne varie pas l'espece des mouuemens dont ie parle maintenant.
Si nos Compositeurs ont l'oreille si delicate qu'ils craignent que ces vocables Grecs ne la blesse, ils peuuent vser de tels noms qu'il leur plaira, par exemple de ceux qui donnent à leurs airs, dont ils disent que ceux-cy ont le mouuement de la Courante, ceux-là de la Sarabande, & ainsi des autres : ou de ceux qui se remarquent aux differens battemens des Tambours, des mareschaux, des fleaux dont plusieurs battent ensemble les bleds dans les granges, & dans les aires, & plusieurs autres que l'on obserue dans plusieurs arts. Quoy qu'il en soit, il est necessaire que tous les airs, & toutes les danses se facent souz les mouuemens precedens, dont chaque partie peut estre appellée pied, pas, ou point.
J’ay leu que Ciceron fit reproche a Gabinius consulaire qu’il avoit dancé. Tiberius chassa de Romme les danceurs. Domitian osta du nombre des senateurs, aulcuns qui avoient dancé. Alphonse roy d’arragon blasmoit les gaulois parce qu’il les voioit delecter aux dances. Le Sainct prophete Moyse se courrouça voyant dancer les enfans d’Israel.
Pour un qui les [les danses] â blasmées, une infinité d’aultres les ont louées et estimées. Le Sainct prophete royal david dança au devant de l’arche de Dieu : Et pour le regard du Sainct prophete Moyse, il ne se courrouça pas de veoir dancer, mais il estoit marry que ce fust a-lentour d’un veau d’or, qui estoit une ydololatrie : Quant a Ciceron il avoit des varices et jambes enflées, et blasmoit ce qu’il n’eust sceu faire, disant qu’il ne voioit guieres dancer ceulx qui estoient á jeun. Appius claudius ayant triumphé, les appreuva.
Les indes saluent le soleil en dançant, Et ceulx qui ont voyagé ez terres neufves rapportent que les sauvages dancent quant ilz aperçoivent le soleil se monstrer sur l’orizon. Socrates apprint a dancer de Aspasia. Les saliens tresnobles prebstres de Mars dançoient en leurs sacrifices. Les choribantes en frigie. Les lacedemoniens et ceux de Crete n’alloient a l’assault contre leurs ennemis sinon en dançant. Vulcan grava sur une targue une dance comme chose tresbelle a veoir. Museus et Orpheus, voulurent que leurs hymnes qu’ilz avoient composées en l’honneur des dieux, fussent chantées avec dances.
En l’eglise primitive la coustume continuée jusques en nostre temps, a esté de chanter les hymnes de nostre eglise en dançant et ballant et y est encor en plusieurs [f3v] lieux observée.
Vous pouviez encor alleguer, que nostre seigneur (en Sainct Mathieu unziesme et Sainct Luc 7) reprochoit aux pharisiens, rebours et mal affectionnez, Nous avons chanté et flutté, et vous n’avez pas dancé. Je vous diray, il vous fault faire comme fit Demetrius lequel ayant blasmé les dances, après qu’il eut veu dancer une mascarade en laquelle on representoit l’adultere de Mars et Venus, confessa qu’il n’y avoit si belle chose au monde. Vous pouvez en peu de temps recouvrer ceste perte consideré mesmement que vous estes musicien, et que la dance est dependant de la musique et modulations d’icelle, qui est un des sept arts liberaux.
Pollux et Castor, aprindrent les Cariens à dancer. Neoptolemus filz d’Achiles enseigna une dance appellée la pirrichie a ceulx de crete pour s’en aider en la guerre. Epaminundas en usoit fort dextrement, au choq d’une bataille, affin que tous ensemble marchassent contre l’ennemy. Xenophon rapporte que lon fit dances et mascarades pour recepvoir les capitaines de Cirus.
[…] auec ceste parure commencerent à ioüer la premiere entree du Balet. Apres ces violons entrerent en la salle les douze pages, par les mesmes treilles, six d’vne part, & autres six de l’autre : & tous estans placez on veit venir soudain apres eux les douze nymphes Naiades, entrans aussi six par vne treille, & six par l’autre : qui ne furent plustost apperceuës par les violons qu’ils changerent de note & de son, pour entrer en la seconde partie de l’entree du Balet, en laquelle ces nymphes vindrent dansans iusques aux maiestez du Roy & Royne sa mere, auec cest ordre. Au premier passage de l’entree estoyent six de front, toutes en vn rang du trauers de la salle, & trois deuant en vn triangle bien large : duquel la Royne marquoit la premiere pointe, & trois derriere de mesme : puis selon que le son se changeoit, elles se tournoyent aussi, faisans le limaçon au rebours les vnes des autres, tantost d’vne façon, tantost d’vne autre, & puis reuenoyent à leur premiere marque. Comme elles furent arriuees aupres du Roy, continuerent tousiours la partie de ce Balet, composé de douze figures de Geometrie, toutes diuerses l’vne de l’autre : & sur le dernier passage les violons ioüerent vn son fort gay, nommé la Clochette.
[…] Mercure […] ayant mis fin à sa chanson il espandit la liqueur du ius de la racine du Moly, qu’il auoit en vne fiole doree, dessus les testes des nymphes : et la ietta auec telle industrie, qu’elle reiaillit aussi sur les violons, lesquels ne furent pas si tost arrousez de ceste eau, que soudain recommançans à iouer, les nymphes se prindrent aussi à danser, & poursuiure leur Balet comme deuant qu’elles fussent enchantees.
Ce fut lors que les violons changerent de son & se prindrent à sonner l’entree du grand Balet, composé de quinze passages, disposez de telle façon, qu’à la fin du passage toutes tournoyent tousiours la face vers le Roy : deuant la maiesté duquel estans arriuees, danserent le grand Balet à quarante passages ou figures Geometriques : & icelles toutes iustes & considerees en leur diametre, tantost en quarré, & ores en rond, & de plusieurs & diuerses façons, et aussi tost en triangle, accompagné de quelque autre petit quarré, & autres petites figures.
Auec cest ordre & ordonnance elles meinent les princes pour dancer le grand Bal : & iceluy finy on se meit aux bransles, & autres dances accoustumees és grands festins & esiouïssemens
Mais parce que i'ay déja donné quelques exemples des chants de l'Eglise dans la 4 proposition, & des chants de deuotion dans vn [p164] autre lieu, & que ie reserue les Motets & les autres pieces à deux ou plusieurs parties de contre-point tant simple que figuré pour le liure de la Composition ; ie mettray seulement icy les exemples des Chansons ou des Airs qui seruent à faire dancer, & à ioüer sur les Instrumens, dont la plus grande partie est propre pour les Violons.
La Passemezze est vn chant à l'Italienne propre à dancer : elle seruoit le temps passé d'entree aux basses dances : or elle se dance en faisant quelques tours par la sale auec certains pas posez, & puis en la trauersant par le milieu, comme le mot le porte ; ou bien elle a ce nom du pas & demy dont elle se mesure : son exemple est du premier mode en son propre ton, & se rapporte au pied Choreobachique ∪ ∪ ∪ ∪ − − : sa mesure est binaire.
La Pauanne vient d'Espagne, & est ainsi nommee parce que ceux qui la dancent font des roües l'vn deuant l'autre à la façon des Paons, & auec telle grauité que la cappe & l'espee ne nuisent de rien, & qu'elles semblent estre necessaires pour mieux contrefaire la roüe des Paons, d'où cette dance a pris son nom : elle marche sur le mesme pied que la precedente, & a 16 mesures & 14 couplets : son exemple est du 4 mode.
L'Allemande est vne dance d'Allemagne, qui est mesuree comme la Pauanne, mais elle n'a pas esté si vsitee en France que les precedentes : on peut l'appeller [p165] Vaudeuille, ou Gauote, & a sa mesure binaire. Son exemple est du second Mode : on se contente auiourd'huy de la iouër sur les instrumens sans la dancer, non plus que la Passemezze, si ce n'est aux Balets : son Exemple est du second Mode.
La Sarabande a esté inuentée par les Sarrazins, ou Mores, dont elle a pris son nom ; car on tient que la Comedienne nommée Sarabande la dança la premiere en France : quelques-vns croyent qu'elle vient du mot Espagnol Sarao, lequel entr'autres significations veut dire Bal en Espagnol, ou de Banda qui signifie assemblée, comme si plusieurs se deuoient assembler pour cette sorte de dance : ce que les Mores obseruoient peut-estre, encore que les François & les Espagnols ne la dancent qu'à deux. Son mouuement est Hegemeolien ∪ ∪ ∪ − ∪. Elle se dance au son de la Guiterre, ou des Castaignettes, & ce par plusieurs couplets sans nombre : ses pas sont composez de tirades, ou de glissades : son Exemple est de l'onziesme Mode transposé vn ton plus bas : sa mesure est Hemiolia, & suit le battement du Mareschal.
La Volte monstre ce semble par son nom qui signifie torner, qu'elle vient d'ltalie, car elle se dance en tornant : quoy qu'il y ayt si long-temps qu'elle est en France, qu'on la peut dire naturelle. Elle a peut-estre aussi ce nom, parce qu'apres quelques pas droits l'homme fait sauter la femme, qu'il meine en tornant, & qu'apres l'auoir menée vn tour vn certain temps, il la prend du bras gauche par le fort du corps, & la fait tourner plusieurs tours en la leuant fort haut, comme s'il la vouloit faire voler : sa mesure est ternaire, & suit le mouuement du petit tambour. Elle a deux mesures & vn pas, & contient le quatriesme Pæon ∪ ∪ ∪ −, le Dijambe ∪ − ∪ −, & l'Ionique mineur ∪ ∪ − −. Son Exemple est du dixiesme Mode transposé.
La Courante est la plus frequente de toutes les dances pratiquées en France, & se dance seulement par deux personnes à la fois, qu'elle fait courir souz vn air mesuré par le pied Iambique ∪ −, de sorte que toute cette dance n'est qu'vne course sautelante d'allées & de venuës depuis le commencement iusques à la fin. Elle est composée de deux pas en vne mesure, à sçauoir d'vn pas de chaque pied : or le pas a trois mouuemens, à sçauoir le plier, le leuer, & le poser. Son mouuement est appellé sesquialtere ou triple, & son Exemple est du quatriesme Mode en son propre ton. L'on peut neantmoins luy donner telle mesure que l'on voudra.
La Gaillarde est vne dance qui a pris son nom de la gaillardise dont on vse en la dançant, & de la liberté qui permet d'aller de biais, de trauers, & de long par tous les endroits de la sale, tantost terre à terre, & tantost en cabriole, ce qui se fait entre chas & en sauts ronds. Quelques-vns disent qu'elle vient de Rome, de là vient qu'ils l'appellent Romanesque : sa mesure est ternaire, & suit le mouuement du tambour Italien, ou le pied Pyrrichianapeste ∪ ∪ ∪ ∪ −. Elle a ordinairement trois pas & cinq mesures. Son Exemple est du dixiesme Mode. Mais parce que le discours ne suffit pas pour donner la parfaite intelligence de ces especes de dances, si l'on n'en void la Pratique, i'en mets icy des Exemples ; quoy qu'il faille remarquer que l'on peut accommoder d'autres mouuemens que les precedens aux Exemples qui suiuent.
Apres auoir expliqué toutes les sortes de Chants, dont on vse dans les Passemezzes, Pauannes, Sarabandes, Courantes, Gaillardes, Voltes, & Allemandes, il est raisonnable que nous expliquions les especes de Bransles, qui sont propres à nostre nation. Or il y en a de six especes, qui se dansent maintenant à l'ouuerture du Bal les vns apres les autres par tant de personnes que l'on veut, car vne troupe entiere se tenant par les mains se donne d'vn commun accord vn bransle continuel, tantost en auant, & tantost en arriere ; ce qui se fait souz diuers mouuemens, ausquels on approprie plusieurs sortes de pas selon la difference des airs, dont on vse.
Ils [les bransles] se dansent fort grauement en rond au commencement du Bal souz mesme cadence & bransle de corps ; dont le premier s'appelle Bransle simple, qui n'auoit autrefois que six mesures & huict pas, mais on le compose à present de dix pas, de douze mouuemens & de six mesures binaires : l'Exemple que i'en donne est du septiesme Mode transposé vne Quarte en haut, afin qu'il ayt son ♭ mol en ♭ fa ♮ mi : & son mouuement est Dactylique spondaique − ∪ ∪ − −.
Le second Bransle s'appelle Gay, & se danse plus viste que le premier : il est composé de six mouuemens, de trois pas, & de deux mesures, & suit le battement du tambour de Suisse, c'est à dire qu'il se danse souz l'Ionique mineur ∪ ∪ − −. Son Exemple est aussi du septiesme Mode transposé comme le precedent, & sa mesure est ternaire.
Le troisiesme se nomme Bransle à mener, ou de Poitou, sa mesure est sesquialtere, ou hemiolia. Il a neuf pas, six mesures & dix-huict mouuemens : sa mesure est Peonique. Or chacun meine le Bransle à son tour, & le premier qui le meine quitte la main gauche & fait la reuerence à la personne qu'il tient de la main droite ; & apres auoir baisé la main, il la reprend & meine le Bransle, qui coule fort viste, & ayant fait vn ou deux tours par la sale, il quitte la personne qu'il tenoit par la main, afin d'aller chercher la queuë du Bransle, & de donner la main gauche à la personne qu'il trouue au bout ; & si tost que chacun a mené quelqu'vn à son tour, on se remet en rond pour dancer les [p168] autres Bransles. Quelques-vns rapportent le mouuement de cette dance au battement du Mareschal : son Exemple est encore du septiesme Mode.
Le sixiesme [Bransle] s'appelle la Gauote, c'est à dire la dance aux chansons : sa mesure est binaire assez graue, & se peut rapporter au mouuement Choreobacchique ∪ ∪ ∪ ∪ − −, il a huict pas, quatre mesures, & seize mouuemens ; son Exemple est aussi de l'onziesme Mode transposé vn ton plus bas. Il fait la conclusion des Bransles, & apres auoir esté dancé vne fois, ou deux en rond, celuy qui a commencé le Bransle à mener, fait la reuerence à sa Dame, deuant laquelle il dance seulement huict pas, & l'ayant prise souz le bras droit, il luy fait faire vn tour, & puis vn autre du bras gauche auec chacun huict pas, & luy ayant fait la reuerence il la remet en sa place, & reprend la sienne ; & apres que chacun a fait la mesme chose à son tour, on fait la reuerence generale, & chaque homme remene sa femme au lieu où il l'auoit prise pour dancer : or il faut remarquer que l'on peut faire vne infinité de Bransles souz chacune de ces especes, & que l'on en peut adiouster tant d'autres que l'on voudra : par exemple les Passe-pieds de Bretagne […]
A quoy l'on peut adiouster que les sons, & les mouuemens des chansons gayes approchent plus pres de la vie, que ceux des airs tristes, puis que la vie consiste dans vn mouuement perpetuel & continu, car les battemens d'air qui font les sons aigus, & les mouuemens rythmiques qui sont plus frequens, s'approchent plus pres de la continuité que ceux des sons graues, & des mouuemens pesans & tardifs des airs tristes, qui representent vne vie interrompuë & mourante. Et l'on experimente que les chansons gayes sont si propres à danser, que ceux mesmes qui n'ont iamais apris cet exercice se mettent à danser, ou tesmoignent par quelque mouuement du corps le contentement qu'ils reçoiuent de ces Chansons : ce qui n'arriue point aux airs tristes & lugubres, qui sont plus propres pour faire pleurer & mourir les Auditeurs, que pour les faire rire, ou les faire viure : car ces airs sont composez de mouuemens propres pour engendrer la tristesse, & consequemment pour faire tomber des defluxions sur les membres, qui les rendent enfin paralytiques & incapables de mouuement.
Encore que les mouuemens qui seruent aux Airs & aux dances, appartiennent à la Rythmique dont nous n'auons pas encore parlé, neantmoins il a esté necessaire d'en traiter icy, afin de faire comprendre les differentes especes des Airs, & des chants dont vsent les François : mais il est si aysé d'entendre tout ce qui concerne ces mouuemens, qu'il n'est pas necessaire d'en faire vn liure particulier, puis que les plus excellens pieds metriques, qui ont donné le nom, & la naissance à la Rythmique des Grecs, sont pratiquez dans les airs de Balet, dans les chansons à dancer, & dans toutes les autres [p178] actions qui seruent aux recreations publiques ou particulieres, comme l'on aduoüera quand on aura reduit les pieds qui suiuent aux airs que l'on recite, ou que l'on iouë sur les Violons, sur le Luth, sur la Guiterre, & sur les autres instrumens. Or ces pieds, peuuent estre appellez mouuemens, afin de s'accommoder à la maniere de parler de nos Practiciens, & compositeurs d'airs ; c'est pourquoy ie me seruiray desormais de ce terme, pour ioindre la Theorie à la Pratique, apres auoir donné l'exemple d'vn balet qui a seize mouuemens differens, qui sont exprimez par les nombres qui suiuent chaque clef ; car 2 signifie que le mouuement est deux fois plus viste que le precedent, & 3, 4, &c. qu'il est quatre fois plus viste : quoy que cette difference de vitesse ne varie pas l'espece des mouuemens dont ie parle maintenant.
L'on peut encore rapporter à nostre temps l'inuention des tambours ou barillets, dont on vse pour faire ioüer plusieurs pieces de Musique sur les Epinettes sans l'industrie de la main, car les Allemands sont si ingenieux qu'ils font ioüer plus de 50. pieces differentes par le moyen de plusieurs ressorts, qui font mesme dancer des balets à plusieurs figures qui sautent & se meuuent à la cadence des chansons, sans qu'il soit besoin de toucher l'instrument, apres auoir bandé ses ressorts. Et ie ne doute pas que l'on ne puisse remplir vne ville toute entiere de Musique, de sorte qu'il n'y aura nulle maison qui n'ayt son harmonie, lors qu'on laschera quelque ressort, dont ie parleray peut-estre dans le liure des Orgues. L'on a semblablement inuenté des roüets harmoniques pour filer & pour deuider le fil, qui chantent ou se taisent quand on veut ; & chaque artisan peut mesler la Musique dans ses ouurages par le moyen des roües, des maniuelles, des pignons, des lanternes & de plusieurs sortes de ressorts, qui composent les Automates, que chacun nomme comme il luy plaist, par exemple Mador & Angelique. Quelques-vns font parler deux rangs de chordes auec vne seule plume d'vn sautereau, & d'autres emplument les sautereaux si delicatement que l'harmonie des chordes en est beaucoup plus rauissante, & ie ne doute nullement que l'on ne puisse encore adiouster plusieurs delicatesses, & plusieurs ieux aux Clauecins, dont la recherche appartient aux Facteurs.
LIVRE QVATRIESME DES INSTRVMENS A CHORDES. PREMIERE PROPOSITION. EXPLIQVER LA FIGVRE, LA MATIERE, les parties, l'accord, l'estenduë & l'vsage des Violons. Le Violon est l'vn des plus simples instrumens qui se puissent imaginer, dautant qu'il n'a que quatre chordes, & qu'il n'a point de touches sur son manche, c'est pourquoy l'on peut faire dessus toutes les Consonances iustes, comme auec les voix, dautant que l'on le touche où l'on veut : ce qui le rend plus parfait que les instrumens à touche, dans lesquels on est contraint d'vser du temperament, & d'affoiblir ou d'augmenter la plus grande partie des Consonances, & d'alterer tous les interualles de Musique, comme ie monstreray apres.
A quoy l'on peut adiouster que ses sons ont plus d'effet sur l'esprit des auditeurs que ceux du Luth ou des autres instrumens à chorde, parce qu'ils sont plus vigoureux & percent dauantage, à raison de la grande tension de leurs chordes & de leurs sons aigus. Et ceux qui ont entendu les 24. Violons du Roy, aduoüent qu'ils n'ont iamais rien ouy de plus rauissant ou de plus puissant : de là vient que cet instrument est le plus propre de tous pour faire danser, comme l'on experimente dans les balets, & par tout ailleurs. Or les beautez & les gentillesses que l'on pratique dessus sont en si grand nombre, que l'on le peut preferer à tous les autres instrumens, car les coups de son archet sont par fois si rauissans, que l'on n'a point de plus grand mescontentement que d'en entendre la fin, particulierement lors qu'ils sont meslez des tremblemens & des flattemens de la main gauche, qui contraignent les Auditeurs de confesser que le Violon est le Roy des instrumens.
Car encore que l'on iouë plusieurs parties ensemble sur le Luth & sur l'Epinette, & consequemment que ces instrumens soient plus harmonieux [que le Violon], neantmoins ceux qui iugent de l'excellence de la Musique, & de ses instrumens par la beauté, & par l'excellence des airs & des chansons, ont des raisons assez puissantes pour maintenir qu'il [le Violon] est le plus excellent, dont la meilleure est prise des grands effets qu'il a sur les passions, & sur les affections du corps & de l'esprit. Mais auant que de passer outre, il faut expliquer la figure des Violons, dont le moindre se nomme la Poche, à raison qu'il est si petit que les Violons qui enseignent à danser, le portent dans leurs poches. Cet instrument est composé de trois parties, comme les autres instrumens, à sçauoir de la table L E, du manche D B, & du corps, dont on void seulement le costé M D. Il a souuent les trois ouuertures, qui sont icy marquées de G F & E, qui a la figure d'vn coeur, & les deux ouuertures G F s'appellent les ouyes. Le dessus du manche D B, sur lequel les chordes sont estenduës, est [p178] nommé la Touche : I H represente le cheualet, qu'il faut s'imaginer releué & posé à plomb sur la table. K L signifie la queuë, qui est faite d'vn morceau de bois, auquel les chordes sont attachées du costé K ; elle est attachée & arrestée au bouton M : les autres l'appellent le Tirant. La lettre A est dans la teste du manche, sur laquelle l'on peut faire vn Orphée, ou tel autre ornement que l'on veut : ce qu'il faut remarquer pour tous les ornemens dont on vse sur les autres instrumens, que quelques-vns couurent de nacres de perles, de rubis, ou d'autres pierres precieuses, quoy que cela ne serue de rien à la bonté de l'instrument.
Atarantado, Vn qui est mordu de la tarantole, qui est un petit animal venimeux, la piqeure duquel fait tembler la personne, & se guerit par le son de quelques instruments, en faisant danser le patient, en tant qu'il s'eschauffe jusques à suer.
A quoy l'on peut rapporter la diuision [des chants] que l'on en fait maintenant en trois genres, dont l'vn est le Vaudeuille ou la Chanson, l'autre est le Motet ou la Fantaisie, & le troisiesme genre contient toutes les especes de Danseries. Et finalement si l'on veut vne diuision plus particuliere, l'on peut mettre douze sortes de compositions de Musique qui se pratiquent en France, à sçauoir les Motets, les Chansons, ou les Airs, les Passemezzes, les Pauannes, les Allemandes, les Gaillardes, les Voltes, les Courantes, les Sarabandes, les Canaries, les Branles, & les Balets, dont l'on void des exemples à la fin de ce liure, où i'en mets les definitions, ou les descriptions.
On peut reduire toutes les sortes de chants à trois genres, à sçauoir à la Chanson, ou Vaudeuille, au Motet, ou à la Fantaisie, & à toutes les especes de danceries ; ou à douze sortes de compositions de Musique, à sçauoir aux Motets, Chansons, Passemezzes, Pauannes, Allemandes, Gaillardes, Voltes, Courantes, Sarabandes, Canaries, Branles, & Balets, dont ie mets icy la definition ou la description, & l'origine auec vn exemple de chacune, afin que tous les puissent comprendre tres-aisément.
Quant aux danceries, il y a plusieurs especes qui appartiennent à la Musique Metrique, dautant qu'elles sont sujettes à de certaines mesures, ou pieds reglez & contez : & l'on en peut inuenter vn nombre infiny selon les inuentions qui naissent tous les iours dans les esprits de ceux qui s'en meslent. I'expliqueray seulement dans cette proposition, & dans les deux autres qui suiuent celles qui nous sont connuës, & qui sont particulieres à la France, ou naturelles aux autres nations dont nous les auons tirees.
J’ay leu que Ciceron fit reproche a Gabinius consulaire qu’il avoit dancé. Tiberius chassa de Romme les danceurs. Domitian osta du nombre des senateurs, aulcuns qui avoient dancé. Alphonse roy d’arragon blasmoit les gaulois parce qu’il les voioit delecter aux dances. Le Sainct prophete Moyse se courrouça voyant dancer les enfans d’Israel.
Il me souvient que le poëte mect les danceurs entre les bien heureux, disant en son sixieme des Æneides, Pars pedibus plaudunt choreas et carmina dicunt.
[…] Circe […] courut iusques au milieu de la salle presque auec vne furie, passant parmy ceste belle troupe de danseresses, comme elle auoit faict auparauant, & les toucha vne seconde fois, ensemble les violons, les remettant en l’estat duquel Mercure les auoit ostez
Dança de espadas. Esta dança se usa en el reyno de Toledo, y dán. anla en camisa y en gregesgos de lienço, con unos tocadores en la cabeça, y traen espadas blancas y hezen con ellas grandes bueltas y rebueltas, y una mudança que llaman la degollada, porque cercan el cuello del que los guía con las espadas, y quando parece que se la van a cortar por todas partes, se les escurre de entre ellas […]
Y queriendo recrearle [el ánimo], y mudarle en otros [ejercicios] que fuessen prouechosos al cuerpo, se entró en vna pieça donde tañian quatro viguelas de arco, que las tocauan con marauillosa dulçura: que cierto entre toda la variedad que se halla en la musica instrume[n]tal, ninguna ay que con tanta suauidad, grauedad, concordia y fidelidad se ajuste al oydo del hombre, como este instrumento: y si como guarda cada vno vna voz, pudiesse cumplir el solo con todas, como haze la viguela de mano, ninguna cosa auria en la tierra que le ygualasse. Tañero[n] alli acordadamente algunos bayles, y danças estra[n]geras y españolas, en las quales el Principe nuestro señor se exercitò vn bue[n] rato.
Y queriendo recrearle [el ánimo], y mudarle en otros [ejercicios] que fuessen prouechosos al cuerpo, se entró en vna pieça donde tañian quatro viguelas de arco, que las tocauan con marauillosa dulçura: que cierto entre toda la variedad que se halla en la musica instrume[n]tal, ninguna ay que con tanta suauidad, grauedad, concordia y fidelidad se ajuste al oydo del hombre, como este instrumento: y si como guarda cada vno vna voz, pudiesse cumplir el solo con todas, como haze la viguela de mano, ninguna cosa auria en la tierra que le ygualasse. Tañero[n] alli acordadamente algunos bayles, y danças estra[n]geras y españolas, en las quales el Principe nuestro señor se exercitò vn bue[n rato.
Y queriendo recrearle [el ánimo], y mudarle en otros [ejercicios] que fuessen prouechosos al cuerpo, se entró en vna pieça donde tañian quatro viguelas de arco, que las tocauan con marauillosa dulçura: que cierto entre toda la variedad que se halla en la musica instrume[n]tal, ninguna ay que con tanta suauidad, grauedad, concordia y fidelidad se ajuste al oydo del hombre, como este instrumento: y si como guarda cada vno vna voz, pudiesse cumplir el solo con todas, como haze la viguela de mano, ninguna cosa auria en la tierra que le ygualasse. Tañero[n] alli acordadamente algunos bayles, y danças estra[n]geras y españolas, en las quales el Principe nuestro señor se exercitò vn bue[n] rato.
Y queriendo recrearle [el ánimo], y mudarle en otros [ejercicios] que fuessen prouechosos al cuerpo, se entró en vna pieça donde tañian quatro viguelas de arco, que las tocauan con marauillosa dulçura: que cierto entre toda la variedad que se halla en la musica instrume[n]tal, ninguna ay que con tanta suauidad, grauedad, concordia y fidelidad se ajuste al oydo del hombre, como este instrumento: y si como guarda cada vno vna voz, pudiesse cumplir el solo con todas, como haze la viguela de mano, ninguna cosa auria en la tierra que le ygualasse. Tañero[n] alli acordadamente algunos bayles, y danças estra[n]geras y españolas, en las quales el Principe nuestro señor se exercitò vn bue[n rato.
Dança. Quasi ducança, a ducendo, porque va uno delante que es le que la guía, y los demás le siguen; y por alusión dezimos el que guía la dança, por el que maneja algún negocio y lleva tras si los votos de los demás, siendo la guía y cabeça dellos. Antiguamente avía muchas diferencias de danças: unas de donzellas coronadas con guirnaldas de flores, y éstas hazían corros y cantavan y baylavan en alabança de los dioses. Otras eran de hombres en dos diferencias; unas mímicas, que responden a las de los matachines, que dançando representavan sin hablar, con solos ademanes, una comedia o tragedia; otras danças avía de hombres armados, que a son del instrumento y a compás ivan unos contra otros, y travavan una batalla. Éstos se llamaron pyrricos, del nombre de Pyrro, inventor deste género de dança, para acostumbrar a los mancebos a sufrir las armas y a caminar, y a saltar con ellas. […]
[…] yo Alonso de Rojas tañedor vecino de la noble ciudad de Cuenca […] me obligo de mostrar danzar e bailar a los pajes del reverendo y noble señor el arcediano de Toledo que son Afragan e Cabrera e a Cetina e Montemayor e Juan de Lezcano e a la señora doña Mencia e a Hernando de Cabrera, los cuales han de saber danzar la baxa de Castilla y alta y goyoso y otra cualquiera danza e bailar cualquier baile especialmente el baile del Rey don Alonso y un villano y andar un lacayo [¿?] y un contrapaso lo cual tengo de principiar a mostrar con lo que esta principiado desde hoy dia de la fecha hasta que los dichos danzantes sepan danzar lo susodicho y bailar esto […]
[.] yo Alonso de Rojas tañedor vecino de la noble ciudad de Cuenca [.] me obligo de mostrar danzar e bailar a los pajes del reverendo y noble señor el arcediano de Toledo que son Afragan e Cabrera e a Cetina e Montemayor e Juan de Lezcano e a la señora doña Mencia e a Hernando de Cabrera, los cuales han de saber danzar la baxa de Castilla y alta y goyoso y otra cualquiera danza e bailar cualquier baile especialmente el baile del Rey don Alonso y un villano y andar un lacayo [¿?] y un contrapaso lo cual tengo de principiar a mostrar con lo que esta principiado desde hoy dia de la fecha hasta que los dichos danzantes sepan danzar lo susodicho y bailar esto [.]
[…]asi he tomado el a treuimeniento de presentar a VS. este retrato de la Guitarra. aunque es verdad. que enpoco tiempo VS. a comprehendido casi todo loque yo he podido componer y juntar. en el hallara nueuamente çifrado curiosos Romançes. Seguidillas. Chaconas. Çarauandas. Pasacalles. Gallardas romanescas. Satiras. Liras. Cançiones Zampa palos. guineos. Pauanas. Otauas y quartillas glosas y egnimas. la morisca. las folias de ocho maneras. el rastreado el Ay ay ay, letrillas de theatro. la dança de la Hacha. amorosas en dechas. seguidillas. en Eco. el saltaren. y el cauallero Español. yotras cosas que son de gusto y no de mucha pena.Ami me pesa mucho de haçer presente a VS. de vn metodo ala ora que save casi todo lo que enel se ençierra [...] Muchos ay señora mia que se burlan de la Guitarra y de su son. pero si bien consideran hallaran que la Guitarra es vn instrumento el mas favorable para nuestros tiempos que jamas sebio.
De mas desto añadieron en la Musica los bailes y danças, acompañandolos (que es lo peor) con muchas cosas demasiadas, y con vnos mouimientos menos que honestos; cantando palabras y materias indignas de vn animo virtuoso y noble, como vemos en estos nuestros infelices y desdichados tiempos. Adonde assi como la Musica primeramente era honesta, varonil y prouechosa: assi començo después degenerar de la primera forma que retenia, y perder su primera y severa gravedad; haziendose affeminada, lasciua, poco honesta. y muy dañosa à los amimos castos y virtuosos.
Y à hazer esto se mouieron con mucha razon, pues vemos claramente que los que en su mocedad, dexados los estudios de las cosas de mayor importancia, se dieron solamente à conuersar con parasitos; estando siempre en las escuelas de juegos y de danças, tañendo todo el dia la quitarra y el laud, y cantando à cada hora cantares menos que honestos con tantos maricones affeminados, y sin algun genero de buena costumbre.
Zambra. Dança morisca. En rigor zambra vale tanto como música de solplo o silvo, porque se dança al son de dulçauana y flautas. Según el padre de Palencia originalmente es hebreo, de […], cantar, y de ay […]. Mizmor, el psalmo y zambra, dança en mizmor, el psalmo y zambra, dança en que se canta y tañe.
Alta y baxa. Dos géneros de dan ças que truxeron a España estrangeros, que se dançavan en Alemania la alta la una, y la otra en Alemaña ka baxa, que es en Flandes.
Dança. Quasi ducança, a ducendo, porque va uno delante que es le que la guía, y los demás le siguen; y por alusión dezimos el que guía la dança, por el que maneja algún negocio y lleva tras si los votos de los demás, siendo la guía y cabeça dellos. Antiguamente avía muchas diferencias de danças: unas de donzellas coronadas con guirnaldas de flores, y éstas hazían corros y cantavan y baylavan en alabança de los dioses. Otras eran de hombres en dos diferencias; unas mímicas, que responden a las de los matachines, que dançando representavan sin hablar, con solos ademanes, una comedia o tragedia; otras danças avía de hombres armados, que a son del instrumento y a compás ivan unos contra otros, y travavan una batalla. Éstos se llamaron pyrricos, del nombre de Pyrro, inventor deste género de dança, para acostumbrar a los mancebos a sufrir las armas y a caminar, y a saltar con ellas. […]
Dança de espadas. Esta dança se usa en el reyno de Toledo, y dán. anla en camisa y en gregesgos de lienço, con unos tocadores en la cabeça, y traen espadas blancas y hezen con ellas grandes bueltas y rebueltas, y una mudança que llaman la degollada, porque cercan el cuello del que los guía con las espadas, y quando parece que se la van a cortar por todas partes, se les escurre de entre ellas […]
Folía. Es una cierta dança portuguesa, de mucho ruido; porque ultra de ir muchas figuras a pie con sonajas y otros instrumentos, llevan unos ganapanes disfraçados sobre sus ombros unos muchachos vestidos de donzellas, que con las mangas de punta van haziendo tornos y a vezes bailan, y también tañen sus sonajas y es tan grande el ruido y el son tan apresurado, que parecen estar los unos y los otros fuera de juyzio. Y assi le dieron a la dan; a el nombre de folía de la palabra toscana folle, que vale vano, loco, sin seso, que tiene la cabeça vana. Petrarcha; Sy traviato el folle el moi desio, etc.
[…] El instrumento que agora llamamos salterio es un instrumento que tendrá de ancho poco más que un palmo, y de largo una vara, hueco por dedentro, y el alto de las costillas de cuatro dedos; tiene muchas cuerdas, todas de alambre, y concertadas de suerte que tocándolas todas juntas con un palillo guarnecido de grana hace un sonido apacible; y su igualdad sirve de bordón para la flauta, que el músico deste instrumento tañe con la mano siniestra y conforme al son que se quiere hacer, sigue el compás con el palote; úsase en las aldeas, en las procesiones, en las bodas, en los bayles y danças. Díxose a psallendo, porque al son suyo acostumbraban cantar.
Y el día pasado y venida la noche, el dicho señor Condestable se retrayó a çenar, do asaz conbidados çenaron con él. Y después de muchos bayles e danças e cosautes e corros e otras maneras de plaser que todo el mundo andava como fuera de tiento, demandada e reçebida colaçión por todos, retrayóse a dormir.
Symbolos se dizen tambien las señales, mas son aquellas, que como en cifra dan a entender alguna cosa, y son en la guerra las que se llamaron entre los Latinos Tesseras [...] y segun Onosandro, son necessarias, para que entendidas vna vez las señalus [=señales], fuesse comun lenguage a todos los que de diferentes naciones se suelen juntar en los exercitos; y tambien para que el enemigo estando cerca, no pueda entenderlo, como seria quando con sonido de atambor, o trompetas se mandasse algo[...]Pegmas es otro nombre que se ha dado a las Emblemas, por la semejança que tienen con aquellas; las quales eran vna representacion que se hazia con figuras mudas en vna fabrica quadrada de madera[...] Desta manera de representacion con solo figuras se vso mucho; no solo en estas Pegmas, sino en las que se llamaron Orchestras, que son las da[n]ças del verbo Griego, que significa saltar, que es lo mismo que dançar; y estas se hazian con solo meneos: y porque lo principal era con las manos, llamò a las destos dançadores Casiodoro, manos habladoras, y que sus dedos tenian lenguas; cuyo silencio era clamoroso, y la exposicion callada
Celebraba Aretusa la piedad de unos, la fineza de otros. Daba el parabién a Niquea del desencanto y a la diosa la gloria de la fiesta, mandaba que con música y danças celebrasse la libertad de la princesa y la hermosura de la diosa, y con la mayor armonía de todos los instrumentos se entraban, acabando la representación.
Una especie desta musica [afeminada] es la que se vsa en las danças y bayles y assi los que reprehendieron aq[ue]l modo de tañer tambien tacharo[n] y condenaron el dançar y bailar. Como hizieron Scipion Emiliano y Caton Censorino: que por ser maestros de todo genero de virtudes aborrescian a todas las maneras de personas viciosas / y por tales tenian a los que sabia[n] tañer y cantar esta musica effeminada: y assi los reprehendian publicamente: dizie[n]do que mas era officio d[e] truhanes y deshonestos hombres que de varones generosos y efforçados. y entre los vicios y tachas con que Ciceron reprehende como ynfame a Babino varon consular en presencia d[e] todo el senado / es diziendole que era musico suaue y dançador desautorizado.
Y queriendo recrearle [el ánimo], y mudarle en otros [ejercicios] que fuessen prouechosos al cuerpo, se entró en vna pieça donde tañian quatro viguelas de arco, que las tocauan con marauillosa dulçura: que cierto entre toda la variedad que se halla en la musica instrume[n]tal, ninguna ay que con tanta suauidad, grauedad, concordia y fidelidad se ajuste al oydo del hombre, como este instrumento: y si como guarda cada vno vna voz, pudiesse cumplir el solo con todas, como haze la viguela de mano, ninguna cosa auria en la tierra que le ygualasse. Tañero[n] alli acordadamente algunos bayles, y danças estra[n]geras y españolas, en las quales el Principe nuestro señor se exercitò vn bue[n rato.
Otra le Reprehende tambien q[ue] contando que salia dido con magestad Real entre sus Principes y capitanes la compara a diana quando sale a bailar con sus ninphas y a hazer danças y choreas.
Una especie desta musica [afeminada] es la que se vsa en las danças y bayles y assi los que reprehendieron aq[ue]l modo de tañer tambien tacharo[n] y condenaron el dançar y bailar. Como hizieron Scipion Emiliano y Caton Censorino: que por ser maestros de todo genero de virtudes aborrescian a todas las maneras de personas viciosas / y por tales tenian a los que sabia[n] tañer y cantar esta musica effeminada: y assi los reprehendian publicamente: dizie[n]do que mas era officio d[e] truhanes y deshonestos hombres que de varones generosos y efforçados. y entre los vicios y tachas con que Ciceron reprehende como ynfame a Babino varon consular en presencia d[e] todo el senado / es diziendole que era musico suaue y dançador desautorizado.
Symbolos se dizen tambien las señales, mas son aquellas, que como en cifra dan a entender alguna cosa, y son en la guerra las que se llamaron entre los Latinos Tesseras [...] y segun Onosandro, son necessarias, para que entendidas vna vez las señalus [=señales], fuesse comun lenguage a todos los que de diferentes naciones se suelen juntar en los exercitos; y tambien para que el enemigo estando cerca, no pueda entenderlo, como seria quando con sonido de atambor, o trompetas se mandasse algo[...]Pegmas es otro nombre que se ha dado a las Emblemas, por la semejança que tienen con aquellas; las quales eran vna representacion que se hazia con figuras mudas en vna fabrica quadrada de madera[...] Desta manera de representacion con solo figuras se vso mucho; no solo en estas Pegmas, sino en las que se llamaron Orchestras, que son las da[n]ças del verbo Griego, que significa saltar, que es lo mismo que dançar; y estas se hazian con solo meneos: y porque lo principal era con las manos, llamò a las destos dançadores Casiodoro, manos habladoras, y que sus dedos tenian lenguas; cuyo silencio era clamoroso, y la exposicion callada
De la tortola dizen, que al son de las flautas salta y haze mudanças, con que suelen engañarla y cogerla en los lazos, y por estos [=esto] significauan en la pintura della al dançador.
La septima regla es: que estara bien al principe ser buen dançador: para conoscer el primor d[e] los que dança[n] y baylan en los seraos en su presencia.
[…] yo Alonso de Rojas tañedor vecino de la noble ciudad de Cuenca […] me obligo de mostrar danzar e bailar a los pajes del reverendo y noble señor el arcediano de Toledo que son Afragan e Cabrera e a Cetina e Montemayor e Juan de Lezcano e a la señora doña Mencia e a Hernando de Cabrera, los cuales han de saber danzar la baxa de Castilla y alta y goyoso y otra cualquiera danza e bailar cualquier baile especialmente el baile del Rey don Alonso y un villano y andar un lacayo [¿?] y un contrapaso lo cual tengo de principiar a mostrar con lo que esta principiado desde hoy dia de la fecha hasta que los dichos danzantes sepan danzar lo susodicho y bailar esto […]
[.] yo Alonso de Rojas tañedor vecino de la noble ciudad de Cuenca [.] me obligo de mostrar danzar e bailar a los pajes del reverendo y noble señor el arcediano de Toledo que son Afragan e Cabrera e a Cetina e Montemayor e Juan de Lezcano e a la señora doña Mencia e a Hernando de Cabrera, los cuales han de saber danzar la baxa de Castilla y alta y goyoso y otra cualquiera danza e bailar cualquier baile especialmente el baile del Rey don Alonso y un villano y andar un lacayo [¿?] y un contrapaso lo cual tengo de principiar a mostrar con lo que esta principiado desde hoy dia de la fecha hasta que los dichos danzantes sepan danzar lo susodicho y bailar esto [.]
E el día de la dicha fiesta [de los reyes], los tronpetas e cherimías e cantores davan el alvorada, como los días de Pascua, a la puerta de la cámara donde durmía. E desque era tienpo, iba a misa de terçia[…] con los dichos tronpetas e cherimías. Los quales tocavan en la eglisia, a la proçesión, e quando sacavan la Verònica, e quando la adoravan, segund e en la manera que el día de Pascua […] Es desque avían comido, los maestresalas alçavanlas las mesas, e los cherimias e los otros instrumentos tañían, baxas e altas, e dançavan los que lo sabían fazer. Y después el señor contestable y la señora condesa dançavan un rato, e cantavan en cosaute […]
[...] siel dia de oy se busca el ahorro de la bolsa y de la pena. La Guitarra es un theatro verdadero deste ahorro. demas desto es acomodada y propia para cantar. tañer. dançar. saltar. Y correr. baylar. y Zapatear. Ruando con ella cantando y representando mil amorosas pasiones son su ayuda. Es falsa. para el contento. desterradora de pesares. y cuidados. y pasatiempo. a los tristes. consuelo a los solos. alegria a los melancolicos. templança a los colericos. da seso a los locos y en loqueçe a los sanos. es esclaua del tiempo. no la ofenden ninguna de las incomodidades que el delicado laud. teme. no ay humo ni calor. ni frio. ni humedad. que la incomode. es como la rosa siempre viua.si presto se destempla. bien presto se torna a templar. desuerte que la Guitarra segun mi opinion y de muchos. lleba gran ventaja al laud. por que para hallarle bueno. son neçesarias muchas cosas. ser bueno ser bien tañido. bien encordado y bien escuchado en silençio. pero la Guitarra Señora mia. sea bien tañida omal tañida. bien encordada omal encordada. se hace estimar oyr y escuchar. atirando con la breuedad de su sçiencia y façilidad. los mas ocupados injenios. y los haçe dexar otros exerçiçios mas subidos por tenella entre sus manos. Dexando. Laud. Mandorra. Harpa. Biolon. Çanfoña. Lira. y Teorba. Çithora. y Clavicordio. todo. por la Guitarra.muchas cosas dexiera en su alabança perot todas las dexare por vna consideraçion y es que dos mil personas entretienen y pasan sus pensamientos y enojos. con ella. y por mas justificaçion del valor de mi Guitarra. considere V.S.si los Reyes prinçipes y cavalleros dexan la Guitarra por el Laud. como dexan el Laud por la Guitarra.
227. Este dicho día se leyó una petición de los niños que representaron y danzaron el día del Corpus Christi, en que pedían se les hiciese alguna merced. El Cabildo mandó se les diese de la obra dos ducados
Asy vateado el niño, tocaron los menestrilles, e dançó el Rey e la Reyna, con cieros gentiles onbres, que podían ser fasta diez, cada uno con su dama. E fué vateado en las casas de Alfonso Álvarez, contador, donde el condeestable posaba. E la pila era una grande pila vaçina, do acostunbrauan vañarse las dueñas, toda guarnida de paño de oro en derredor. E después así ovieron dançado el Rey e la Reyna, vinieron otros gentiles onbres fechos momos, e dançaron vn rrato; e luego dieron colasçión muy solene.
Alta y baxa. Dos géneros de dan ças que truxeron a España estrangeros, que se dançavan en Alemania la alta la una, y la otra en Alemaña ka baxa, que es en Flandes.
Dança de espadas. Esta dança se usa en el reyno de Toledo, y dán. anla en camisa y en gregesgos de lienço, con unos tocadores en la cabeça, y traen espadas blancas y hezen con ellas grandes bueltas y rebueltas, y una mudança que llaman la degollada, porque cercan el cuello del que los guía con las espadas, y quando parece que se la van a cortar por todas partes, se les escurre de entre ellas […]
...acaesçió de venyr por ally [Guadalupe, Navidad de 1460] un enbaxador del rey de Françia, que se desía mosen Juan de Fox, el qual era vn muy gentil cavallero mançebo de muy gentil presençia, y avia venido por enbaxador al rey nuestro señor, y asy mismo avia traydo cartas al señor rey de Portugal, y al señor Condestable, y por esta cabsa vino a Guadalupe. Y el señor Condestable le fiso muy grandes fiestas de conbites y salas, y dançaron y baylaron; y el dicho cavallero dançó con la señora doña Juana, hermana del dicho señor Condestable, que era muy gentil dama y lo sabia bien faser.