D'où il est d'ayé de comprendre que cet accord est different de celuy qui est au bas de la figure, en ce qu'il finit par la Quarte, & l'autre par la Quinte : mais cettuy-cy a vne quinte de la 4 à la 5 chorde qui suit l'autre Quinte, laquelle est dans l'vn & l'autre accord de la 3 à la 4 chorde : de sorte qu'il faudroit oster la derniere Quinte du premier accord, & la transporter au commencement, & consequemment il faudroit changer vn ou deux nombres de l'accord que i'ay marqué par nombres, comme l'on void à ceux que i'ay mis souz chaque note de l'accord. Quant à l'accord de la Lyre par les lettres de la tablature, dont on vse ordinairement pour accorder le Luth & les autres instrumens, il est certain qu'il faut se seruir de douze lignes, où regles pour signifier les douze chordes de la Lyre, comme l'on void icy : ou la premiere ligne d'en haut signifie la chanterelle dans la tablature Françoise, comme elle monstre le Bourdon, ou la plus grosse chorde dans la tablature Italienne. [Accord de la Lyre - Accord à touches de la Lyre par Vnissons].
PROPOSITION XI [IX]. Determiner pourquoy vne chorde touchée à vuide fait plusieurs sons en mesme temps. Il semble qu'Aristote a cogneu cette experience, lors qu'il a fait la question pourquoy le son graue contient l'aigu dans le 8. Probleme de la 19. Section, pourquoy il deuient plus aigu en finissant, dans l'onziesme : à quoy l'on peut rapporter le 12 & le 13. Probleme, & d'où plusieurs autres Problemes de la mesme Section peuuent estre entendus, de sorte que cette Proposition est fort vtile pour la Philosophie d'Aristote. Mais il faut remarquer qu'il n'a pas sceu que la chorde frappée, & sonnée à vuide fait du moins cinq sons differens en mesme temps, dont le premier est le son naturel de la chorde, qui sert de fondement aux autres, & auquel on a seulement esgard pour le chant & pour les parties de la Musique, d'autant que les autres sont si foibles qu'il n'y a que les meilleures oreilles qui les entendent aysément. Or il faut choisir vn grand silence pour les apperceuoir, encore qu'il ne soit plus necessaire quand on y a l'oreille accoustumée : & si les Musiciens ne peuuent les ouyr aussi tost qu'ils touchent quelque chorde d'vn Luth, d'vne Viole, ou d'vn autre instrument, comme il arriue à plusieurs ioueurs de Luth, qui sont tellement preuenus & preoccupez des sons naturels de la chorde, qu'il n'y a (ce semble) plus de lieu dans leur sens commun, ou dans leur imagination pour receuoir l'idée ou l'espece de ces petits sons delicats, il faut qu'ils ayent patience, ou qu'ils prennent vne Basse de Viole, dont ils touchent la 6, 5, ou 4. chorde la nuit, & qu'ils se rendent grandement attentifs, car il est difficile qu'ils la touchent delicatement auec l'archet, qu'ils n'entendent plusieurs sons en mesme temps. Quant à moy ie n'y ay nulle difficulté, & i'ay rencontré plusieurs Musiciens qui les entendent aussi bien que moy, & ne doute nullement que chacun ne les entende, lors que l'on y apportera l'attention necessaire : c'est pourquoy ie mets icy les obseruations que i'ay iustifiées tres-exactement plus de cent fois, tant sur vne Viole & sur vn Tuorbe, que sur deux Monochordes, dont l'vn a ses chordes de leton, & l'autre de boyau & de leton, & dont l'vn à trois pieds, & l'autre quatre pieds ; de sorte qu'il est tres-certain que ces differens sons ne viennent pas des autres chordes qui sont sur les instrumens, & qui tremblent sans estre touchées, comme i'ay dit ailleurs, puis que la seule chorde des Monochordes fait les mesmes sons.
Or ces sons suiuent la raison de ces nombres l, 2, 3, 4, 5, car l'on entend quatre sons differens du naturel, dont le premier est à l'Octaue en haut, le second à la Douziesme, le 3 à la Quinziesme, & le 4 à la Dix-septiesme maieure comme l'on void par lesdits nombres qui contiennent les raisons de ces consonances en leurs moindres termes. Où il faut remarquer deux choses, à sçauoir que nul son ne s'entend iamais plus bas, ou plus graue que le son naturel de la chorde, car ils sont tous plus aigus ; & que ces sons suiuent le mesme progrez des sauts de la trompette, dont ie parleray dans le liure des instrumens à vent, qui sert pour entendre cette difficulté, c'est pourquoy l'on peut lire & ioindre le traité de la trompette auec cette Proposition. [p209] Outre ces quatre sons extraordinaires, i'en entends encore vn cinquiesme plus aigu, que i'oy particulierement vers la fin du son naturel, & d'autresfois vn peu apres le commencement : il fait la Vingtiesme maieure auec le son naturel, auec lequel il est comme trois à vingt. Mais i'experimente quasi tousjours que la Douziesme, & la Dix-septiesme s'entendent plus distinctement que les autres : de là vient qu'il semble souuent que l'on n'oyt que l'vne des deux, que l'on prend aysément pour la Quinte & pour la Dixiesme, si l'on n'y prend garde fort exactement : & quand on entend l'Octaue & la Quinziesme, celle-cy s'entend plus distinctement que celle-là ; de sorte qu'il faut icy examiner plusieurs difficultez, & particulierement pourquoy les vns s'entendent mieux que les autres, pourquoy tous ne les entendent pas, comme il est possible qu'vne mesme chorde face plusieurs sons en mesme temps, pourquoy elle fait plustost ceux dont i'ay parlé, que les autres qui ne montent pas si haut : pourquoy elle n'en fait point de plus graues que celuy qui est naturel à la chorde, & pourquoy l'on n'entend que la Douziesme dans les tuyaux d'Orgue.
D'abondant la raison d'Aristote n'est pas vniuerselle, car encore que la chorde soit deux fois plus grosse, ou plus longue, elle peut faire des sons plus aigus qu'vne plus deliée & plus courte, ce qui arriue par les differentes tensions, ou les differentes matieres, comme i'ay demonstré clairement dans le troisiesme liure. Et puis la cause immediate des sons se prend du nombre des battemens de l'air, comme i'ay demonstré dans le mesme lieu, & non de la longueur des chordes. C'est pourquoy il faut examiner comme il se peut faire [p210] que la mesme chorde batte l'air differemment en mesme temps, car puis qu'elle fait les cinq ou six sons dont i'ay parlé, il semble qu'il est entierement necessaire qu'elle batte l'air 5, 4, 3 & 2 fois en mesme temps qu'elle le bat vne seule fois, ce qui est impossible de s'imaginer, si ce n'est que l'on die que la moitié de la chorde le bat deux fois tandis que la chorde entiere le bat vne fois, & qu'en mesme temps la 3, 4 & 5 partie le battent 3, 4 & 5 fois, ce qui est contre l'experience, qui monstre euidemment que toutes les parties de la chorde font vn nombre esgal de retours en mesme temps, car toute la chorde estant continuë n'a qu'vn seul mouuement, quoy que ces parties se meuuent d'autant plus lentement qu'elles sont plus proches des cheualets. D'où il est aysé de conclure ce que i'ay desia demonstré dans le 2, 3 & 4 liure, à sçauoir que le son graue ne vient pas absolument de la lenteur ou tardiueté du mouuement, puis que les parties de la chorde qui se meuuent plus lentement que celles du milieu ne font pas des sons plus graues, que le naturel, qui procede particulierement desdites parties du milieu, puis qu'estant le plus fort il doit venir du plus grand mouuement : car l'on entend tousiours les sons en haut à l'aigu du naturel, & iamais en bas comme i'ay dit cy-dessus.
Or puis que chaque son est determiné quant au graue, ou à l'aigu par le nombre des battemens de l'air, & que la chorde ne le peut battre qu'vn certain nombre de fois dans vn mesme temps, il est necessaire que l'air ayant esté battu se reflechisse sur la chorde, & qu'en faisant son retour elle luy donne vn nouueau mouuement ; ce que l'on peut conceuoir en deux manieres, car l'on peut dire que l'air a vne plus grande tension, c'est à dire qu'il est tellement disposé, que quand il est frappé il va plus viste, & a ses retours plus frequens que la chorde, ou les autres corps par lesquels il est frappé ; de mesme que la chorde qui est tenduë sur vn instrument, va beaucoup plus viste que le doigt, la plume, ou l'archet dont elle est touchée, à raison de la disposition qu'elle a acquise par sa tension : ou bien l'on peut dire que l'air ayant esté frappé & enuoyé, par exemple, à costé droit de la chorde reuient apres qu'elle s'en va à main gauche, de sorte qu'elle le trouue en chemin, & qu'elle le repousse pour la seconde fois en luy adioustant vn nouueau mouuement, afin qu'il face desormais l'Octaue en haut auec le mouuement, ou le son naturel de la chorde, qui garde tousiours vn mesme temps pour vn mesme nombre de retours, tandis que l'air fait deux retours contre vn : mais quand la chorde le rencontre la troisiesme fois, elle luy imprime encore vn 3. mouuement, de sorte qu'il a trois retours contre vn pour faire la Douziesme, & puis la Quinziesme, & la Dix-septiesme. A quoy l'on peut adiouster que l'air ayant esté frappé par la chorde, se diuise premierement en deux parties, puis en 3, 4, 5, &c. qui font les sons precedens, parce que cette diuision est la plus aysée de toutes : & si l'on admet les atomes de Democrite, l'on peut dire que les differentes parties de la chorde qui frappent l'air differemment, diuisent & rompent la Sphere de l'air en 2, 3, 4 & 5 parties, ou que la mesme partie de la chorde le rompt differemment selon ses differentes dispositions ; de sorte que l'vne des parties de l'air se rompt en deux, l'autre en trois, quatre ou cinq parties, &c.
Or si l'on suppose que la chorde entiere contienne tous les sons qui peuuent estre faits par sa diuision, il faut dire qu'elle fait seulement paroistre ceux qui viennent de la premiere, seconde, ou troisiesme bissection, dont [p211] i'ay parlé dans le liure des Consonances & dans celuy des Dissonances. Quelques-vns ont recours aux differentes surfaces de la chorde pour expliquer tous ces sons, & disent que le milieu fait vn son different de celuy que fait la surface exterieure, mais il n'y a nulle apparence de croire que la chorde soit diuisée en plusieurs cylindres concaues, qui couurent le cylindre conuexe du milieu, comme les peaux d'oignon se couurent les vnes les autres. Et bien que la chorde fust tissuë de ces differens cylindres, elle ne pourroit faire des sons differens, si elle ne frappoit l'air 1, 2, 3, 4 & 5 fois en mesme temps : ce qui n'est pas plus aysé à expliquer par la multitude de ces cylindres, que par les autres voyes, soit que l'on attribuë l'aigu du son aux retours de l'air interieur, ou de l'exterieur.
COROLLAIRE II Il est plus probable que ces differens sons viennent des differens mouuemens de l'air exterieur que de ceux de l'interieur, & que celuy-là estant frappé par la chorde fait quantité de petits mouuemens semblables a ceux de l'eau des verres que l'on fait sonner en pressant le doigt sur le bord, ou à ceux de l'eau, dans laquelle on plonge le bout d'vn Monochorde, dont la chorde de leton est partie en l'eau & partie en l'air, car estant touchée, l'eau fait plusieurs fremissemens, qui feroient peut-estre entendre les sons precedens, si l'ouye estoit assez delicate : en effet i'ay souuent experimenté que le coulement du doigt sur le bord du verre fait deux ou trois sons en mesme temps, comme ie diray dans le liure des Cloches, qui font semblablement plusieurs sons.
PROPOSITION XII [X]. Expliquer la figure, l'accord & l'estenduë de la Symphonie, ou de la Vielle, que quelques vns appellent Lyre ; & les Epinettes qui font le ieu des Violes. SI les hommes de condition touchoient ordinairement la Symphonie, que l'on nomme Vielle, elle ne seroit pas si mesprisée qu'elle est, mais parce [p212] qu'elle n'est touchée que par les pauures, & particulierement par les aueugles qui gaignent leur vie auec cet instrument, l'on en fait moins d'estime que des autres, quoy qu'ils ne donnent pas tant de plaisir. Ce qui n'empesche pas que ie ne l'explique icy, puis que la science n'appartient pas dauantage aux riches qu'aux pauures, & qu'il n'y a rien de si bas ny de si vil dans la nature, ou dans les arts qui ne soit digne de consideration. Il faut donc premierement remarquer que la Vielle est composée de deux parties principales, comme les autres instrumens, à sçauoir de sa table A B C D, & de son manche E F G H, qui est continué iusques à M L pour tenir les quatre cheuilles, qui bandent ses quatre chordes, dont les deux qui sont aux deux costez, à sçauoir ẟ DHK, & Y N C I seruent de deux Bourdons, que l'on peut mettre à l'vnisson, ou à l'Octaue l'vn de l'autre. Les deux autres chordes ε & ζ sont estenduës tout au long du manche, & seruent d'vn perpetuel Monochorde, car elles font toutes sortes de tons comme l'Epinette, par le moyen des marches qui sont marquées par les nombres 1, 2, 3, 4, &c. iusques à 10, parce que cette figure a esté prise sur vne petite Vielle qui n'a que dix touches ; car l'on en peut faire de 49 touches, ou de tant que l'on voudra.
L'on peut augmenter le nombre des chordes [de la Vielle], que l'on met ordinairement à l'vnisson, ou à l'Octaue, comme celles des doubles, ou triples Clauecins ; mais si l'on met six bourdons qui fassent l'Octaue, la Douziesme, la Quinziesme, la Dix-septiesme & la Dix-neufiesme, suiuant les nombres 1, 2, 3, 4, 5 & 6, l'on aura vne parfaite Harmonie, que l'on pourra varier en differentes manieres, en adioustant ou soustrayant telles chordes que l'on voudra, & en les esloignant de la rouë N O P : car ces chordes du bourdon & les autres ne peuuent sonner si elles ne touchent à la rouë qui leur sert d'archet ; c'est pourquoy elle doit estre bien polie, afin que les chordes ne souffrent point de sauts en frayant dessus : mais il est necessaire de la frotter de Colophone, comme le crin ou la soye des archets ordinaires du Violon, autrement les chordes ne sonneroient pas. Mais cette rouë n'a pas les charmes de l'archet, quoy que l'on puisse remedier à cette imperfection. Or chaque marche du clauier de la Vielle a deux petits morceaux de bois perpendiculaires, que l'on peut nommer les touches, puis qu'elles seruent pour toucher les deux chordes qui sont à l'vnisson, lors que l'on pousse les marches [p213] du costé C, vers le costé F H, autrement ils ne touchent pas lesdites chordes, comme l'on void à la cinquiesme marche, dont les deux morceaux de bois ne touchent pas les chordes : ce qui arriue à toutes les autres marches, lors qu'on les laisse retourner dans l'assiette ordinaire qu'elles ont quand leurs bouts ne paroissent pas du costé F H, comme l'on void au bout de la cinquiesme marche. Il faut encore remarquer que le clauier E F G H est semblable à vne petite caisse esleuée sur la table O Q C D, afin que les branches des marches auec leurs touches soient logées dedans ; & que cette caisse est entrée & colée sur ladite table, souz laquelle est le corps & le concaue, ou le creux de la Vielle. Mais on la cache par le moyen d'vn couuercle, qui s'attache au costé F H. La rouë se couure semblablement d'vn morceau de sapin, courbé en rond comme l'anse d'vn seau de bois, qui tient aux petits morceaux de bois α β : quoy que i'aye laissé l'vn & l'autre à descouuert, afin que l'on voye toutes les parties de cet instrument.
Quant aux cheualets [de la Vielle], le plus haut marqué de R, lequel est proche de la rouë, a ses coches ou ses fentes vn peu plus basses que la surface superieure de la rouë, afin que les chordes portent dessus, & qu'elle les touche lors qu'on torne le manche, ou la maniuelle Y, laquelle s'ente au bout de la queuë V au point Z ; & à l'autre bout on attache les deux chordes du milieu aux points ε ζ. Si l'on veut vser de trois, quatre, ou plusieurs autres chordes sur ce cheualet, il luy faut faire autant de dents, & adiouster autant de touches aux marches. Les deux autres cheualets S & T seruent pour determiner la longueur des chordes du Bourdon, qui sont attachées aux points δ γ, & qui s'estendent iusques aux dernieres cheuilles 13 & 14 ; les deux autres sont liées & entortillées à la premiere & à la seconde, qui sont marquées de 11 & 12. Or ces cheuilles qui sont icy horizontales, ont coustume d'estre perpendiculaires sur le bout du manche, lequel est tellement couuert que l'on ne void que la teste des cheuilles : mais i'ay descouuert tout cet instrument pour en faciliter l'intelligence, si l'on met 2, 3 ou 4 bourdons, il faut faire plusieurs dents de differentes hauteurs aux cheualets S & T, afin que les chordes touchent aux autres parties de la rouë depuis l'endroit où touche la chorde O iusques à P : ce qui est tres-aysé à comprendre. La lettre X monstre l'ouye de la Vielle, & l'on peut y adiouster d'autres ouyes comme à la Viole, & plusieurs particularitez & circonstances, tant pour l'ornement que pour la commodité, par exemple, vn petit coffre pour mettre des chordes & de la colophone ; ce qui depend de l'industrie & de la volonté des Facteurs. Et parce qu'ils peuuent faire des Vielles de cinq ou six pieds de long, & de toutes autres sortes de grandeurs, il n'y a nul doute que l'on en peut faire des concerts, qui toucheroient peut-estre dauantage l'esprit que ceux des autres instruments.
Quant à la disposition de cette figure [de la Vielle], si on la regarde du costé D T en voyant les lettres selon leur disposition ordinaire, on la verra de la mesme façon dont ceux qui en ioüent la tiennent & l'enuisagent, car ils mettent le bras gauche dessouz, afin de pousser les marches de la main gauche, & faire tels interualles qu'ils veulent par le mouuement des doigts, tandis que la main droite torne la maniuelle, & consequemment la rouë, qui fait sonner les chordes, ausquelles on attache de petits morceaux, ou floccons de cotton [p214] vis à vis de la rouë, afin d'adoucir son frayement & ses sons. Mais parce que la main gauche ne peut faire les gentillesses du manche des Violes sur le clauier de la Vielle, elle est priuée de plusieurs beautez, dont elle seroit capable, si l'on pouuoit suppleer tous les tremblemens, & les coups rauissans de l'archet par quelque industrie, que plusieurs ont recherchée en collant vn escheueau de crin de cheual, ou de soye cruë, ou filée sur la rouë, & en faisant des archets mobiles, ou immobiles de plusieurs façons, mais l'on n'a peu suppleer les mouuemens de la sçauante main de ceux qui charment les oreilles par les instrumens à manches touchez, & non touchez, dont i'ay parlé dans les discours precedens. La tablature de la Vielle n'est pas differente de celle de la Musique, quoy que l'on en puisse inuenter vne autre propre pour les aueugles, puis que l'on peut leur enseigner à lire & à escrire, comme i'ay dit ailleurs, où i'ay monstré la maniere d'enseigner à lire & à escrire aux sourds, pour lesquels i'ay dressé de la tablature dans la 17. Proposition du troisiesme liure.
Quant à l'inuention des Epinettes qui seruent pour les ieux de Violes, l'on s'est seruy iusques à present d'vne grande rouë toute seule, sur laquelle portent toutes les chordes de l'Epinette, comme font les quatre de la Vielle, ou de cinq rouës differentes paralleles, comme l'on fait en Allemagne. Mais vn archet de crin bandé dessus ou dessous les chordes imiteroit mieux la Viole, si l'on pouuoit remedier à tous les accidens qui en empeschent le mouuement. Or ie ne doute nullement que l'industrie des Facteurs ne les puissent euiter, d'autant qu'il y a moyen de faire tellement perdre les crins de la soye les vns dans les autres, ou d'en faire passer vne partie dessus, tandis que l'autre passe dessous, qu'il ne s'y rencontrera point de noeuds. Et puis on peut tenir l'archet esgalement bandé par le moyen des poulies sur lesquelles il passe, parce qu'on peut les approcher ou les esloigner auec des vis, afin de bander la soye lors qu'elle se sera laschée. Surquoy il faut remarquer que les chordes doiuent estre fort proches des rouës, ou de la soye de l'archet, afin qu'elles parlent aussi tost que l'on touchera le clauier, dont les touches peuuent estre plus ou moins abaissées, pour faire parler les chordes plus ou moins fort. L'on peut y adiouster de petits ressorts pour faire des battemens sur les chordes, afin d'imiter les tremblemens & les flatemens de la main gauche ; & si l'on y accommode des mouuemens pour faire tourner les roües ou l'archet, l'on n'aura pas besoin d'vn homme, ou du pied pour iouër de cet instrument : mais seulement de la main pour toucher le clauier, comme celuy des Clauecins ordinaires, laquelle fera entendre vn concert de cinq ou six Violes, lors qu'on touchera cinq ou six parties dessus. Il n'est pas necessaire de mettre icy de la tablature pour cette sorte d'Epinette, ny pour la Vielle augmentée de tant de chordes que l'on voudra, parce que celle que i'ay donnée pour l'Epinette, & pour les Violes y peuuent seruir. Quant aux Tambours ou Barillets, dont on vse pour faire iouër les Epinettes toutes seules, i'en parleray dans le liure des Orgues.
COROLLAIRE I La Vielle peut seruir pour accorder les Epinettes, & particulierement celles qui sont Luthées, ou qui font le concert des Violes, & qui pour ce suiet [p215] sont montées de chordes de Luth & de Viole, car si les touches du Clauier de la Vielle sont bien disposées selon les raisons harmoniques, soit exactes ou temperées, on peut les mettre à l'vn des bouts, ou à costé de l'Epinette, ou les cacher dessouz, afin d'aiuster ses chordes auec l'harmonie de la symphonie, dont l'accord & la iustesse ne change point, soit que la chorde s'enfle, & qu'elle monte, ou qu'elle descende, d'autant que chaque touche luy sert de cheualet immobile.
COROLLAIRE II I'adiouste la figure de la Vielle cachée de son couuercle, afin qu'il ne manque rien à ce traité, & qu'on la comprenne en toutes sortes de façons. F H G est la table, P B la queuë qui tient les chordes Q ; & les autres qui seruent de bourdon passent par dessus les cheualets P & O, il y en a 4, ou 5 qui passent par Q, que l'on met à tel accord que l'on veut, afin de iouër toutes sortes de chansons en touchant les marches contenuës entre K L, & marquées des nombres 1, 2, 3, 4, &c. & l'on en met tant qu'on veut, quoy que douze ou dix-neuf suffisent, afin d'auoir l'estenduë de la Douziesme, ou de la Dix-neufiesme. A est le manche qu'il est necessaire de tourner auec la main droite, tandis que la gauche touche le clauier K L ; & M N est la teste du manche qui a six cheuilles pour bander les chordes, qui pressent la rouë cachée sous le couuercle D E, afin de sonner. I & C sont les deux roses, & M E est le couuercle qui cache les sautereaux des marches.
PROPOSITION XIII [XI]. Expliquer les nouueaux instrumens à chordes, & l'accord de la Lyre dont on vse en Italie. Il est certain que l'on peut tousiours adiouster de nouuelles inuentions aux instrumens, & que les siecles à venir en pourront auoir qui ne sont pas encore tombez en l'imagination des Facteurs : par exemple, on peut faire des Clauecins qui auront tous les tons diuisez en quatre parties, pour faire les dieses Enharmoniques par tout, suiuant le Systeme que i'explique dans le liure des Genres : de sorte que le mesme clauier seruira pour autant de tuyaux d'Orgue, qui feront vne Fluste douce, & qui accompagneront chaque chorde. Et l'on m'a escrit de Rome que le sieur Iean Baptiste de Bonis de Cortone, ville de Toscane, en fait d'excellens, qui ont toutes les touches brisées ou [p216] coupées, & que l'on accorde auec vne admirable facilité en toutes sortes de manieres que l'on peut s'imaginer. L'on m'a aussi aduerty que la Harpe à trois rangs a esté inuentée il y a trente ou quarante ans par le sieur Luc Anthoine Eustache Gentil-homme Neapolitain, & Chambrier du Pape Paul V : & que le sieur Horace Michi a mis cet instrument à sa perfection, dont il ioüe tres-excellemment […]
LIVRE CINQVIESME DES INSTRVMENS A VENT. Encore que tous les instrumens de Musique puissent estre appellez à vent, puis qu'il n'est pas possible de faire des sons sans le mouuement de l'air, qui est vne espece de vent, neantmoins l'on a coustume de donner ce nom à ceux que l'on embouche, ou que l'on fait sonner auec des soufflets, afin de les distinguer d'auec ceux qui vsent de chordes, ou que l'on bat comme le Tambour. Or i'ay voulu faire vn liure particulier de ces instrumens, à raison de leur grande multitude, & des difficultez particulieres qui se rencontrent dans leurs proportions, & dans la maniere dont il en faut vser pour faire toutes sortes de sons, afin que ceux qui les preferent aux instrumens à chorde, y trouuent dequoy se contenter, & que la confusion ne s'introduise pas dans nos traitez. Mais auant que d'expliquer les instrumens à vent, il faut dire ce que c'est que le vent dont on vse pour en sonner, ce que ie fais dans la premiere Proposition.
Il faut seulement remarquer que le Diapason des Flageollets ne suit pas celuy des chordes, ny celuy des tuyaux d'Orgues, comme ie monstreray apres, car il suffit d'expliquer icy son estenduë & sa tablature, que le Vacher, qui est le plus excellent Facteur de Flageollets que nous ayons, marque en cette maniere. Par où l'on void que l'on peut vser des notes de la Musique pour marquer les tons, l'estenduë, & les chansons du Flageollet, d'autant qu'elles seruent de tablature vniuerselle pour toutes sortes d'instrumens, comme i'ay monstré dans le liure precedent. [p233] Or les deux premieres lignes contiennent la tablature du Flageollet par ♮ quarre, & les deux dernieres par ♭ mol : mais les quinze dernieres notes, & les quinze rangs des autres caracteres qui leur respondent, suffisent pour expliquer ladite tablature, & l'estenduë de cet instrument, qui consiste dans vne Quinziesme, qui est contenuë par les quinze notes, encore que i'aye mis les dix precedentes, afin d'obseruer la pratique de ceux qui enseignent à ioüer du Flageollet, qui commencent par le G re sol en touchant seulement les trois derniers trous six, cinq & quatre, & en laissant les trois autres ouuerts trois, deux & vn ; & qui mettent les deux dieses que l'on void à la premiere ligne des notes, pour signifier qu'elles se chantent par ♮ quarre, encore qu'elles soient superfluës pour ceux qui entendent la pratique des notes, dans laquelle la seule absence du ♭ mol signifie le ♮ quarre. Mais cette tablature est si aysée, à raison que toutes les regles qui ont des zero, ou qui n'ont point de petites lignes perpendiculaires, signifient que l'on doit ouurir les trous qui respondent à ces lignes, qu'il n'est pas besoin de l'expliquer. Ie donneray seulement vn exemple pour en monstrer la pratique. Si l'on veut faire le ton plus graue, ou le plus bas du Flageollet, qui est marqué par la derniere note, & par le dernier rang des petites lignes, ce rang enseigne qu'il faut boucher les six trous, qui sont representez par les six regles, & qu'il faut boucher le trou de la pate à demy : ce qui est signifié par la ligne qui trauerse le dernier zero : ce que l'on entendra encore mieux par le discours qui suit, d'autant qu'il enseigne la maniere de sonner du Flageollet.
PROPOSITION VIII. Expliquer la figure, l'estenduë, la tablature, & l'vsage des Flustes d'Angleterre, que l'on appelle douces, & à neuf trous, auec vn exemple à quatre parties. Ces Flustes sont appellées douces, à raison de la douceur de leurs sons, qui representent le charme & la douceur des voix : on les appelle à neuf trous, parce que le huictiesme, qui est proche de la pate, est double, afin que cet instrument puisse seruir aux gauchers & aux droictiers. Or l'on embouche cette Fluste comme les precedentes, & le premier trou est marqué d'vn zero blanc, afin de signifier qu'il est derriere, & qu'il doit se boucher du pouce de la main gauche, dont les trois doigts suiuans seruent pour boucher le deuxiesme, le troisiesme, & le quatriesme trou, comme les trois de la droite bouchent le cinq, six & septiesme, car le huictiesme est destiné pour le petit doigt, que l'on appelle auriculaire, ce qui est representé si clairement par cette figure, qu'il n'est pas besoin d'vn plus long discours, car les huict nombres monstrent l'ordre des huict trous ; A signifie l'emboucheure, dont la fente est representée par le bout D. B C signifie la longueur de son corps, & le bout E F monstre encore vne autre sorte d'emboucheure, qui sert aux Tailles & aux Basses, qui ont deux pieds & 3/4 de longueur ; la Taille a vn pied cinq pouces, & le Dessus n'a qu'onze lignes. Mais pour entendre l'accord de toutes les parties, il faut remarquer que leur huictiesme trou estant ouuert, le Dessus est à la Neufiesme, & la Taille auec la Haute-contre est à la Quinte [p238] de la Basse : car la Haute-contre n'est pas differente de la Taille, d'autant que l'estenduë de l'vne suffit pour faire les deux parties, comme il arriue à plusieurs autres instrumens à vent & à chordes. Or ces Flustes font le petit ieu, comme celles qui suiuront apres font le grand ieu, mais elles se peuuent toutes accorder ensemble, comme font les grands & les petits ieux des Orgues.
COROLLAIRE Si les Chasseurs veulent auoir le plaisir de faire des Concerts à quatre ou plusieurs parties auec leurs Cors, il est assez aysé, pourueu qu'ils sçachent faire les tons iustes, & qu'ils proportionnent tellement la longueur & la largeur de leurs Trompes, qu'elles gardent les mesmes raisons que les tuyaux d'Orgues : par exemple, si le plus grand Cor à six pieds de long, il fera le Diapente en bas contre celuy qui aura 4 pieds de longueur : ie diray ailleurs si leurs largeurs doiuent estre en raison Sesquialtere. Et si l'on adiouste vn troisiesme Cor long de trois pieds, il fera la Quarte contre le second, de sorte que les trois feront vn Trio parfait, & toucheront les trois principales chordes du premier mode : ausquels il sera aysé d'en adiouster trois ou quatre autres pour faire les autres accords. Il y a plusieurs autres choses qui concernent les Cors, dont nous parlerons apres ; i'adiouste seulement qu'on les peut faire de chrystal, de verre, de terre, de pierre, &c. & que les Facteurs y peuuent ioindre vne grande quantité d'industries qui les feront autant admirer que les autres instrumens.
L'on peut encore donner la raison de ces interualles par la diuision, d'autant que l'Octaue est engendrée par la diuision d'vne chorde en deux parties esgales, comme i'ay monstré dans le liure des Consonances ; & toutes les autres consonances sont produites par la seconde ou troisiesme bissection : mais l'adition est ce semble plus naturelle que la diuision, parce que la nature s'augmente & se multiplie par celle-là, & se diminuë & s'affoiblit par celle-cy. Quoy que si on considere le suiet ou la matiere des sons, l'on puisse dire qu'il est plus aysé de diuiser vne chorde en deux parties esgales, que de luy adiouster vne autre partie esgale, dont i'ay expliqué la raison dans le liure de la Voix. Mais il y a encore plusieurs autres difficultez dans les autres interualles, & dans les autres tons de la Trompette, dont l'vne est pourquoy elle ne diuise pas la Quarte ou son cinquiesme interualle, lors qu'elle fait le septiesme & le huictiesme ton, comme elle diuise la Quinte en faisant le 5 & le 6 ; c'est à dire pourquoy elle n'adiouste pas vn retour aux 6 precedens du 6 ton pour faire la Sesquisexte, & puis la Sesquiseptiesme, au lieu desquelles elle fait encore la Quarte apres le sixiesme ton, ou apres le cinquiesme interualle de la Tierce mineure, par l'adition de deux battemens qu'elle adiouste aux six precedens. L'autre difficulté consiste à sçauoir pourquoy elle ne fait pas tousiours l'Octaue à chaque saut, ou interualle qu'elle fait, attendu que chacun de ses sons ou de ses tons peut estre supposé pour l'vnité, & pour vn seul battement, aussi bien que le premier. La troisiesme est, pourquoy elle fait quelquefois vn ton plus bas, ou plus haut que le premier ton, dont nous auons parlé, au lieu de faire l'Octaue. Ie laisse plusieurs autres difficultez qui se rencontrent aussi dans les autres instrumens à vent, dont on pourra trouuer la solution dans les discours qui suiuent.
PROPOSITION XIII. Expliquer pourquoy la Trompette ne fait pas la Sesquisexte dans son cinquiesme interualle, & qu'elle quitte le progrez qu'elle auoit suiuy iusques au sixiesme ton pour faire la Quarte qu'elle auoit desia faite au troisiesme interualle. La Sesquisexte deuroit ce semble suiure la Sesquiquinte, puis qu'elle est le moindre interualle, ou la moindre raison qui suit la Tierce mineure, car elle est entre elle & le ton maieur, & est vn peu plus grande que le ton, que i'appelle maxime, de sorte qu'elle peut estre nommée le ton surmaxime. Mais parce qu'elle n'est ny consonance, ny difference des consonances, la nature qui est harmonique, la reiette & ayme mieux rompre la suite de ses interualles & de ses chansons, que de passer par vn interualle qui ne vaut rien, que pour blesser l'oreille & l'esprit, & nous enseigne quant & quant que nous deuons [p252] plustost faire ou endurer toute autre chose, que d'embrasser le vice, lequel est pire que toutes les dissonances, puis qu'il interrompt les mouuemens & les exercices de la vertu. Or elle ayme mieux prendre la peine d'adiouster deux mouuemens, ou battemens d'air tout d'vn coup pour faire la Quarte, que de n'en adiouster qu'vn pour faire la Sesquisexte ; ce qui monstre que la Quarte ne reçoit point de diuision harmonique, puis que la nature ne la diuise point, comme elle diuise la seconde Octaue, & la seconde Quinte en trois tons pour marquer leur commencement, leur milieu & leur fin, & consequemment les principales cadences des modes, qui ont plus de puissance sur l'esprit que les autres chordes, ou les autres sons. L'on peut encore dire que la nature ayant donné les six tons, comme ses six iournées ausquelles elle se repose, qu'elle imite son Autheur qui se reposa à la fin des six iours, & qu'elle ne s'occupe plus qu'à faire paroistre la difference de ses six premiers tons par la diuision de la Quarte en ton maieur, ton mineur, & demi-ton maieur, apres auoir proposé la Quarte entiere, comme l'image de l'Octaue, afin que l'on sçache qu'elle la veut diuiser en trois interualles, comme elle a desia diuisé la seconde Octaue en trois autres interualles ; de sorte qu'elle imite encore son Autheur, qui se contente de faire paroistre la distinction & la diuersité des creatures, (dont il a ietté les premieres semences durant les six iours de la Creation) par les differentes conionctions qu'il en fait à chaque moment : ce qu'il fait par soy-mesme immediatement, ou par l'entremise des autres creatures, afin que l'on ne s'ennuye pas de considerer les principes des choses, qui sont trop simples pour contenter l'imperfection de nos sens, qui preferent les accidens à la substance. C'est peut-estre pour cette mesme raison que les Musiciens meslent des tons & des demitons parmy les consonances, de peur que leur trop grande douceur ne nous apporte du degoust & de l'ennuy, & que la Trompette fait les dissonances apres les consonances.
PROPOSITION XV. Expliquer en quelle maniere l'on peut augmenter ou affoiblir la force de chaque son de la Trompette sans en changer le ton, c'est à dire l'aigu ou le graue. Cette difficulté peut estre expliquée par ce que i'ay dit de la voix forte, & de l'aiguë dans le liure de la Voix, & de la difference de l'aigu & de la force des sons dans le liure des Instrumens à chorde, car l'air agité ne fait iamais le son plus aigu que ses agitations, ou ses battemens ne soient plus vistes. D'où il faut conclure que le mesme ton de la Trompette se fait tousiours d'vn mesme nombre de battemens d'air, quoy qu'il soit si foible ou si fort que l'on voudra : c'est pourquoy il faut dire que l'on pousse seulement vne plus grande quantité d'air, ou de vent en mesme temps, lors que l'on augmente la force du ton, & que les mouuemens & les battemens, ou les flux & reflux de l'air sont plus grands, mais qu'ils ne sont pas en vn plus grand nombre : quoy qu'il soit difficile d'expliquer la maniere dont il faut pousser le vent pour faire la distinction des sons forts, & des aigus auec la Trompette, si nous ne luy appliquons ce qui a esté dit de la force, & de la foiblesse du son que fait vne mesme chorde, & de la difference des voix fortes & des aiguës.
Or i'ay demonstré que le son se renforce sans changer de ton, c'est à dire sans se hausser quand on touche la chorde plus fort, d'autant qu'elle bat vne plus grande quantité d'air en aussi peu de temps qu'elle en battoit vne moindre quantité en faisant vn son plus foible : de sorte que le ton de la chorde, ou de la Trompette ne peut changer, quoy qu'il s'augmentast iusques à l'infini, si le nombre des battemens, dont il est composé, ne s'augmente : or ce nombre ne s'augmente point tandis que l'on pousse le vent d'vne mesme ouuerture de bouche, ou d'vn mesme mouuement de gorge. Car il faut remarquer que le larynx & la glotte s'abaissent, & s'ouurent dauantage en faisant les premiers tons, & qu'il faut restressir ces ouuertures pour faire les tons plus aigus, encore que ceux qui sonnent des instrumens n'apperçoiuent pas ces changemens, parce qu'ils ne font pas vne assez forte reflexion sur la maniere dont ils pressent les levres, & poussent le vent.
Mais si l'on se souuient de ce que i'ay demonstré dans les autres liures, à sçauoir que le second son de la Trompette, & tous les autres de mesme ton se font par des battemens fort vistes, & que le vent bat du moins quarante fois le trou du bocal dans le temps d'vne seconde minute, quand elle fait le second son, il est aysé d'entendre comment le mesme son peut estre supposé pour huict, neuf, dix, quinze & dauantage de battemens, lors qu'on le compare aux battemens d'vn autre son, puis que quarante contient huict, neuf, dix, quinze fois, &c. car si le troisiesme son, par exemple, se fait de quarante cinq battemens en vn temps esgal à celuy auquel se font les quarante precedens, il n'y a nul doute qu'il fera le ton maieur auec le second son : de sorte qu'il faut seulement expliquer de quelle maniere le vent [p258] doit estre poussé dans la Trompette depuis le premier son iusques au second pour faire 1 1/8 battement, au lieu d'en faire deux dans vn temps esgal à la durée du premier son, ou plustost pour faire neuf battemens au lieu des huict du premier son. Car i'ay desia dit qu'il faut que chaque battement soit entier pour varier le ton. Or pour entendre cette solution, il faut prendre la raison des battemens dans leurs termes radicaux, afin de voir si le premier son estant composé d'vn seul battement, l'on peut trouuer vn autre nombre qui fasse le ton auec luy, ou s'il est tout à fait necessaire que le premier son soit composé de huict battemens pour faire ledit ton auec le second son. Surquoy ie responds que le premier son ne peut faire le ton maieur auec le second, iusques à ce que le vent ayt battu huict fois le bocal dans le premier son, & neuf fois dans le second ; & par consequent qu'il se peut faire que l'on entende l'Octaue deuant le ton, car si l'on prend trois Trompettes, ou trois chordes de differente longueur, par exemple, que la premiere soit d'vn pied, la seconde de deux, la troisiesme de huict, & la quatriesme de neuf pieds, si on les sonne toutes en mesme temps, l'on entendra l'Octaue deuant le ton, d'autant que la Trompette ou la chorde d'vn pied de long aura battu deux fois l'air, & que celle de deux pieds l'aura battu vne fois beaucoup plus tost que celle de huict pieds ne l'aura battu neuf fois, & celle de neuf pieds huict fois, car celle d'vn pied le bat huict fois en mesme temps que celle de huict pieds ne le bat qu'vne fois, & celle de neuf pieds n'aura pas encore acheué son premier battement ; & consequemment les deux premieres chordes auront desia fait quatre fois l'Octaue, quand les deux dernieres auront fait vne seule fois le ton, puis que la seconde chorde de deux pieds aura quatre fois vny ses quatre battemens auec les huict de celle d'vn pied en mesme temps, que celle de neuf pieds commencera d'vnir ses huict battemens auec les neuf de celle de huict pieds.
Si est-ce que je me suis tenu autant que j’ay peu aux reigles generalles, par ou j’ay reconnu que Glarean & d’autres auoyent raison de dire qu’il faut pour entendre vrayement la musique, que l’on touche & connoisse l’ordre des cordes instrumentales ; comme en effet vn grand musicien de nostre siecle m’a dit mainte-fois qu’il auoit recherché avec affection cette connoissance, & quelle luy auoit esté grandement vtile, mettant par ce moyen a l’essay, seul, & dans le cabinet ses inuentions aussi tost qu’elles estoyent conceües. Le sieur du Caurroy, & d'autres n'en ont pas aussi negligé l'estude, qui leur a esté vn ayde pour arriuer ou ils en sont venus, & pour bien reconnoistre que l'instrument a quelque chose de particulier a cause de son temperament.
Il ny a que le Triton, & la quinte petite ou imparfaite, que l’vsage a laissé en pratique, non par raison puis qu'ils sont de la qualité de ces irrationnaux : mais estans en l’ordre du Monochorde, & de l’eschelle diatonique composés de ses cordes naturelles, la pratique les a tolerés, & comme laissé glisser dans le contre-point, dont l’vn estoit autre-fois suiuy immediatement de l’Exacorde mineur par mouuement contraire, & l’autre du Diton ou tierce majeure : mais maintenant l'vsage les reçoit sans cette estroite obseruance a raison de la consequente.
Le second [ton] change moins sa finale, c’est pourquoy je l’ai observé & transposé une quarte plus haut pour la commodité du Chœur. Le Troisiesme fait quatre ou cinq sortes de finales, & neantmoins toutes ses Antiennes se terminent en E la mi, ce que j’ay observé en le finissant en cette mesme corde.
Le Septiesme [ton] fait cinq ou six sortes de finales, c’est pourquoy je l’ay traité suivant les dominantes de ses Antiennes, qui ressemblent a nostre Neufiesme Mode, aussi ne le doit on toucher autrement, d’autant que les Antiennes qui precedent le Cantique, obligent l’Orgue de donner a ce Cantique son intonation, mediation, & finale : les bons Autheurs ont fait ainsi, et l’ont fini en ut, par ce que le Chœur ne pourroit prendre son intonation si on ne le finissoit en cette corde, je l’ay transposé une Quarte plus bas pour la commodité du Chœur.
Le Huictiesme [ton] a encore ses finales diverses ; mais toutes ses Antiennes finissant en mesme lieu, m’ont fait resoudre en cette varieté de finales, de les terminer en Ut, qui est la principale corde dominante desdittes Antiennes.
[...] je veus ajouter meintenant, que la sourse de cete science fut reputee celeste des Pythagoriens, à cause que le premier auteur n'estoit en connoissance, et encor moins aujourd'hui, qu'à peine savons nous démesler les fables, des veritables histoires : l'un nous renvoye à un Dieu Mercure et à sa lyre de quatre ou de sept cordes, ou au scelette de sa tortue.
[...] alors que l'on touche deus cordes diferentes [...] si les deus sons qui s'entrerencontrent par l'air sont mesurables l'un à l'autre par quelque bonne proporcion : il se fait une douce confusion de l'un en l'autre, et ne deviennent quasi qu'un son, d'ou naist la consonance agreable à l'oreille : mais si les sons ne peuvent soufrir proporcionnable mesure l'un de l'autre, ils viennent toucher l'oreille chacun [p16] en son entier, comme combatans à qui veincra, et (pour n'estre confonduz l'un en l'autre) sont reçuz aigrement de l'ouïe, d'autant qu'ils se font ouir separez : d'où vient la facheuse dissonance, et discord mal plaisant.
Le premier et plus ancien Systeme n'estoit que de quatre cordes ou quatre tons : ausquelz peu à peu l'on ajouta jusques au nombre de sept et fut (dit on) la lyre ainsi encordee, montree par Mercure à Orphee : mais la curiosité de Pytagore, qui ne s'en contentant y ajouta une huitieme, est cause que celle premiere n'est venue jusques en noz mains, et qu'encores à son imitacion, l'on ha osé augmenter le nombre jusques à quinze, pour rendre le Systeme parfet en ses Tetracordes, continuant depuis celle qui represente le plus bas ton auquel l'on puisse descendre en chantant jusques au plus haut auquel l'on puisse monter pour la necessité de melodie.
Tetracorde [est] une continuacion de quatre tons, ou, quatre cordes, desquelles la plus basse, à la plus haute resonne Diatessaron, c'estadire une quarte, d'un demi ton petit et deus tons en trois intervalles, comme vous voyez depuis mi, jusques à, la, demeurans, fa, sol, encloz entre deus.
Cete disposicion (sonnant entre nous, mi, fa, sol, la) rencontree par les premiers, fut tant favorablement reçue, sous le nom de Tetracorde, que d'un commun acord ce mot est retenu pour diviseur du grand et parfet Systeme de quinze cordes.
La seconde [corde] s'apeloit Hypate Hypaton, c'estadire principale des principales, ou plus basse des basses, qui font le premier et plus bas Tetracorde : nous nommons cete ci ♮, mi.
La cinquieme [corde], Hypate meson, c'estadire la principale ou plus basse des moyennes, ou du Tetracorde, du milieu, est notre E, la, mi : et s'apelle ce Tetracorde meson, c'estadire de celles du milieu, pource qu'il est disposé par conjonccion entre deus Tetracordes : et si lon ne consideroit la suite des autres Tetracordes, cete principale ou plus basse des moyennes, pourroit estre apelee Nete hypaton, c'estadire la plus haute des basses.
La quatrieme [corde] Lichanos hypaton (notre D, sol, re) sinifie indice ou montre des principales : et semble estre deduit du mot Grec λιχανός ; sinifiant le doigt second et prochein du pouce, qui sert plus communement à montrer (comme lon dit) au doigt : ou pource qu'aus anciens instrumens le doigt second estoit acommodé pour toucher celle corde : ou (et possible mieus à propos) pource qu'ainsi que la distance du pouce à ce doigt second, est la plus grande, et s'elargit ou retressit, selon que l'usage de la main s'acommode en une ou autre sorte : aussi la troisieme corde de chacun Tetracorde, selon qu'elle est usitee à diverse melodie, acroit ou diminue son prochein intervalle, comme j'espere vous montrer facilement : combien qu'aujourdhui il n'y en ait autre usage que ce qui en reste en quelques endrois du compartiment des Orgues par le double Disdiapason.
[...] au propos du change des noms diray que la premiere corde (vous l'imaginerez pour ton, son, ou note, ainsi qu'il vous plaira) estoit nommee Proslambanomene (qui peut estre interpreté aquise ou ajoutee, aussi ne sert elle rien aus divisions par Tetracordes) et aujourdhui c'est ce qu'on dit A, re.
La onzieme [corde], Paranete diezeugmenon, c'estadire la procheine de la plus haute du Tetracorde diezeugmenon est notre D, la, sol, re : et reçoit mesme mutacion selon la diverse espece de Musique que fait Lichanos, observance qu'il ne faut oublier pour entendre la disposicion de la troisieme corde de chacun Tetracorde.
La neuvieme corde estoit Paramese, c'estadire la procheine en ordre de Mese, et eslongnee d'elle d'un ton selon le Systeme auquel les dejointes suivent le rang prochein des moyennes, comme notre♮mi, de ♭, fa,♮mi, est eslongné d'un ton, de A, la, mi, re : lors qu'on chante en cet endroit, re, mi.
La dixieme [corde] est Trite diezeugmemon, ou la troisieme des dejointes : pource qu'elle est la troisieme de ce Tetracorde à conter de haut en bas : ou pource qu'elle est la troisieme de ce Diapason à conter de bas en haut : nous l'apelons meintenant C, sol, fa, ut.
La huitieme [corde], Mese, qui est notre A, la mi, re se nomme ainsi, comme tenant le rang du milieu au parfet et immuable Systeme du Disdiapason, qui est la double octave de quinze cordes, desquelles necessairement la huitieme est au milieu, assavoir la plus haute du Diapason bas, et la plus basse du Diapason haut : ainsi en consideracion du Tetracorde Meson on la peut nommer Nete meson, et n'entre au Tetracorde troisieme nommé Diezeugmenon (c'estadire des dejointes) non plus que Proslambanomene au premier Tetracorde Hypaton, mais à un Tetracorde conjoint (ils le nommoient Synemmenon) elle sert de basse, et là, peut estre nommee hypate Synemmenon.
La douzieme [corde], Nete diezeugmenon, c'estadire la plus haute du Tetracorde des dejointes, notre E, la, mi. La treizieme, Trite hyperboleon, sinifie la tierce ou tenant le troisieme lieu au Tetracorde des plus hautes ou excellentes, à conter depuis la plus haute : comme F, fa, ut.
La quatorzieme [corde], Paranete hyperboleon, c'estadire procheine de la plus haute des plus hautes (muable Chromatiquement et Enharmoniquement) est representee en notre G, sol, re, ut : comme la quinzieme, Nete hyperboleon, c'estadire la plus haute des plus excellentes, par notre Aa, la, mi, re, le haut.
[...] Tel est l'ordre des quinze cordes anciennes representees par les notes depuis A, re, jusques à Aa, la, mi, re : la continuacion desquelles se deduit en quatre Tetracordes l'un apres l'autre.
Toutefois il se treuve ici un Tetracorde collateral et conjoint lequel j'ay dit estre nommé Synemmenon, c'estadire des conjointes : pource que sa premiere et plus basse corde est la plus haute et derniere de celles qu'ils apeloient Meson, assavoir de Mese, tellement qu'il est lié au Tetracorde des moyennes, et confuz dedens celui des dejointes. Donq sa premiere est Mese, sonnant mi, comme de A, la, mi, re : la seconde, Trite Synemmenon, c'estadire troisieme des conjointes, sonnant le fa, de B, fa,♮, mi la troisieme, Paranete Synemmenon, qui sinifie procheine de la plus haute des conjointes, sonnant un sol, en C, sol, fa, ut, qui estoit trite diezeugmenon. La quatrieme est Nete synemmenon, c'estadire la plus haute des conjointes, sonnant un la, avec Paranete diezeugmenon, notre D, la, sol, re.
Or il suffit icy d'expliquer tous les Cors de chasse, dont on a coustume d'vser, d'autant que ie parleray apres des Trompettes. Les quatre figures precedentes les representent tous, car A B monstre la figure du grand Cor, & C D celle du Cor à plusieurs tours, mais il n'est pas si vsité que l'autre. La Trompe E F, qui n'a qu'vn tour, est la plus vsitée, c'est pourquoy ie l'ay mise auec son Enguicheure L, M, G, H 1, 2, 3. Les cordons qui ont des houppes pendantes attachées aux points L & M, & ceux qui sont marquez par K & I seruent pour eslargir, & pour estressir l'enguicheure à proportion du corps de celuy qui porte le Cor & qui en sonne. Les autres cordons G 3, & H 2 tiennent la Trompe en estat par le moyen des trois anneaux 1, 2, 3. N O represente le troisiesme Cor, que l'on appelle ordinairement le Huchet : & la cinquiesme figure P O fait voir le Cornet de Poste, que l'on ioint sur le corps auec le cordon R. Où il faut remarquer que ces Cors n'ont que deux parties considerables, à sçauoir leurs emboucheures A, C, E, N, que l'on fait d'argent, de cuiure, de corne, de bois, ou de telle autre matiere que l'on veut : & leurs pauillons B, D, F, O. Les emboucheures s'appellent bocals, ou bouquins, comme ie diray encore an traité des Cornets à bouquin, & des Serpents, & s'entent tellement dans le corps des trompes, qu'on les oste aysément quand on veut.
Este día cometió el Cabildo a los canónigos […], juntamente con el maestro de capilla y Martin García, sochantre, exeminen a Joan Sánchez, menestril que vino de Valladolid, en corneta, flauta, chirimía y cornamusa.
Gayta. Instrumento conocido del odre y la flauta de puntos con sus bordones, uno de los que se tañen con ayre […] Díxose gayta de gayo que […] vale alegre; y lo es este instrumento en su armonía y también por la cubierta del odre, que de ordinario es de quadrillas y escaques de diversos colores. Diego de Urrea dize ser nombre arábigo, gaytetum, del verbo gayete, que sinifica incharse y ponerse colérico. Refiérese al odre, porque para que suene la gayta es necessario dar ayre al odre, lo qual le [sic] haze o con la boca, o con unos fuellecillos que traen, y los menean con el braço izquierdo, atándolo por cima del codo. Y por esta razón llamaron los latinos los gaiteros utricularios, y los franceses y italianos llaman a la gaita cora musa […]
Quant aux parties de ces instrumens anciens d, h, l, & I est le trauers, qui est lié aux branches, ou aux cornesf, g, n, o, & qui tient les cheuilles h l, dont on bande les chordes. La coquille sert de table, laquelle est droite dans la figure h i, pres de laquelle on void le Plectrum des anciens, lequel n'est autre chose qu'vn baston dont ils frappoient les chordes, comme l'on fait maintenant au Psalterion, duquel ie donneray la figure & l'vsage. Les trois instrumens du milieu sonnent lors que la main qui les empoigne par leurs manches R, V, & a les secouë & les esbranle : R Q & Z a font voir la forme des Cistres anciens, vsitez en Ægypte. Mais il faut remarquer que les barres de fer, ou de leton, ou de quelqu'autre matiere S T, & b c se meuuent horizontalement de S en T & de T en S, afin de frapper le corps du Cistre Q & Z, & de faire des sons à l'vnisson, comme font les anneaux des Cymbales, ou triangles d'acier dont on vse maintenant. L'instrument V X se meut [p173] perpendiculairement de X en V, & d'V en X, afin que les petits morceaux de leton ou d'acier Y, &c. se frappent & meinent le bruit auquel ils sont destinez & appropriez. Monsieur Naudé m'a enuoyé vne figure d'vn sacrifice ancien, dans laquelle l'vn de ceux qui y sont representez, tient cette figure par le manche V. Quant à l'animal representé sur le Cistre R Q, à sçauoir si c'est vne chate, vn lyon, ou vn bœuf, suiuant les differentes opinions que l'on [p173bis] a de ce que les AEgyptiens representoient dessus pour honorer leur Isis, i'en laisse la recherche aux Critiques, car il suffit que ie donne fidelement tout ce que i'ay peu trouuer dans les marbres & dans les medailles antiques.
PROPOSITION II. Expliquer de combien il y a d'especes d'instrumens à vent, & quel est le plus simple de tous. L'on peut diuiser ces instrumens en plusieurs manieres, dont i'en expliqueray icy les principales, par exemple, on peut leur donner le mesme ordre qu'ils tiennent dans l'vsage ordinaire, en ioignant ensemble ceux qui seruent à vn mesme concert, ou celuy des temps esquels on les a inuentez, ou celuy du nombre de leurs trous, &c. de sorte qu'il importe fort peu quel ordre l'on suiue, pourueu que l'on en entende la fabrique, la proportion & [p227] l'vsage. Or i'explique premierement ceux qui n'ont qu'vn trou, & puis ceux qui en ont deux, trois, ou plusieurs ; & parce qu'entre ceux qui n'ont que deux, trois, ou plusieurs trous, les vns ont des bocals, ou bouquins, que l'on peut appeller emboucheures, & les autres des tampons, des lumieres, ou des anches, ie parleray premierement de ceux-cy, & puis des instrumens à bocal : mais ie ioindray ceux que l'on embouche à costé par vn simple trou, auec ceux qui vsent de lumiere, laissant neantmoins à chacun l'entiere liberté de les disposer autrement. Quant au plus simple instrument, il est mal aysé de le determiner, car il semble d'vn costé que la Fluste, que l'on appelle Eunuque, & les autres qui rendent seulement la voix qu'ils ont receuë, par exemple les pots cassez, les coquilles, & les autres corps concaues, dans lesquels on parle pour renforcer la voix, sont les plus simples de tous, & d'ailleurs que l'on doiue attribuer cette simplicité à ceux qui n'ont qu'vn seul trou, comme il arriue aux flustes de Pan, dont vsent les Chaudronniers, aux petits sifflets, aux clefs percées, à l'vne des mains iointes, ou à toutes les deux qui seruent de sifflet, & à plusieurs apeaux, ou pipets dont on vse pour appeller & pour prendre les oyseaux. A quoy l'on peut adiouster que les chalumeaux de paille sont tres-simples, & qu'il n'y a nul instrument plus rural ou champestre, ny qui soit plus aysé à faire, si ce n'est qu'on leur prefere les cornes de boeuf & de belier, ou des autres animaux, dont ie parleray dans le discours des Cors de chasse.
PROPOSITION VI. Expliquer la figure, la fabrique, l'accord, l'estenduë, & la tablature du Flageollet, & de la Fluste à six trous. Cet instrument est l'vn des plus gentils, & des plus aysez de tous ceux qui sont en vsage, car encore que les chalumeaux, qui se font de tuyaux de bled, ou de plume, ou les cornes de bœuf, ou de belier, que les Bergers mettent au bout d'vn baston de sureau creusé, soient aussi aysez à preparer, ils sont neantmoins fort esloignez de sa perfection. Or cet instrument a six trous, comme l'on void dans cette figure, dont le sixiesme est le plus pres de la pate C ; le cinquiesme & le premier sont derriere, & le quatre, trois & deux sont deuant, comme est le sixiesme. Où il faut remarquer que le premier peut estre pris pour le dernier, comme il arriue lors qu'on descend de l'aigu au graue, & que le dernier peut estre pris pour le premier, quand on monte du graue à l'aigu. Quant à la disposition des mains & des doigts dont on bouche ces six trous, il faut remarquer que la main gauche bouche le premier, le second & le troisiesme trou, car son pouce bouche le premier qui est derriere, l'index bouche le second qui est deuant, & le doigt du milieu bouche le troisiesme trou ; de sorte que chaque main gouuerne trois trous, puis que la gauche bouche les trois trous, qui sont plus proches de la lumiere, & que la main droite gouuerne les trois autres, dont le pouce bouche le cinquiesme, l'index le quatriesme, & celuy du milieu le sixiesme, ou le plus proche de la pate C. Il y en a d'autres qui font seruir les quatre doigts de la main gauche au Flageollet, à sçauoir le pouce, l'index, celuy du milieu & le medicus, & les trois de la main droite, à sçauoir le pouce, & l'index : mais celuy du milieu sert pour boucher la pate. La lumiere du Flageollet est marquée par B, & son emboucheure par A. On le peut faire de toutes sortes de matieres, mais particulierement de buis, d'yuoire, de prunier, d'ébene & de toutes sortes de bois durs. Mais il n'est pas necessaire de remarquer la proportion que doiuent auoir ses trous, parce que sa figure monstre leurs distances & leurs grandeurs.
PROPOSITION X. Expliquer toutes sortes de Trompes & de Cors, & particulierement ceux qui seruent à la Chasse. I'Explique les instrumens à Bocal apres les Flustes, parce qu'ils me semblent les plus simples, car ils n'ont que deux trous : à sçauoir celuy par où l'on pousse le vent, & celuy par où il sort. Les Bergers vsent de ces Trompes & de ces Cors en prenant des cornes de belier, ou de bœuf, qu'ils coupent par le petit bout, afin de faire le trou de l'emboucheure, dans lequel ils mettent vn baston de sureau percé & creusé, qui leur sert de porte-vent & de bocal ; ce qui est si facile à comprendre qu'il n'est pas besoin d'en donner la figure. Quelques-vns vsent de morceaux de bois, ou de pieces de poterie faite en façon de cornes pour le mesme suiet : car il suffit que l'on imite les sons des cors de chasse ou de la Trompette. A quoy l'on peut rapporter les differentes [p245] industries des enfans, qui imitent ces instrumens auec des tuyaux, ou des tiges d'oignons, & auec plusieurs autres choses qu'ils trouuent creusées, & propres pour ce suiet. Quant aux cornes de Belier, les Hebrieux en vsoient pour annoncer leurs Iubilez de cinquante en cinquante ans : ce qu'ils faisoient, à ce que l'on dit, en souuenance du belier qui parut à Abraham dans le buisson en eschange du sacrifice qu'il vouloit faire de son fils Isaac, dont on aura plus de lumiere en lisant ce que l'Escriture dit du Iubilé & de son origine, qui vient de la diction יובל Iobel, laquelle signifie vn belier. Mais il est difficile de sçauoir si ceux qui auertissoient du Iubilé sonnoient de cette corne en la tenant dans la main, ou s'ils l'entoient sur quelque canal ou porte-vent : quoy qu'il en soit, nous sçauons que l'on vsoit de sept Trompettes, ou de sept Cors [p246] pour annoncer le Iubilé, comme on list au 6. chapitre de Iosué, où Dieu commande que les Prestres sonnent desdites Trompettes autour de Iericho pour en faire tomber les murailles.
Quant à la perfection de la Pratique, elle consiste au beau toucher, lequel est la base & le fondement du plaisir qui doit contenter l'oreille : & parce que cet instrument n'a point de touches, il faut tellement aiuster les doigts sur chaque lieu du manche, que les sons persuadent vne proportion aussi bien reglée que s'il y auoit des touches comme à la Viole. En second lieu, il faut addoucir les chordes par des tremblemens, que l'on doit faire du doigt qui est le plus proche de celuy qui tient ferme sur la touche du Violon, afin que la chorde soit nourrie. Mais il faut appuyer les bouts des doigts le plus fort que l'on peut sur la touche, afin que les chordes fassent plus d'harmonie, & les leuer fort peu de dessus le manche, afin d'auoir assez de temps pour les porter d'vne chorde à l'autre. En troisiesme lieu, si l'on veut parfaitement reüssir, la main qui tient l'archet doit estre du moins esgale en vistesse à la gauche, d'autant qu'elle fait paroistre tous les mouuemens differens qui enrichissent les airs, & qui donnent de la beauté aux chants. En quatriesme lieu, il faut traisner l'archet sur les chordes, & repeter plusieurs fois le battement du doigt sur vn mesme ton, & puis sur vn autre, en continuant ainsi depuis le haut iusques en bas, pour faire les mignardises qui sont fort agreables, à raison de la belle modulation qui donne vn grand plaisir à l'ouye, quoy qu'il faille y proceder auec iugement. Or le Violon à cela par dessus les autres instrumens qu'outre plusieurs chants des animaux tant volatiles que terrestres, il imite & contrefait toutes sortes d'instrumens, comme les voix, les Orgues, la Vielle, la Cornemuse, le Fifre, &c. de sorte qu'il peut apporter de la tristesse, comme fait le Luth, & animer comme la Trompette, & que ceux qui le sçauent toucher en perfection peuuent representer tout ce qui leur tombe dans l'imagination. Ie laisse vne infinité d'autres remarques qui appartiennent à cet instrument, par exemple, que l'on peut sonner vne Courante, & plusieurs autres pieces de Musique auec vn seul coup d'archet : que l'on peut flatter les chordes de 8, de 16, ou de 32 coups de doigt dans l'espace d'vne mesure : qu'il faut mettre les trois doigts de la main gauche, c'est à dire l'index, celuy du milieu, & l'annulaire [p184] si pres de la chorde que l'on veut toucher, qu'il ne s'en faille qu'vne demie ligne qu'ils n'y touchent, afin que ce petit esloignement n'empesche point la vistesse du toucher & des tremblemens.
Descendant donc de cette sorte dans la plaine, nous apperceusmes Siluandre, qui assis aupres de quelques arbres estoit tellement attentif à chanter au son de sa cornemuse qu'il ne se prenoit garde que Diane l'ayant reconnu à la voix passoit doucement derriere le buisson pour l'escouter sans estre veuë. Et Diane estoit si desireuse de l'ouïr qu'elle ne voyoit pas Astree & Phillis, qui la regardoient faire, qui touchees d'une semblable curiosité passoient d'un autre costé pour n'estre veuës ny de Diane ny de Siluandre, mais nous eusmes bien du plaisir à considerer Licidas, qui estant sur une motte un peu plus releuee, regardoit Phillis se trainant en terre lentement pour n'estre point veuë de Siluandre. Car ayant opinion que l'amour qu'elle portoit à ce berger luy donnoit de la curiosité de l'oüyr, il demeuroit tout debout les bras croisez, & les yeux à ce que nous pouuions iuger tellement sur elle, qu'il sembloit immobile.
Et puis chante[n]t de mes chansons / Qui nont pas pourta[n]t meschans sons / Mais elles sont ung peu grassettes / Ainsi sesbatent mes doulcettes / Avec noz ge[n]tilz dorelos / Courtoys, migno[n]s, gentilz falos / Fo[n]t tous les jours chanso[n]s nouvelles / Cela sentent pour lamour delles / La vien[n]ent les haulx menestriers / A tels gra[n]s festes voulentiers / Qui vous corne[n]t ioyeusement / Et font gra[n]t resbaudissement / Et plusieurs gentilz trupeluz / A tout belles harpes & lucz / Orgues & manicordions / Eschequiers & psalterions / Rebec, simphonie & guiterne / Lautre flagolle, lautre guiterne / Lautre ioue du tabourin / Gaignent chascun son beau florin
Or il suffit icy d'expliquer tous les Cors de chasse, dont on a coustume d'vser, d'autant que ie parleray apres des Trompettes. Les quatre figures precedentes les representent tous, car A B monstre la figure du grand Cor, & C D celle du Cor à plusieurs tours, mais il n'est pas si vsité que l'autre. La Trompe E F, qui n'a qu'vn tour, est la plus vsitée, c'est pourquoy ie l'ay mise auec son Enguicheure L, M, G, H 1, 2, 3. Les cordons qui ont des houppes pendantes attachées aux points L & M, & ceux qui sont marquez par K & I seruent pour eslargir, & pour estressir l'enguicheure à proportion du corps de celuy qui porte le Cor & qui en sonne. Les autres cordons G 3, & H 2 tiennent la Trompe en estat par le moyen des trois anneaux 1, 2, 3. N O represente le troisiesme Cor, que l'on appelle ordinairement le Huchet : & la cinquiesme figure P O fait voir le Cornet de Poste, que l'on ioint sur le corps auec le cordon R. Où il faut remarquer que ces Cors n'ont que deux parties considerables, à sçauoir leurs emboucheures A, C, E, N, que l'on fait d'argent, de cuiure, de corne, de bois, ou de telle autre matiere que l'on veut : & leurs pauillons B, D, F, O. Les emboucheures s'appellent bocals, ou bouquins, comme ie diray encore an traité des Cornets à bouquin, & des Serpents, & s'entent tellement dans le corps des trompes, qu'on les oste aysément quand on veut.
Or il suffit icy d'expliquer tous les Cors de chasse, dont on a coustume d'vser, d'autant que ie parleray apres des Trompettes. Les quatre figures precedentes les representent tous, car A B monstre la figure du grand Cor, & C D celle du Cor à plusieurs tours, mais il n'est pas si vsité que l'autre. La Trompe E F, qui n'a qu'vn tour, est la plus vsitée, c'est pourquoy ie l'ay mise auec son Enguicheure L, M, G, H 1, 2, 3. Les cordons qui ont des houppes pendantes attachées aux points L & M, & ceux qui sont marquez par K & I seruent pour eslargir, & pour estressir l'enguicheure à proportion du corps de celuy qui porte le Cor & qui en sonne. Les autres cordons G 3, & H 2 tiennent la Trompe en estat par le moyen des trois anneaux 1, 2, 3. N O represente le troisiesme Cor, que l'on appelle ordinairement le Huchet : & la cinquiesme figure P O fait voir le Cornet de Poste, que l'on ioint sur le corps auec le cordon R. Où il faut remarquer que ces Cors n'ont que deux parties considerables, à sçauoir leurs emboucheures A, C, E, N, que l'on fait d'argent, de cuiure, de corne, de bois, ou de telle autre matiere que l'on veut : & leurs pauillons B, D, F, O. Les emboucheures s'appellent bocals, ou bouquins, comme ie diray encore an traité des Cornets à bouquin, & des Serpents, & s'entent tellement dans le corps des trompes, qu'on les oste aysément quand on veut.
[…] le silence ayant esté imposé, on ouit aussi tost derriere le chasteau vne note de hauts-boys, cornets, sacquebouttes, & autres doux instrumens de musique : desquels l’harmonie estant cessee, le sieur de la Roche […] sortant du iardin de Circé, courut iusques au milieu de la salle […]
Or il suffit icy d'expliquer tous les Cors de chasse, dont on a coustume d'vser, d'autant que ie parleray apres des Trompettes. Les quatre figures precedentes les representent tous, car A B monstre la figure du grand Cor, & C D celle du Cor à plusieurs tours, mais il n'est pas si vsité que l'autre. La Trompe E F, qui n'a qu'vn tour, est la plus vsitée, c'est pourquoy ie l'ay mise auec son Enguicheure L, M, G, H 1, 2, 3. Les cordons qui ont des houppes pendantes attachées aux points L & M, & ceux qui sont marquez par K & I seruent pour eslargir, & pour estressir l'enguicheure à proportion du corps de celuy qui porte le Cor & qui en sonne. Les autres cordons G 3, & H 2 tiennent la Trompe en estat par le moyen des trois anneaux 1, 2, 3. N O represente le troisiesme Cor, que l'on appelle ordinairement le Huchet : & la cinquiesme figure P O fait voir le Cornet de Poste, que l'on ioint sur le corps auec le cordon R. Où il faut remarquer que ces Cors n'ont que deux parties considerables, à sçauoir leurs emboucheures A, C, E, N, que l'on fait d'argent, de cuiure, de corne, de bois, ou de telle autre matiere que l'on veut : & leurs pauillons B, D, F, O. Les emboucheures s'appellent bocals, ou bouquins, comme ie diray encore an traité des Cornets à bouquin, & des Serpents, & s'entent tellement dans le corps des trompes, qu'on les oste aysément quand on veut.
1829. El dicho día a suplicación de Antonio de Salinas, ministril, el Cabildo le recibió por tal ministril de esta Sta. Iglesia en la plaza de tiple y corneta de chirimía que está vaca por muerte de Juan Guerrero desde julio en adelante, con un quinto de prebenda y lo demás que se le haya de dar de la obra, se remitió a la Diputación para que arbitren la cota que ha de ser y después refieran.
Y pues se quiere este tal Compositor mantener de los trabajos agenos, y asseytarse de los estudios que no son suyos y con ellos [p108] alcançar fama; y sustentarse en honra con lo que sobrò à otros, sera conveniente digamos prouerbialmente. Coruus relictis ab aquila cadaueribus vescetur . Otros hay, hijos de Orpheo y nietos de las Musas, los quales (por lo que ellos dizen) parece que à manera de vn manojo de olorosas flores, tengan en su mano, todas las partes de la Musica: pues ellos saben Cantar, Contrapuntar, Componer, Tañer, (no digo de campana) sino de tecla, de guitarra, de laud, de arpa, corneta, flauta, sacabuche, vihuela, violon, y aun de violon y de violaça. y finalmente de todo genero de instrumentos que Vs. Ms. mandaren.
El primero Choro [en la música a coros] se canta en el Organo con quatro bozes senzillas: el segundo se tañe con vn concierto de diuersos instrumentos formado, acompañando à cada instrumento su boz; ò por lo menos à la parte del Tiple y Baxo, para que expliquen las palabras: mas el tercero (que es el fundamento de toda la Musica) se canta con mucha chusma; poniendo tres, quatro, y mas Cantantes por parte; acompañandolos con algunos instrumentos llenos y de cuerpo, como son las cornetas, los Sacabuches, los Fagodes [sic] y otros semejantes: que quanto mas cantare lleno y à turba, tanto mas perfecto sera el Choro. En quanto al cantar, aduiertan que los Choros cantan auezes, es asauer quando vno y qua[n]do otro; respondiendose vno al otro, à guisa de Dialogo, cada dos, tres, quatro ò mas Compases [...]
(Faunus ait) dize Fauno (cernens turmas fugientes), viendo las esquadras, que huìan (effuso agmine) desbaratado el exercito (quis nunc inflat cornua mea?) quien toca mis bozinas? Para entendimiento desto auemos d[e] saber q[ue] Pa[n] fue Capita[n] de Baccho, y el primero que inuentò el exercito, y esquadros en la guerra, y le llama, Phalange, instituyò lo que los Latinos llaman en los exercitos cornu dextrum, et sinistrum, y por esta causa le atribuyeron las bozinas y cornetas [...] Otros dizen que peleando Pan contra los Titanes, hallo esta concha torzida, con la qual le pintan aqui de la qual vsaua en lugar de trompeta.
(Faunus ait) dize Fauno (cernens turmas fugientes), viendo las esquadras, que huìan (effuso agmine) desbaratado el exercito (quis nunc inflat cornua mea?) quien toca mis bozinas? Para entendimiento desto auemos d[e] saber q[ue] Pa[n] fue Capita[n] de Baccho, y el primero que inuentò el exercito, y esquadros en la guerra, y le llama, Phalange, instituyò lo que los Latinos llaman en los exercitos cornu dextrum, et sinistrum, y por esta causa le atribuyeron las bozinas y cornetas [...] Otros dizen que peleando Pan contra los Titanes, hallo esta concha torzida, con la qual le pintan aqui de la qual vsaua en lugar de trompeta.
(Faunus ait) dize Fauno (cernens turmas fugientes), viendo las esquadras, que huìan (effuso agmine) desbaratado el exercito (quis nunc inflat cornua mea?) quien toca mis bozinas? Para entendimiento desto auemos d[e] saber q[ue] Pa[n] fue Capita[n] de Baccho, y el primero que inuentò el exercito, y esquadros en la guerra, y le llama, Phalange, instituyò lo que los Latinos llaman en los exercitos cornu dextrum, et sinistrum, y por esta causa le atribuyeron las bozinas y cornetas [...] Otros dizen que peleando Pan contra los Titanes, hallo esta concha torzida, con la qual le pintan aqui de la qual vsaua en lugar de trompeta.
Es cosa sabida à todos los professores de Musica, que el Tono Noveno y el Primero , son entre dellos muy conformes y muy amigos : assi como lo son el Dezeno con el Segundo. Lo mesmo se dize del Onzeno con el Quinto; y del Dozeno con el Sexto [...] Y porque estos postreros quatro Tonos no tienen particulares entonaciones, siendo que los Ecclesiasticos para servicio del Choro, tienen señaladas entonaciones de los Psalmos (y esto no sin mysterio) solamente solo los primeros ocho, por ello conuiene y es necessario, que ellos se siruan para salmear, de la entonacion de sus amigos, acudiendo cadauno al suyo. Y no es conueniente imaginarse de poner en vso otras particulares entonaciones modernas para estos quatro Tonos: y caso que alguno añadiere à los ocho regulares, quatro modernas y nuevas, si dessean acertar, dexenlas à parte; y no aconsientan à cosa, que sea contra las ordenes de nuestros mayores . Hauemos pues de saber que el Noveno se sirue de la entonacion y Saeculorun del Primero: el Dezeno, de la del Segundo: mas el Onzeno se sirue de la entonacion y Saeculorum del Quinto: y el Dozeno, de la del Sexto.
Sant Pablo aconseja a los Colossenses que se animen con hymnos Psalmos y canticos spirituales, llenos estan los Psalmos de David de amonestaciones, que loemos al Señor con esta arte, nombrando todos los instrumentos della: porque como toda ella es de Dios no quiere que reseruemos nada para el mundo, ni que nos contentemos con hazer esto como quiera, sino que cantemos sabiamente como los mismos Psalmos se cantauan y por sus titulos paresce en que Dauid dexo señalados los tonos e instrumentos con que se auia cada vno de entonar, aunque por el descuydo y oluido de los hombres, se perdio el conoscimiento de aquella Musica, hasta que el Papa Sant Gregorio ordeno como se auian de cantar en la yglesia, y lo mismo hizo el sancto Pontifice Leon Segundo que fue muy afficionado a esta arte y la professo, y otros Pontifices despues del con el sancto cuydado que en esto pusieron, dieron bien a entender lo que se pagaua nuestro Señor desta arte, la qual no solo quiso para su seruicio en la tierra, pero alla en el cielo se celebra con ella el triumpho de su gloria como fue reuelado a Sant Iuan en su apocalypsis quando vio el throno de Dios cercado de aquellos veynte y quatro ancianos musicos que con sus instrumentos celebrauan la victoria del cordero, aun hasta la gentilidad con todos sus errores y ceguedades no se le encubrio esto, y siempre en ella fue tenida la Musica por cosa diuina, y como tal atribuyeron a Mercurio la inuencion della, y hizieron coro y capilla de las nueue Musas, las quales se preciaron tanto deste exercicio, que aunque professauan las artes y sciencias que llamamos liberales cuyas inuentoras son, no tomaron por insignias sino solos los instrumentos Musicos, por los cuales son conoscidas ni quisieron que otra arte tuuiesse su apellido sino esta, y como cosa tan propria suya, la llamaron Musica, y si estas prueuas parescieren fabulosas deue se mirar el origen y fundamento que tuuieron que fue la estremada astucia del demonio, el qual queriendo parescer Dios en la gentilidad, no supo hallar mejor disfraz para su mentira, q[ue] el vso desta diuina arte, sabiendo bie[n] qua[n] allegada y priuada era de Dios, y assi se valia della, por parecerlo el, haziendole esta honrra, y cubriendo con ella las respuestas, que daua en los oraculos y por boca de las sybillas que para que paresciessen diuinas queria que fuessen en verso, y cantadas como de Virgilio paresce.
Al coro que a Dios canta alçaste el buelo,
De alli cogiste el punto, el canto llano
Pues que tu diestra milagrosa mano:
Clara señal nos descubrio del Cielo.
Cantando à mas Choros, no ay necessidad de imitar al Cantollano, basta se proceda con Solfa graciosa, y de buen ayre, y con la obseruacion de los Motetes y Madrigales, &c. Mas siendo los Psalmos à versos, es menester à lo menos, se guarde el principio, la mediacion, y el Saeculorum de las Psalmodias, porque se haze la respuesta à Cantollano: que no parece bien, quando el Choro procede con el principio, mediacion y final de vna manera, y la Musica de otra: digo preguntando de ajos, y respondiendo de Cebollas: ò como el otro respondio. No ay relox, mas ay los Organos [Viene all final del cap. 19 del L. 15. Aplicase al doceno tono o, sin duda, al conjunto de los modos] [Ejemplo y citas de composiciones de Iaquet, Iosquin, Adriano [de Willaert], P. Vespa, Prenestina=Palestrina]
Otros accidentales ay, que no estan en vso como los sobredichos, como es Primero en C faut, y Tercero por D solre &c. Los quales, aunque son mas vsados de los Organistas para accomodarse mejor con al Choro, que de los Compositores para componer sus obras, por la difficultad que tienen los Cantores de ver tantos Bemoles, y tandos Be quadrados ò sostenidos, y de cantar fuera de las cuerdas ordinarias, con todo esso, ellos tambien hazen alguna cosilla con estos accidentales estravagantes [=extraordinarios] [Cita ejemplos de Claudio da Corregio, Philipe de Monte, Pablo Aretino, Francisco Ferabosco, Jehan Gero]. La manera que se ha de tener para componer estos Tonos estraordinarios, es mudar los mesmos naturales , por todas las partes por donde se puedan componer y tañer en el Organo , de mas de los accidentales ordinarios.
Todas las formaciones accidentales se causan con dezir Fa en los Mies, por la fuerça desta b señal de bemol: ò con dezir Mi , on la fuerça desta otra [SIGNO MUSICAL] señal , que es de be quadrado. Aduiertan en general que todas las Sequencias que estan escritas con estas señales b. [SIGNO MUSICAL]. son las proprias y naturales: y todas las que apuntadas estan con esta b señal de vna sola posicion de befabemi, ó con su Octaua, son las accidentales mas vsadas de los Compositores. Digo mas vsadas de los Compositores, por quanto de los eccelentes Organistas todas indifferentemente son praticadas y vsadas: es asauer, quando vno y quando otro, y esto segun el Tono alto ò baxo del Organo, vsado siempre de aquel que sale mas comodo para el Coro.
Para que todo esto mas clara y palpablemente se entienda, ponremos el juego del Monachordio dibuxado. y a cadauno de los Semitonos incantables , ponremos en particular vna raya atrauessada de tecla negra à tecla blanca : y da à entender, que adonde quiera que estuuiere esta raya atauessada, es Semitono incantable; por el qual en ninguna manera se puede subir ni baxar (tañendo como digo Genero Diathonico en su natural,) ni tampoco redoblar, ni hazer quiebros. tambien da à entender, que a donde quiera que no hubiere la sobre dicha raya atrauessada te tecla megra à tecla blanca, es Semitono cantable: ecepto las dos primeras teclas negras, de las quales à las teclas blancas que tienen junto a si à ambos lados, no ay Semitono cantable, ni tampoco incantable. A fin vaya todo mas claro, aduierto que las teclas blancas , y las dos primeras negras , van señaladas con letra , que da á entender la posicion de cada una. Aduertiendo que las que tuuieren cruz , son posiciones que estan fuera de las veynte ordinarias que ay en la Mano. Las tres Claues particulares que rigen toda la Musica es à sauer de F faut, de C solfaut, y de G solreut estan puestas en sus lugares: tambien las teclas negras las quales son Bemoles, van señaladas con su indicio, que es esta b letra; y las que son Sostenidos , con el suyo, que es este [SIGNO MUSICAl]. Y todo esto se hizo a fin que el Maestro de Capilla pueda saber lo que conuiene para seruicio de su Musica: y conocer por quales partes se puede concertar accidentalmente, fingiendo vozes en Signos adonde naturalmente no las ay. Lo qual se haze por dar vn tono natural y cantable al Choro, y à los que cantan en el organo; y eso nace de no estar proporcionado el tono del instrumento con el tono de las vozes. Aduiertan pero, que algunos instrumentos ay, que tienen dos teclas de mas; y otros, que les faltan la primera tecla blanca, y las dos primeras teclas negras. Los que tienen teclas blancas de mas, son de diez contras; en los quales [SIGNO MUSICAL] tiene su assiento en la quinta blanca: los que les faltan la primera tecla blanca , y las dos primeras teclas negras , son de cinco contras: y en estos, [SIGNO MUSICAL] tiene su assiento en la segunda tecla blanca: mas los que ni les falta ni sobra [p.932] (que son los comunes que agora se vsan) son de ocho contras ; y en estos tales, [SIGNO MUSICAL] tiene su assiento en la tercera tecla blanca, como aqui se vee. Figura del Juego del Monachordio, adonde se pueden ver los lugares de los Bemoles Y Sostenidos, con todo lo demas, que hasta aqui hemos tractado.
2- Las Clausulas de los Psalmos son las mesmas de los Motetes y Missas, solo diffieren que la de Ffaut aqui tiene mayor autoridad por ser principio de su entonacion , y por esta causa, tambien se sirue della para principiar, queriendo imitar el Cantollano: y esto se dize de los demas Tonos tambien. Otras Clausulas finales puede tener segun la variedad del Saeculorum: aduirtiendo que siguiendo Saeculorum de Psalmo , ha de ser la Clausula principal donde el Saeculorum fenece y luego otra adonde el verso media. [...] Siendo la Composicion de la Salmodia à dos ò mas Choros y à Dialogo, parece mejor el terminar con la final Clausula del Tono, non obstante que en los principios y Clausulas intermedias, se puedan imitar las reglas de las Salmodias.
Vnos discipulos ay mas desseosos de conocer las cosas por menudo que otros, los quales queran [sic] saber que cosa sea mano grande o en vulgar , a quienes en este Capit. dare satisfacion; y digo que otra cosa no es esta mano que dizen, q[ue] vna antigua declaracion de los Signos: y es la mejor de quantas ay pâra deprender de coro la deriuacion de las Deduciones, por ser la mas clara, y la mas facil de entender.
Para componer las Cha[n]zonetas ò Cancioncillas con su verdadera orden aduiertan de vsar en la Composicion vnos acompañamientos de Consonancias naturales, formando con ellas vnos cantares ayrosos: alegres, apartados, polidos, graciosos, y ligeros ò diminuydos: pronunciando las palabras casi juntamente con todas las partes. Aqui no ha de auer artificio de Contrapuntos, ni variedad de inuenciones, como en los Madrigales, si no interualos consonantes bien ordenados; y auezes algunas breues Fugas (en principio particularmente) pero de las mas naturales y mas dozenales. Aqui no tienen que hazer los passos de ligadura pues la Solfa ha de ser suelta y veloz. Su propio es hazer cantar todas las partes conjuntamente con tres, quatro ò mas Minimas, Semiminimas, ò Corcheas (ò de qualquier cantidad mixta) sobre de vna mesma cuerda, dando pero su sylaba à cada punto. Mas digo, que su proprio es cantar à tres bozes solamente (por quanto assi tiene mas del natural) muy distantes y muy apartadas: como es introduziendo vn Baxo con vn Contralto y vn Tiple; ò vn Baxo muy graue y dos Tiples muy agudos: cuyas Clausulas finales ordinariamente concluyen en Quinzena, ò en Octaua, con la parte del Baxo; y las dos partes agudas terminan propriamente en Vnisonus, y assi se deue cantar; por quanto la terminacion tiene mas del natural en esta, que en otra manera, aduertiendo que quieren ser replicadas con los postreros versos. Y la mayor hermosura consiste en cantarlas de coro y sin libro; con variarles la letra, segun la diuersidad de las coplas que tienen.
Lo primero que ha de saber el principiante (y muy de coro) es vt, re, mi, fa, sol, la y desce[n]de[n]do, la, sol, fa mi, re vt, rezado, y que punto esta en espacio, y qual en regla, y que de espacio a regla es vn punto, y de regla a espacio otro. Luego entienda que ay dos claues en el canto llano, y que la que tiene tres puntos, se nombra de ffaut, y la que dos de csolfaut. Exemplo (sur une portée d’une ligne les deux clefs du chant grégorien)
Y en abriendo el libro, ha de mirar la regla q[ue] atraviessa la claue, porque todas las claues tienen su assiento en regla, y no se engañe en las otras reglas, que tambien la atrauiessan, sino conozca bien la regla que atrauissa por medio de los tres, o dos pu[n]tos, q[ue] diximos de las claues y sepa que todos los puntos q[ue] estuuiere[n] en esta dicha regla, son faes, y que por este fa, ha d[e] sacar los otros puntos: claro sera, que si hazemos fa en la regla que atraviessa la claue, q[ue] vn punto abaxo es mi, y otro mas abaxo es re, y tres puntos abaxo, sera vt, y vn punto encima del dicho fa, sera sol, y dos la, y luego entonele en el vt, re, mi, fa, sol, la. dandole a entender, q[ue] como suben, o baxan los puntos, vnos tras otros, assi lo ha de hazer con la voz. Y luego entonele en terceras, y quartas, y quintas &. por los dedos, señalando de dedo a dedo vn pu[n]to , y tres dedos para tercera, y quatro para quarta, por grado, y por salto, que es dexa[n]do los puntos del medio entonar, el primero y el postrero, de las specie que quisiere.
Sepa lo primero cifrar el ca[n]to de organo, y ponella en la tecla (como queda dicho), de lo qual te[n]go experie[n]cia, que puede vno hazerlo sin saber ca[n]tar pu[n]to de ca[n]to de organo, ni del llano, para lo qual deue ente[n]der primero el valor de las figuras, y de sus aguardas, y de las figuras ligadas &. y sepa luego por donde va esta cifra por el instrume[n]to, traslada[n]dola en el: y luego cifre la voz que quisiere de vn villa[n]cico, o fauordo[n], y poco a poco trabaje a tañerla, y cantar la solfa, muy a co[m]pas, rigie[n]dose por los vnos y los cincos, que son faes (como queda dicho) que el mismo monacordio bie[n] te[m]plado, le entonara y mostrara como ha de hazer en cada pu[n]to: y despues que te[n]ga bie[n] de coro esta voz: saquela en ca[n]to de organo, por la manera que se pone abaxo, y ca[n]tela mira[n]do como se detiene, y corre cada pu[n]to, y note a do[n]de da y se leuanta el compas, que es en el primero, y tercero lugar, para hazerlo assi en otras obras: y despues podra poner todas las vozes juntas acostumbrandose a cantar siempre vna voz en todo lo que pusiere [f12r], porque demas de que es muy prouechoso, es apazible cantar la letra. Sera mas facil esto para el que supiere tañer algo, como ay muchos que tañen sin saber cantar: que al que es nueuo en todo con poca ayuda de maestro, aprouechara con este auiso. Podria se atajar camino, començando del canto de organo para el canto llano
Sera muy provechoso tener muchas entradas de coro (de) muy buenos autores, y finales para que no parezca tan malla no muy buena fantesia: en medio es buen aviso no tañer fantesia hasta saber muchas obras de coro, de adonde sale la buena fantesia estan estas tres entradas.
[...] que fablen con Francisco de Çaballos, cantor, que pues su padre era impotente, que él resida en el coro de cantor e venga a la capilla y enseñe como es obligado.
Este día el canónigo Martín Garcìa del Castillo propuso cómo un muchacho caponcillo había venido […] que por haber tan gran falta en el coro de muchachos sería bueno que se recibiese por mozo de coro; el Cabildo mandó […] que querían oírle cantar.
Un coro de música le decía que no desconfiasse, que presto la bolvería a ver. Pedía socorro al amor en tan dudosa empressa y soberana inclinación, y en lo alto del teatro se abría un balcón en que al son de muchos instrumentos se mostraba la ninfa Aretusa [...]
Determinado Amadis con la determinacion valerosa de acometer la respetada Aurora, le detuuieron el intento, y pasos, dos coros de musica, que en puestos difere[n]tes sin verle cantaron esto [...]
Con mas coros de musica, que pidio el deseo, se abrieron las puertas de aquella encantada gloria [Niquea]. Corta es la imaginacion, incapaz el discurso, que a pintar belleza semejante abonos tenga deste sentimie[n]to en lo que alca[n]çaron a verla [...]
Aduiertan que en Composiciones ecclesiasticas, siendo cantadas à Choro lleno, (saluo el mejor juyzio) no parecen bien semejantes terminaciones [con pausa]: mas siendo la obra compuesta con andamientos delicados, graues y deuotos, y cantada à vozes senzillas, se podra hazer libremente.
[…] Digo, que el tañedor no tan solamente puede començar donde el canto llano tiene su principio: pero deue para ser tenido por buen tañedor seguir el canto llano (ahora sea de psalmodia, ahora de canturia llana o de organo) que llena el choro.
No pequeños yerros haze[n] algunos cantores que tiene[n] cuydado de regir a los otros en los choros: por no estar auisados […][18vb] Lo principal que un sochantre auia de tener: es sauer llevar el compas, que sea sabio y honesto. En los hymnos de proporcio[n] lleva[n] muchos en cada co[m]pas, co[m]pas y co[m]paßete: porque como entra en el compas un breve y un semibreve: al breve dan compas, y al semibreve medio […] Algunos [sochantres]oluiidados estar dela[n]te de dios lleva[n] el compas sobre el libro co[n] una uara, y los golpes se notan en la yglesia. De las palmadas que otros dan: no quiero hablar […] Visto he regidor de choro, que lleuaba el co[m]pas con una vara, y mirando a la punta de la dicha uara: el yua por una parte, y todo el choro con el co[m]pas, y la uara señalaua otro. El compas no vaya tan precipitado, que sea con confusion: ni tan de espacio: que se pierda deuocion […] [f18va]Suelen mudar los cantores el compas en medio de una obra, o al cabo: que de co[m]paßete lo hazen proporcion.
Va vno cantando vn psalmo que auia de ser de el tono septimo, y hizo lo tercero, si el que tiene cuydado de e[n]me[n]dar, aßi como erro el otro a bozes lo enmienda: causan una dißonancia de segu[n]da diabolica […] Si el que entona el psalmo, lo hizo modo septimo, y auia de ser octauo: en acauando el cantor prosiga el choro concluyendo con octauo […] [19rb]Concluyo en esta materia con un auiso general, que en todo lo que cantaren vayan tan sobre el auiso, que no se paße pu[n]to, señal, claue, o guion: que no sepan ciertamnete como y porque fue.
Sanct Hieronimo dize, que este nombre choro es nombre de un instrumento musical para cantar […] [f18va] En la entonacion del organo pierda[n] algo de su derecho los cantores: porque todos digan un mesmo modo.Mayormente se guarde esto en punto de organo: sino quieren que el organo los heche fuera del canto.
Digo, que el tañedor no tan solamente puede començar donde el canto llano tiene su principio: pero deue (para ser tenido por buen tañedor) seguir el canto llano (ahora sea de psalmodia, ahora sea de canturia llana, o de organo) que lleva el choro.