Rudiments de Musique Praticque

Complete title: 
Rudiments de musique praticque, reduits en deux briefs traitctez, le premier contenant les preceptes de la plaine, l’autre de la figurée.
Year (text): 
1554
Editor: 
Nicolas du Chemin
Place: 
Paris
Modern editions: 
Genève: Minkoff Reprint, 1981
Edition used: 
Genève: Minkoff Reprint, 1981

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Alexandre Macedonien iadis excité par l’exemple d’Achiles, estoit tant studieux de Musique, que rien plus il n’approuuoit. Ce cognoissant la Royne des Amazones Talestris, quelque fois apres qu’ils eurent co[n]nenu, luy fit present d’un instrument musical, comme de chose laquelle plus en ce moude il aymoit [...]

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1

Mvsiqve (laquelle est appelée practique) est vn art nous enseignant la maniere de bien chanter. D’icelle sont deux especes, c’est à sçauoir la simple, autrement appellée plain chant (de laquelle p[ar]lerons seuleme[n]t en ce premier traicté) & la figurée, que le vulgaire appelle chose faite (& d’icelle traicterons au seco[n]d) lesquelles sont differente par ce que l’une (sçavoir est la simple) a ses notes quasi toutes de forme, figure, & quantité semblables, esta[n]t proferées sans accroissement, ou diminution aucune. La figurée au contraire a les siennes de diuerse forme, ou figure (dont elle pre[n]d le nom figurée) & selon leur varieté inesgale ce profferent sous diuerse quantité, estant augme[n]tées, ou diminuées selon qu’il est requis en Mode, Temps, & Prolation.

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2

Or combien qu'en-ce elles soient differentes [musiques simple et figurée], il y a toutesfois telle affinité entre elles, que l'une, & l'autre sont fondées sur mesmes principes : desquels le co[m]mun fondeme[n]t est l'eschelle de laquelle quiconques n'a parfaitte cognoissance, il ne peut rien cognoistre en l'art de Musique.

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3

Trois ordres de clefs. BAS. MOYEN. HAVT. Signes des clefs principalles. Lettres des Clefs. Esleuation de voix, selon les Clefs ascendantes. F-fa vt. G-sol-re-vt. A la mi re. B-fa-♮mi. C sol fa vt. D-la-sol-re. E la mi. f-fa-vt. g sol re vt. a-la-mi-re. b fa ♮mi. c-sol-fa-vt. d la sol re. e-la-mi. ff fa vt. gg-sol-re-vt. aa la mi re. bb-fa♮mi. cc sol fa vt. dd-la-sol-re. ee la mi. Depression de voix, selon les clefs descendantes. Deductions du bas ordre, Deductions du moyen ordre, Deductions du haut ordre selon le chant de 1. ♭mol, 2. ♮dur, 3. Nature : vt, re, mi, fa, sol, la.

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1

L’Eschelle est vne constitution de plusieurs lignes & espaces esgalement produits, contenant en soy certains ordres de clefs, & de deductions de voix ordonnées selon trois diuers chants. Et est dicte eschelle par similitude : Car tout ainsi qu’en vne eschelle on peut monter, & deualer de degrés en degrés haut, ou bas selon qu’on veult, aussi de clef en clef, on peut co[m]modement par icelle esleuer, ou abaisser sa voix à son plaisir.

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2

Icelle [l’eschelle] est principaleme[n]t diuisée en deux, sçauoir est en ordres de clefs, & deductions de voix. Et pour autant qu’on ne peut bonnement auoir l’intelligence des clefs (lesquelles sont co[m]posées principaleme[n]t de voix) ne des deductions de voix, sans premierement entendre que c’est que voix. Il sera bon, auant que passer outre, icelles briesuement declairer. Icy donc nous appelons voix, vn son par lequel la vertu des clefs est exprimée, & sont six en tout demonstrées par six sylabes, vt, re, mi, fa, sol, la : Dont les trois premieres (à sçauoir vt, re, mi) sont propres à monter, & trois autres (à sçauoir la, sol, fa) sont propres à deualer. Et pour ce que d’icelles les vnes profere[n]t vn son doux, les autres dur (à l’esgard des douces) les autres mediocres. Aucunes sont appellées Douces : vt, fa, Mediocres ou Naturelles : re, sol, Dures : mi, la.

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1

Pour venir à la premiere partie de l'eschelle comprena[n]t l'ordre des clefs, faut sçauoir que c'est que clef. Clef donc n’est autre chose qu’une composition de lettres, & sylabes (representant voix) nous do[n]nant la premiere cognoissance du chant. Les lettres ne seruent qu’a garder l’ordre entre les sylabes, & icelles conioindre ensemble. Et sont dittes clefs par similitude pour auta[n]t qu’elles nous do[n]nent ouuerture du chant ainsi qu’une clef d’une serrure. Icelles sont diuisées en trois ordres esgaux, sçauoir est en bas, moyen, & haut.

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2

Dont le bas [ordre] est demonstré par lettres capitales, le moyen par petites, & le haut par doubles petites : & ce seulement pour mettre quelque differe[n]ce entre iceux : Lesquels au reste auo[n]s voulu estre du tout semblables, à celle fin de rendre la chose tellement facile, que cognoissant vn ordre on ayt la cognoissance des trois, comprena[n]t chascun ces sept clefs cy, F f ffaut, G g gg sol re vt, A a aa la mi re, B, b bb fa♮mi, C c cc sol fa ut, D d dd la sol re, E e ee la mi.

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3

Entre lesquelles [clefs] faut noter qu’il y en a trois pri[n]cipales signifiées par certai[n] characteres, touiours situés en lignes : par lesquels on peut cognoistre la situation de toutes les autres : Dont l’une est f fa vt du moyen ordre, demo[n]strée par tel charactere (a). L’autre de c sol fa vt du mesme ordre demo[n]strée par tel (b) La troisisme est gg sol re vt du haut ordre demonstrée par tel (c) Et ne sont iamais autre part situées q[ue] co[m]me l’o[n] les voit en l’eschelle. Reigle. S’il aduient aucunesfois qu’il faille mo[n]ter pl[us] haut, ou deualer plus bas, outres les trois ordres de clefs, alors faudra vsurper les voix des octaues.

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1

La seconde partie [de l’eschelle] co[m]prend les deductions ordonnées (comme auons dit) selon trois diuers chants à sçauoir Bmol, ♮ dur, Nature.

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2

Deduction est donc vne conduite de six voix, selon leurs chants & situations propres : & tout ai[n]si qu’il y a trois ordres de clefs, aussi sont trois deductions de voix comprises en chascun ordre : Dont la premiere est du chant de B mol, lequel prend tousiours son origine de l’vt de F f ffa vt estant demonstré par tel charactere b, lequel est ainsi appellé pour ce qu’en quelque lieu qu’il soit mis (qui est proprement en B b bb fa ♮ mi) il demo[n]stre q[ue] illec faut proferer fa, qui est vne voix douce (comme auons dit) à laquelle quand on monte faut faindre, & amolir sa voix ne l’esleuant que de demi ton seulement.

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3

La seconde [deduction] est du chant de ♮ dur, lequel prend tousiours son origine de l’vt de G g gg sol re vt demo[n]stré le plus souuent par la figure d’un b quarré ainsi ♮ (Do[n]t aucuns luy ont do[n]né le nom) aucunesfois par telle xx estant appellée ♮ dur, pour auta[n]t qu’e[n] quelque lieu semblablement qu'elle soit signée (qui est aussi proprement en B b bb fa ♮ mi) elle demonstre qu’il y faut proferer mi, qui est vne voix dure (à l’esgard de fa) à laquelle qua[n]d on monte faut esleuer sa voix d’un ton entier sans aucuneme[n]t la feindre, ou amolir : co[m]me dirons par cy apres.

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4

La troisiesme [deduction] est du chant de Nature, prenant tousiours son origine de l’vt de C c cc sol fa vt, n'estant démo[n]strée par aucun charactere : & est ditte de Nature quasi de neutre, pource qu’elle ne cause ne fa, ne mi, en B b bb fa ♮ mi, car elle ne s’estend iamais iusques la : comme l'on a peu voir en l'eschelle. Reigle. En quelque lieu q[ue] soit co[n]stitué vt en l’eschelillec est le commencement de quelque deduction. Et au contraire, en quelque lieu que soit la, en ce lieu mesme est la fin d’icelle.

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1

De l’entonnement des six voix. Ayant cogneu les parties de l'eschelle à sçauoir l'ordre des clefs, & deductions de voix, il faut en apres sçauoir bien ento[n]ner ces six voix de deduction. Et pour ce co[m]modement faire, faut esleuer, ou abaisser sa voix de to[n] en ton, excepté de mi à fa ou de fa à mi, ou il ne faut qu’u[n] demy to[n].

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2

Il est donc à sçauoir que ton n’est autre chose qu’une distance d’une voix à vne autre par vne seco[n]de parfaitte : laquelle se fait d’une ferme, & non fainte esleuation, ou abaissement de voix : Co[m]me d’vt iusques à re, de re à mi en montant, ou de mi à re, de re à vt en deuallant. Demi ton est vne distance d’une voix à vne autre p[ar] vne seco[n]de imp[ar]faitte, laquelle se fait d’une molle & fainte esleuation, ou abaisseme[n]t de voix de mi à fa, ou de fa à mi, ou bien de la à fa en montant, & de fa à la en descendant quand il ne faut monter que d’un degré par dessus les six voix. Et il ne faut entendre iceluy estre appellé demi ton, co[m]me n’estant que la moitié d’un ton : Car vn ton (Co[m]me dit Macrobe en son second liure Chap. j. sur le songe de Sçipion) selon sa nature ne peut estre diuisé en deux : & pourta[n]t il est dit improprement demi ton pour ce qu’il ne se profere du tout si parfaitement qu’un ton.

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3

Pour donc bien & seurement ento[n]ner ces six voix, faut (co[m]me auons dit) premiereme[n]t sçauoir esleuer & abaisser de ton en ton, ou bien de secondes en seco[n]des : puis de Tierces en tierces, de Quartes en quartes, de Quintes en quintes, finablement de Sextes en sextes.

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4

Icy ie veux bien aduertir que oultre ce qu'auons dit de l'ento[n]nement de mi, ou de la à fa, il y a plusieurs cade[n]ces de dessus (Lesquelles toutesfois se peuuent trouuer en toutes parties) qui ne faut entonner qu’en demi ton, & cela aduient ta[n]t aux entieres (co[m]me la sol la, sol fa sol, re vt re) qu’aux ro[m]pues (co[m]me la sol, sol fa, re vt) lesquelles plusieurs auiourdhuy prude[m]ment signifient par ce signe xx lequel co[m]bien que de figure ne semble estré differe[n]t de l’un de ceux de ♮ dur. Il est toutesfois bie[n] differe[n]t de lieu, car il est mis tousiours dessus, ou dessous la note demo[n]strée par luy : Et celuy de ♮ dur, tousiours encosté senestre.

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5

Reigle. Toutesfois & quantes que par dessus ces six voix s’en trouuera vne seule n’excedante que d’vne seco[n]de, elle s’appellera fa, sa[n]s faire muance, laquelle faudra profferer mollement mesmement sans aucun signe de ♭ mol, porueu que celuy de ♮ dur n’y soit mis.

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1

Des muances. Estant exercé à bien entonner ces six voix, faudra apres sçauoir deualler plus bas, ou mo[n]ter plus haut que icelles : ce qu'on ne peult bonnement faire sa[n]s muance. Pour donc ce mieux ente[n]dre, & pouuoir faire, fault sçauoir que c'est que muance, et co[m]me elle se fait.

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2

Muance (comme disent plusieurs) est vn cha[n]gement d’vne voix pour vne autre en vne mesme clef, pour monter ou deualler d’une deduction en autre, & pourtant elle se fait tant en montant, qu’en deuallant. Pour monter il conuient pre[n]dre re, & pour deualler la, & combien qu’il y aye quelque raison p[our] laquelle on deburoit prendre vt pour monter, aussi bien que la pour deualler : Toutefois puisque l’usage est ainsi receu par tout, ie ne veux pas m’ingerer à rien co[n]tredire en c’est endroit.

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3

Au surplus il fauldra bien regarder quel re, ou quel la, on prendra : Car il fauldra considerer diligemment la deduction en laquelle nous montons, ou deuallons, & prendre le re, ou le la, qui sera du chant de celle en laquelle nous passons : comme si nous mo[n]tons de la deduction de nature en celle de ♮ dur, no[us] ne prendro[n]s le re de G g gg sol re vt, qui est du chant de ♭ mol : mais passans outre, pre[n]drons celuy d'A a aalamire, qui se cha[n]te par ♮ dur : qui est le cha[n]t de la deduction en laquelle nous mo[n]tons. Et pareillement si nous deuallons de la deduction de nature en celle de ♭ mol nous ne pre[n]drons le la d'E e eelami, qui se chante par ♮ dur, mais celuy de D d ddlasolre, qui se chante par ♭ mol qui est le chant de la deduction en laquelle nous deuallons. Et semblablement pour passer de toute deduction en autre, & pour ce commodement faire, faut noter les trois reigles suyuantes.

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4

I Reigle. Iamais proprement ne se fait muance de ♭ mol en ♮ dur, ne de ♮ dur en ♭ mol, mais tousiours de l’un des deux en nature, ou de nature en l’un des deux.

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5

2 Reigle. Pour mo[n]ter de nature en ♮ dur ou de ♭ mol en nature, faut tousiours chanter re apres sol : Et pour monter de ♮ dur en nature, ou de nature en ♭ mol, faut chanter re apres fa.

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6

3 Reigle. Pour desce[n]dre de ♭ mol en nature, ou de nature en ♮ dur, faut tousiours chanter la apres fa : Et pour descendre de ♮ dur en nature, ou de nature en ♭ mol, la apres mi.

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7

Pource que coustumierement on ne marque le signe de ♮ dur en ♭ fa ♮ mi, il conuient noter que l'absence de ♭ mol en ce lieu demonstre tousiours la presence de ♮ dur.

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1

De ♭ mol & ♮ dur situés outre leurs lieux, ou chants propres, Chap. 7.
Pource que souue[n]t il aduient que les signes de ♭ mol, et ♮ dur se trouuent en autres chants que aux leurs propres, il est à noter qu'en quelque lieu que se trouue celuy de ♭ mol (comme parauant auons dit) il emporte tousiours fa, & celuy de ♮ dur mi : & ne s'estendent leur force outre iceluy mi, & fa.

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2

S’il aduient toutesfois qu’il faille trop souuent faindre mi en fa, & que ce soit en B b bb fa ♮ mi, on pourra cha[n]ger le chant de ♮ dur en celuy de ♭ mol, iaçoit que cela semble estre co[n]tre la commune reigle des muances (a) : Si c’est en E e ee la mi, on pourra suiure l’oppinio[n] des anciens, lesquels voyans la chose estre trop moleste faire ainsi tant de faintes, ne faisoint difficulté (apres auoir mué le mi d’E e ee la mi en fa) de proferer en montant sol en F f ffa vt, la en G g gg sol re vt : en descenda[n]t mi en D d dd la sol re, re en C c cc sol fa vt, vt en B b bb fa ♮ mi (b) : lequel chant ils ont appelé faint, l’usurpant pour celuy de nature.

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3

Icy en brief (amy lecteur) tu as les preceptes de Musique plaine communs à Musique figurée : Parquoy ne reste plus qu'a voir ceux lesquels sont propres à la figurée : Au traitté desquels si nous sommes plus prolixes, ne t'esmerueilleras en rien : Considerant la difficulté, & dignité trop plus grande d'icelle requerir de soy plus ample declaration. Fin du premier traitté.