Hymnes de l'Eglise

Complete title: 
Hymnes de l'Eglise pour toucher sur l'orgue, avec les fugues et recherches sur leur plain-chant
Year (text): 
1623
Editor: 
Pierre Ballard
Place: 
Paris
Modern editions: 
Œuvres complètes d'Orgue par Jean Titelouze, transr. Alexandre Guilmant, Paris : Durand, 1896 ; rééd. Mayence, B. Schott's Söhne, 1967
Edition used: 
Œuvres complètes d'Orgue par Jean Titelouze, transr. Alexandre Guilmant, Paris : Durand, 1896 ; rééd. Mayence, B. Schott's Söhne, 1967

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Hymnes de l’Eglise pour toucher sur l’orgue, avec les fugues et recherches sur leur plain-chant.

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1

Je ne pouuois me resoudre de mettre en lumiere ce petit volume sans l'assurance que mes amis me donnent qu'il sera utile a ceux qui desirent de toucher l’Orgue.

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[…] je pratique d’vne façon peut estre nouuelle & a eux [aux esprits pointilleux] inconnuë, non seulement quelques consonnances, ains aussi des dissonnances. Mais […] n’estant mon sujét de traicter maintenant de la Musique pour les en esclaircir, je les renuoye a ceux qui connoissent par raisons le temperament (dont parlent les bons autheurs) qu’il faut donner a l’accord des Orgues, Espinettes, & autres instruments accomplis et pourquoy cela est necessaire ; qui sçavent l’augmentation & alteration des tons majeurs & mineurs, & autres interualles faisans partie du diapason, qui ont l’intelligence de la loy des voix & des instruments, & ils apprendront d’eux que ces interualles temperés peuuent reçeuoir des progrés & transitions que l’on ne donneroit point aux voix : de sorte qu’on peut toucher sur l’Orgue du contre-point meilleur qu’estant chanté, & d’autre aussi au contraire.

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3

Si est-ce que je me suis tenu autant que j’ay peu aux reigles generalles, par ou j’ay reconnu que Glarean & d’autres auoyent raison de dire qu’il faut pour entendre vrayement la musique, que l’on touche & connoisse l’ordre des cordes instrumentales ; comme en effet vn grand musicien de nostre siecle m’a dit mainte-fois qu’il auoit recherché avec affection cette connoissance, & quelle luy auoit esté grandement vtile, mettant par ce moyen a l’essay, seul, & dans le cabinet ses inuentions aussi tost qu’elles estoyent conceües. Le sieur du Caurroy, & d'autres n'en ont pas aussi negligé l'estude, qui leur a esté vn ayde pour arriuer ou ils en sont venus, & pour bien reconnoistre que l'instrument a quelque chose de particulier a cause de son temperament.

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Or ce qui m’a encore d’auantage incité de donner ce petit ouurage au public, a esté de voir des volumes de tablature de toute sorte d’instruments imprimés en nostre France : & qu’il est hors de la souuenance des hommes qu’on en ait imprimé pour l’Orgue, Instrument le plus accomply tant du genre pneumatique que des autres genres, non seulement admirable en sa construction, mais estimable pour son employ, y ayant aparence que Dieu l’ayt fait choisir a son Eglise pour y chanter ses loüanges.

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Outre que nous luy auons encore augmenté sa perfection depuis quelques années, les faisant construire en plusieurs lieux de la France avec deux clauiers separés pour les mains, & un clauier de pedales a l’vnisson des jeux de huict pieds, contenant vingt-huict ou trente tant feintes que marches, pour y toucher la Basse-contre a part, sans la toucher de la main, la Taille sur le second clauier, la Haute-contre & le dessus sur le troisiesme : au moyen dequoy, se peuuent exprimer l’vnisson, la croisée des parties, & mile sortes de figures Musicales que l’on ne pourroit sans cela, dont nous esperons donner vn jour quelque traitté.

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009-010

I’ay donc commencé par ces hymnes qui sont les plus generales pour l'vsage de diuers Dioceses, afin d'accomoder vn chacun, y en ayant dont les chants peuuent estre apliqués a diuers hymnes selon la coustume des Eglises. I’aduoue qu’il seroit a desirer qu’en deux ou trois de ces hymnes les Modes ou tons de l’Eglise y fussent mieux obserués, comme nous ferons en des ouurages libres, mais le plainchant reçeu de long [p10] temps en l'Eglise estant mon sujét, me contraint d’y conformer les fugues & contre-point.

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Vne autre chose altere encore le reglement des Modes, c’est que pour mieux former l’intonation au chœur, l’Organiste fait tenir ordinairement le plainchant à la basse-contre, or s’il est du premier mode, quand la Taille le tient à l’autre vers il est du second : de sorte que voyla l’Autentique & le Plagal en mesme sujét, toutefois cela se faisant en tout lieux & de long temps, je l’ay admis & laissé, pour raison de la facilité & liberté de l’instrument dont la grande estendue du clauier peut assés fournir a la modulation des deux especes, comme aussi a l’esloignement des parties pour estre mieux exprimées.

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La mesure & les accents sont recommandables tant aux voix qu’aux instruments, la mesure reglant le mouuement, & les accents animans le chant des parties. Pour la mesure, le demy cercle sans barre que j’y ay aposé, fait la loy d’alentir le temps & mesure comme de la moytié, qui est aussi vn moyen de facilement toucher les choses les plus dificiles. Pour les accents, la dificulté d’aposer des caracteres a tant de notes qu’il en faudroit m’en a fait raporter au jugement de celuy qui touchera, comme je fais des cadences qui sont communes ainsi que chacun sçait.

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Or d'autant que l’Orgue produit sans difficulté toute sorte d’interualle tant naturels qu’accidentels, j’en ay employé en quelques endroits d’extraordinaires, (bons & suportables pourtant,) afin de donner a cét instrument ce qui est de sa competence, de propres, & hors du commun & mesme apliqué des diezes en des lieux ou je les obmettrois si c’estoit pour les voix, a cause des raisons cy dessus données.

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Comme le Peintre vse d'ombrage en son tableau pour mieux faire paroistre les rayons du jour & de la clairté, aussi nous meslons des dissonnances parmy les consonnances, comme secondes, septiesmes, & leurs repliques, pour faire encore mieux remarqur leur douceur : & ces dissonnances se font ouïr suportables bien apliquées & a propos : l'exemple des bons autheurs le permét bien : mais cela s'authorise beaucoup mieux dans les nombres, ou nous voyons ces dissonnances estre douces & supportables, selon qu’elles sont contenuës & produittes sous raisons & proportions superparticulieres ou superpartientes, aprochantes des racines Harmoniques.

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Salinas dit en parlant de la proportionalité harmonique, produite par l'Arithmetique, que le ton premiere dissonnance entre pour moyen harmonique du Diton, & par conséquent suportable : mais les autres dissonances, comme octaues fausses, quintes superfluës, quarte fausse, & autres dont les proportions confuses sont fort esloignées des principes harmoniques, ne se peuuent suporter ny pratiquer.

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Il ny a que le Triton, & la quinte petite ou imparfaite, que l’vsage a laissé en pratique, non par raison puis qu'ils sont de la qualité de ces irrationnaux : mais estans en l’ordre du Monochorde, & de l’eschelle diatonique composés de ses cordes naturelles, la pratique les a tolerés, & comme laissé glisser dans le contre-point, dont l’vn estoit autre-fois suiuy immediatement de l’Exacorde mineur par mouuement contraire, & l’autre du Diton ou tierce majeure : mais maintenant l'vsage les reçoit sans cette estroite obseruance a raison de la consequente.

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Il ne me semble pas hors de propos de dire quelque chose du Diatessaron ou quarte, pour l'instruction des jeunes curieux, puis que c'est vn point du temps, & qui peut mettre en doute ceux qui ne sont point versés aux nombres. Je diray donc que cette consonnance à esté grandement estimée dans la musique des anciens, aussi nul ne peut douter quelle ne soit par l’ordre numeraire troisiesme consonnance simple, seconde superparticuliere, en raison s'esquitierce, contenant entre ses extremités les trois interualles mineurs de nostre Diatonique, dont peuuent estre formées toutes les consonnances en la diuision duquel Diatessaron mesme, Pitagore & Ptolomée ont estably & constitué les gonds de la sçience (bien que de diuerse opinion en la construction de leur Monochorde,) parce qu’en cette consonnance se fait la distinction des genres, & que l’antiquité a constitué toute sa Musique par Tetracordes qui sont la mesme quarte. D'auantage elle est par le mesme ordre des nombres au milieu des consonnances simples, en ayant deux dessus soy, & deux dessous.

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Ie sçay bien qu'elle [la quarte] a esté tenuë long temps comme pour dissonnance par les praticiens, ainsi que disent Zarlin & d'autres : mais les anciens l'ayant reçeuë, les nombres l'aprouuant, & ceux qui touchent l’Orgue, le Luth, la viole, estant [p11] contraints de la juger plus douce (comme elle est) que ny les tierces ny les sextes, nous sommes aussi obligés d’en vser. Surquoy il est donc a regreter que sans raison les musiciens de nostre siecle l'ont ainsi negligée de l’auoir rangée au nombre des dissonnances, & d’autres de ne l’auoir pratiquée que soustenue (comme ils disoyent) d’vne autre consonne, sinon que depuis vingt-cinq ans ou environ nous la pratiquons en la diuision harmonique de l’exacorde majeur, & l’vnziesme sa replique diuisée par le mesme exachorde vers la partie graue, & encore l’une & l’autre en diuision Aritmetique par forme de cadence : au moyen dequoy nous trouuons des figures musicales toute nouuelles : aussi obseruons nous de n’en faire deux consecutiues de notes dominantes au contre-point. Comme quand l’on prend de deux minimes, ou semi-minimes, laquelle l’on veut pour la dominante (ancienne liberté acquise aux musiciens) l’vne de ces deux ne dominant pas en l’harmonie ne peut causer deux quartes : par ce mesme moyen la dissonnance passe pour consonnance, comme l’on voit dans les œuvres de tous nos bons autheurs. Pareillement le triton deuant ou apres la quarte ne peut aussi causer deux quartes.

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Donc la pratique de ce Diatessaron nous donne vn grand aduantage sur les autres nations, qui negligeans sa bonté dont mesme se plaignent leurs Theoriciens, ils ostent a la musique vne des belles parties de sa perfection. Et bien qu'à grand tort plusieurs de leurs musiciens mesprisent la Musique de France, comme sçavent ceux qui ont voyagé : ils doyuent pourtant confesser qu’avec plusieurs autres aduantages elle à celuy-cy particulier sur leurs ouurages.

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Auant que de conclure je veux aduertir le Lecteur de trois ou quatres particularités. Premierement que pour toucher deux parties de chasque main, j’ay employé en quelques lieux la dixiesme par ce qu’il y a peu d’Organistes qui ne la prennent ou ne la doyuent prendre. S'il s'en trouue qui ayent la main trop petite, j’ay fait aposer des guidons & renuois pour donner a entendre qu’vne main peut secourir l’autre. Ces estenduës se font afin que la modulation des parties interieures & exterieures soit mieux exprimée, lesquelles parties l’on pourroit, non seulement extraire, mais aussi les chanter parce qu’ils ont leurs chants distingués & leurs pauses.

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Pour la longueur des vers qui traitent les fugues, je ne pouuois les rendre plus courts, y ayant trois ou quatre fugues repetées par toutes les parties sur le sujét : mais pour s’acommoder au chœur, l’on pourra finir a quelque periode vers le milieu, dont j'en ay marqué quelques vns pour seruir d'exemple. I'aduertis aussi qu'il y a des notes qui ont vn point esloigné de leur caractere que je n’employe que pour vn quart de leur valeur ; c’est pour sauuer vne note & vne liayson qu'il faudroit pour le signifier : aussi ce point est en vn lieu ou il ne peut valoir d’auantage. Adieu.